Guerre en Ukraine : les infrastructures électriques à nouveau massivement bombardées par la Russie

Selon le ministre ukrainien de l'Énergie, ces dernières semaines, les frappes russes ont visé 80% des centrales thermiques ukrainiennes et la moitié des centrales hydroélectriques. Les autorités alertent de nouveau sur les conséquences désastreuses de ce type d'attaques.
Selon le ministre ukrainien de l'Energie, « l'échelle et l'impact » de cette nouvelle vague d'attaques « sont bien plus importants » que ceux de la campagne conduite par Moscou pendant l'hiver 2023.
Selon le ministre ukrainien de l'Energie, « l'échelle et l'impact » de cette nouvelle vague d'attaques « sont bien plus importants » que ceux de la campagne conduite par Moscou pendant l'hiver 2023. (Crédits : ALINA SMUTKO)

Les infrastructures énergétiques ukrainiennes sont de nouveau en alerte. Selon le ministre ukrainien de l'Énergie, ces dernières semaines, les frappes russes ont visé 80% des centrales thermiques ukrainiennes et la moitié des centrales hydroélectriques. Celui-ci va même jusqu'à dire qu'il s'agit de « la plus grande attaque » contre le secteur énergétique du pays.

« On peut dire que jusqu'à 80% des centrales thermiques ont été attaquées, plus de la moitié des centrales hydroélectriques. Et un grand nombre de stations relais » de transmission électrique, a ainsi déclaré le ministre Guerman Galouchtchenko, lors d'une conférence de presse.

Le service de presse du ministère a précisé à l'AFP que les centrales thermiques avaient été « endommagées » par ces frappes sans cependant être en mesure de préciser le niveau de dégâts occasionnés. « Il s'agit de la plus grande attaque contre le secteur énergétique ukrainien », a-t-il ajouté. Le service fait référence à cette vague de frappes qui se poursuit presque quotidiennement, et a notamment provoqué de longues coupures de courant à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.

Des attaques à l'impact plus important

Selon le ministre ukrainien de l'Énergie, « l'échelle et l'impact » de cette nouvelle vague d'attaques « sont bien plus importants » que ceux de la campagne conduite par Moscou pendant l'hiver dernier, quand des millions d'Ukrainiens avaient été privés d'électricité et de chauffage par des températures glaciales. Il a souligné que l'armée russe avait modifié les drones et missiles utilisés pour ces bombardements, les rendant « encore plus dangereux ». Lors d'un autre point d'étape fin mars, le ministre ukrainien de l'Énergie avait estimé les dégâts infligés par cette dernière vague d'attaques à plusieurs « milliards » de dollars.

Encore plus intenses que l'hiver précédent, ces attaques russes ont « endommagé toute une série d'infrastructures importantes », notamment des centrales thermiques et hydroélectriques, a précisé, lors d'une conférence de presse jeudi dernier, Volodymyr Koudrytsky, président d'Ukrenergo, la compagnie nationale d'électricité ukrainienne.

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Lors de son point, le haut cadre a rappelé que le 22 mars, des frappes avaient entraîné des coupures de courant massives à travers l'Ukraine, plongeant dans le noir Kharkiv (est), la deuxième ville du pays. Là-bas, la situation demeure toujours « difficile » et des restrictions sur la consommation d'électricité sont toujours appliquées. Et depuis, les attaques de missiles ou de drones kamikazes russes ont été « quotidiennes » avec des degrés de gravité variés, a précisé le dirigeant d'Ukrenergo.

Selon lui, mercredi dernier, la Russie a « pour la première fois ciblé » une centrale solaire dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), alors que l'Ukraine utilise l'énergie produite par ce genre d'installations pour compenser ses pertes causées par les récentes attaques. Face aux frappes incessantes, « il sera assez difficile de réparer indéfiniment les centrales électriques endommagées », généralement construites dans les années 1960 ou 1970, a alerté Volodymyr Koudrytsky.

« Décentraliser » les infrastructures pour mieux les protéger

Lors de sa conférence de presse jeudi dernier, le président d'Ukrenergo a aussi affirmé que la « seule façon durable » de protéger le système énergétique ukrainien des frappes russes est de « décentraliser » la production en construisant de nombreuses petites centrales, fonctionnant avec l'énergie renouvelable et placées autour des grandes villes.

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« Au lieu d'avoir 15 ou 20 grandes centrales, il nous faudra construire des centaines de petites », que la Russie aurait plus de mal à détruire en raison d'un nombre limité de missiles dont elle dispose, a estimé le dirigeant. Dans un pays au budget drainé par les dépenses de guerre, les autorités tablent sur des « investisseurs privés » pour construire ces petites centrales, a aussi dit Volodymyr Koudrytsky.

L'Ukraine, qui a été obligée de renforcer ses importations d'électricité à cause des frappes récentes, réclame également à ses alliés davantage de systèmes de défense aérienne pour mieux protéger ses infrastructures essentielles.

Avant la guerre, une production électrique à l'équilibre

Pour rappel, avant l'invasion russe lancée en février 2022, la production d'électricité en Ukraine était relativement équilibrée entre les centrales thermiques fonctionnant avec du charbon et du gaz et les centrales nucléaires, avec un pourcentage plus faible d'hydroélectricité.

Clef dans le mix énergétique du pays, la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), plus grande d'Europe, est désormais occupée par la Russie depuis le début de la guerre. Elle ne produit plus d'électricité, ce qui handicape l'Ukraine.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 09/04/2024 à 11:33
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Et si les ukrainiens arrêtaient d’envoyer des drones s’écraser sur la centrale de Zaporijja? Peut-être les russes seraient-fils moins enclin à riposter? Et pour la production électrique "à l’équilibre » avant ce conflit, on rappellera tout de même qu...

à écrit le 09/04/2024 à 3:57
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Si la Russie gagne cette guerre et soumet une partie voire la totalité du pays 1 nous n'aurons pas à payer pour la reconstruction de ce pays et 2 l'Ukraine n'entrera pas dans l'UE et la Moldavie non plus. Il y a donc un énorme avantage à la victoire...

à écrit le 08/04/2024 à 19:58
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"Les autorités alertent de nouveau sur les conséquences désastreuses de ce type d'attaques." Trop dur pour les bourgeois de Kiev, ils ne pourront plus chauffer leur piscine et allumer leur climatiseur cet été... Néanmoins qu'ils se rassurent,...

à écrit le 08/04/2024 à 19:06
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No problemo avec l'accord que la France a signé avec l'Ukraine et valable jusqu'au 16 février 2034, puisqu'il comprend le domaine civil: "la France continuera à porter une assistance humanitaire à la population ukrainienne et participera à la relance...

à écrit le 08/04/2024 à 18:48
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Les Russes sont peu capables de toucher l'infrastructure militaire ou du oublié usage d l'Ukraine, donc, ils bombardent l'infrastructure civile. Heureusement que c'est l'été. Il n'y a pas de recette miracle. Il faut leur donner plus de défense anti-a...

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