Israël-Hamas : l’Egypte se défend d'empêcher l’accès à l’aide humanitaire aux Gazaouis

Le président égyptien a affirmé, ce mercredi, qu'il n'avait « pas fermé le terminal de Rafah » vers Gaza, unique porte contrôlée par l'Egypte et qui doit permettre l'accès à l'aide humanitaire vers Gaza.
Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé mercredi que son pays n'avait « pas fermé le terminal de Rafah ».
Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé mercredi que son pays n'avait « pas fermé le terminal de Rafah ». (Crédits : POOL New)

Accusé d'avoir fermé sa frontière avec Gaza et de ne pas laisser entrer les habitants fuyant la guerre sur son territoire, l'Egypte a pris la parole pour se défendre. En recevant le chancelier allemand Olaf Scholz au Caire, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé mercredi que son pays n'a « pas fermé le terminal de Rafah » vers Gaza. Il a également précisé que l'aide humanitaire n'entre pas dans le territoire palestinien à cause « des bombardements israéliens ».

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Depuis des jours, des centaines de camions sont bloqués dans le désert égyptien du Sinaï, faute d'un passage vers les 2,4 millions de Gazaouis alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme désormais qu'à « chaque seconde où nous attendons l'aide médicale, nous perdons des vies ». Olaf Scholz a d'ailleurs expliqué être venu en Egypte pour « travailler à avoir un accès humanitaire à Gaza au plus vite ».

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Les Gazaouis voulant fuir la guerre bloqués à la frontière

Pour rappel, Gaza est encerclée par l'armée israélienne et pilonnée par des frappes depuis onze jours - faisant pour le moment plus de 3.000 morts du côté palestinien. Ceci en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien ayant fait plus de 1.300 de morts civils et 150 otages, menacés désormais d'exécutions par le groupe terroriste. Ces derniers jours, l'armée israélienne a appelé les Gazaouis à quitter le territoire pour fuir vers le sud et la frontière égyptienne, laissant entendre qu'une opération militaire au sol pourrait avoir lieu prochainement.

Mais depuis cet appel à la fuite, le poste frontière de Rafah, situé entre l'Égypte et la bande de Gaza, l'une des seules voies de sortie de l'enclave, est resté fermé. L'Egypte se retrouve devant un dilemme. Si le pays laisse entrer les camions humanitaires vers Gaza et laisse sortir les Palestiniens, il prend le risque qu'Israël leur interdise tout retour. De l'autre côté, fermer l'unique ouverture sur le monde des Gazaouis, c'est les laisser sous les raids aériens et les tirs d'artillerie ininterrompus.

Du côté du Hamas, son chef Ismaïl Haniyeh, a dit refuser samedi le « déplacement » des Palestiniens, tout en accusant Israël de « crimes de guerre » à Gaza. En réponse,  la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock avait accusé le groupe terroriste d'utiliser la population comme un « bouclier ».

L'Egypte se positionne contre l'évacuation de Gaza

Si Abdel Fattah al-Sissi affirme ne pas avoir fermé le terminal de Rafah, il soutient encore et toujours son opposition à l'évacuation des Gazaouis. Pousser les Palestiniens à quitter leur terre est « une façon d'en finir avec la cause palestinienne aux dépens des pays voisins », a-t-il lancé.

« L'idée de forcer les Gazaouis à se déplacer vers l'Egypte mènera à un déplacement similaire des Palestiniens de Cisjordanie », territoire occupé par Israël, « et cela rendra impossible l'établissement d'un Etat de Palestine », a-t-il poursuivi.

Et « si je demande au peuple égyptien de sortir dans les rues, ils seront des millions pour soutenir la position de l'Egypte », a-t-il encore prévenu, évoquant également « l'opinion arabe et l'opinion musulmane » sensibles à « la cause palestinienne qui est la plus grande des causes ».

A la question de créer de nouveaux réfugiés palestiniens, qui sont déjà près de six millions dans le monde depuis la création en 1948 d'Israël, s'ajoute pour l'Egypte la question sécuritaire. « En déplaçant les Palestiniens dans le Sinaï, on déplace la résistance et le combat en Egypte », a-t-il dit. Et si des attaques sont lancées depuis son sol, « Israël aura alors le droit de se défendre (...) et frappera le sol égyptien », a-t-il prévenu. Alors, la paix signée entre Israël et l'Egypte en 1979 (faisant du Caire le premier pays arabe à reconnaître Israël et donc l'un des plus grands bénéficiaires de l'aide militaire américaine) « va fondre entre nos mains », a ajouté le président égyptien.

Récemment, l'ancien vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Daniel Ayalon, avait appelé l'Egypte à « jouer le jeu » et à installer des camps de tentes pour accueillir « temporairement » les Palestiniens dans le Sinaï, affirmant qu'il y avait « un espace presque infini ». « Si l'idée, c'est le déplacement forcé, il y a le Negev », un désert du sud d'Israël, a répondu mercredi le président égyptien. « Et Israël pourra les renvoyer ensuite (à Gaza) s'il le veut ».

(Avec AFP)

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