Guerre en Ukraine : le blocage de l'aide américaine pèse sur le front, l'armée manque de munitions

L'aide américaine en faveur de l'Ukraine est toujours bloquée au Congrès. Une entrave qui a un « impact » sur le front, selon le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. L'armée ukrainienne fait face à une situation « extrêmement complexe » selon son chef, particulièrement à l'Est dans les zones d'Avdiïvka et de Koupiansk, où elle manque notamment d'armes.
Des soldats ukrainiens pres d'Avdiivka, l'un des points les plus chauds du front Est de l'Ukraine.
Des soldats ukrainiens pres d'Avdiivka, l'un des points les plus chauds du front Est de l'Ukraine. (Crédits : VIACHESLAV RATYNSKYI)

L'armée ukrainienne lutte depuis bientôt deux ans sur son sol contre l'invasion de la Russie. Si le pays bénéficie de l'aide des pays occidentaux depuis les débuts de cette guerre, il ne cesse de réclamer ces dernières semaines une accélération des livraisons promises par ces alliés. Et, d'après la Maison Blanche, commence à pâtir d'un manque de munitions.

Les Ukrainiens « vont se trouver dans une position moins solide s'ils ne reçoivent pas les munitions, les systèmes de défense anti-aérienne et les autres équipements dont ils ont besoin », a affirmé le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, ce mercredi 14 février.

Ce proche conseiller du président américain Joe Biden appelle donc le Congrès américain à voter « rapidement » une nouvelle aide pour l'Ukraine. « Chaque jour qui passe, le coût de l'inaction des États-Unis augmente pour les courageux Ukrainiens sur le front », a-t-il regretté.

« Nous voyons déjà l'impact du fait que les États-Unis n'aient pas été capables de prendre une décision », a appuyé ce jeudi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, interrogé sur le manque de munitions des forces ukrainiennes, à son arrivée au siège de l'Alliance à Bruxelles pour une réunion des ministres de la Défense. « Mais je m'attends à ce que les États-Unis prennent une décision et que le Congrès (...) se mette d'accord pour aider l'Ukraine », a-t-il ajouté.

60 milliards en stand-by

Pour rappel, une aide de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Taïwan et Israël - dont 60 milliards destinés à Kiev - promise par les États-Unis depuis des mois, est toujours bloquée au Congrès en raison d'un veto d'élus républicains trumpistes. Le Sénat a validé cette nouvelle enveloppe mais son adoption finale dépend des partisans de l'ancien président républicain à la Chambre des représentants, qui refusent en l'état d'examiner le texte.

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« Si nous laissons le président (russe Vladimir) Poutine gagner, ce sera non seulement mauvais pour les Ukrainiens, une tragédie pour les Ukrainiens, mais ce sera aussi dangereux pour nous. Cela rendra le monde encore plus dangereux et cela nous rendra plus vulnérable », a assuré Jens Stoltenberg.

Ce blocage, au-delà de la discussion parlementaire, résulte d'un bras de fer entre le président américain Joe Biden et son prédécesseur républicain Donald Trump, tous deux candidats à la présidentielle de novembre. « Je le dis aux républicains de la Chambre : vous devez choisir. Allez-vous défendre la liberté ou prendre le parti de la terreur et de la tyrannie ? Serez-vous avec l'Ukraine ou avec Poutine ? Choisirez-vous l'Amérique ou Trump ? », avait demandé mardi Joe Biden, en référence à l'influence de son rival sur les élus conservateurs au Congrès.

Les alliés européens multiplient les mesures

A contrario, sur le continent européen, le soutien à l'Ukraine bouge. Le Royaume-Uni a annoncé ce jeudi qu'il allait copiloter avec la Lettonie une coalition de pays chargée d'organiser la livraison à l'Ukraine de milliers de drones face à l'invasion russe. Dans ce cadre, il va organiser la production, y compris par des industriels britanniques, de drones « à grande échelle et à des prix abordables », a précisé le ministre de la Défense dans un communiqué. L'objectif est de produire notamment des drones FPV (First person view en anglais, soit « pilotage en immersion »), « qui se sont révélés très efficaces sur le terrain depuis l'invasion d'ampleur lancée par la Russie », précise Londres. Munis de casques de réalité virtuelle, leurs pilotes peuvent ainsi voir les images du terrain en direct comme s'il était directement à bord.

À l'occasion d'une réunion de l'Otan ce jeudi, un accord doit être pris sur deux programmes visant à augmenter la production de munitions et de missiles pour regarnir les stocks occidentaux et augmenter l'aide à l'Ukraine. Et vendredi, les présidents français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky vont signer à l'Elysée un accord de sécurité entre les deux pays, a annoncé la présidence française. Cet engagement peut porter sur l'octroi d'équipements militaires modernes, interopérables avec ceux de l'Otan, la formation de soldats ukrainiens ou le renforcement de l'industrie de défense ukrainienne.

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Sur le front, « l'enfer » de l'Est

Un soutien plus que bienvenu étant donné que l'armée ukrainienne fait face à une situation « extrêmement complexe » sur le front, comme a pu le constater le nouveau commandant en chef ukrainien Oleksandre Syrsky. Ce dernier a été promu à la tête des armées la semaine dernière, après avoir longuement commandé les opérations militaires de Kiev dans l'Est, sur volonté du président Volodymyr Zelensky qui réclame des « changements » après l'échec de la contre-offensive ukrainienne de l'été 2023. Il s'est rendu ce mercredi dans les zones d'Avdiïvka et de Koupiansk, deux des points les plus chauds du front Est, avec le ministre de la Défense, Roustem Oumerov.

L'ampleur de la tâche pour reprendre les près de 20% de territoire occupé par Moscou s'avère immense. « Les occupants russes continuent d'augmenter leurs efforts et dépassent en nombre » les forces ukrainiennes, a déclaré le général Syrsky sur Telegram, l'Ukraine peinant à regarnir les rangs de son armée. « Nous faisons tout notre possible pour empêcher l'ennemi d'avancer sur notre territoire et pour tenir nos positions », a-t-il souligné, reconnaissant que ses forces souffraient pour contenir les multiples assauts russes dans l'Est.

Depuis octobre, les forces russes mènent des assauts et bombardements massifs pour conquérir Avdiïvka, où la position des défenseurs ukrainiens s'est dégradée depuis janvier. Le maire de la ville, Vitaly Barabach, a d'ailleurs récemment évoqué une situation « critique » dans certains quartiers. Si bien que, ce jeudi, une brigade d'assaut de l'armée ukrainienne y a été « urgemment redéployée » en renfort, a indiqué cette unité sur Telegram dans un message titré « l'enfer d'Avdiïvka ».

Kiev peut néanmoins se targuer de continuer à faire souffrir la flotte russe en mer Noire. L'armée ukrainienne y a revendiqué ce mercredi la destruction d'un énième navire. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué une attaque qui a « renforcé la sécurité dans la mer Noire et la motivation de notre peuple ». Même l'Otan s'est félicité des « lourdes pertes » infligées en mer à la Russie, y voyant « un grand succès » des forces ukrainiennes.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 16/02/2024 à 1:31
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Même si la situation n'est pas facile, c'est à relativiser. Avdiivka est une ville moyenne (35.000 habitants avant la guerre), elle est mi- encerclée depuis le début de la guerre car très proche à la ligne des combats déjà en 2014. Ainsi, après presq...

à écrit le 16/02/2024 à 0:58
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Sans armes pas de guerre mais de la diplomatie, à croire que cette option personne n'en voulait jusqu'à maintenant. Biden est il en train de calmer les conflits ? En ne donnant plus d'armes à l'Ukraine, en tançant bibi d'Israël, qui massacre femmes e...

à écrit le 15/02/2024 à 12:15
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Il faut arrêter d'alimenter le brasier en Ukraine, et négocier avec la Russie

le 15/02/2024 à 13:01
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il y beaucoup de volontaire en france donc un nombre important de journaliste puis parmi les comedien qui sont de gauche et qui ont fayoter avec la russie pendant pres d'un siecle eux propose de la chair a canon alors qu'ils nous montre l'exemple a...

le 15/02/2024 à 15:36
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Charlie, vous avez évidemment raison, mais pour arriver à cette conclusion, il ne faut pas avoir d'intérêt à alimenter la guerre, avoir du bon sens ou quelques neurones encore en fonctionnement (ce qui n'est n'est pas tout à fait le cas de @Ludwig qu...

le 15/02/2024 à 23:46
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Négocier avec la Russie? Lol vous ne connaissez rien à ce pays , son histoire et son peuple … réaction typiquement d’ occidental et culturellement ego- centré , enfermé dans sa bulle et ses certitudes . Le pouvoir Russe et surtout Poutine Russie né...

le 16/02/2024 à 1:18
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@Charlie et @Christophe-34: Négocier avec Poutine, sérieusement? a). Sur quelle base? La base de Poutine est bien connue: ce qu'on a occupé, est à nous, le reste n'est pas à nous pour l'instant, mais ils doivent se comporter comme nous demandons. Don...

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