Fraîchement nommé ce lundi ministre des Affaires étrangères, David Cameron a choisi l'Ukraine pour son premier voyage à l'étranger. « Je voulais que ce soit ma première visite », a-t-il déclaré. Il s'est rendu à Kiev où il a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
« Ce que je veux dire en étant ici, c'est que nous continuerons à vous apporter le soutien moral, diplomatique, économique, mais surtout militaire, dont vous avez besoin non seulement cette année, et l'année prochaine, mais aussi pendant tout le temps qu'il faudra », a assuré le responsable Britannique.
Les négociations entre l'Ukraine et la délégation britannique ont porté sur des livraisons d' « armes pour la ligne de front, le renforcement de la défense aérienne, la protection de notre population et de nos infrastructures essentielles », a ajouté le président ukrainien sur Telegram.
L'Ukraine craint la lassitude de ses alliés
L'Ukraine plaide pour que l'assistance massive de l'Europe et des États-Unis se poursuive et pour que la lassitude ne prenne pas le dessus après deux ans de guerre, au moment où en Occident des voix s'élèvent pour réclamer la réduction du soutien à Kiev face à l'invasion russe.
Le président Zelensky a d'ailleurs remercié David Cameron pour sa visite, d'autant que l'attention des puissances occidentales se concentre plus uniquement sur l'Ukraine depuis le début il y a plus d'un mois de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas.
« Merci d'être venu, c'est très important. Vous savez que le monde ne se concentre pas sur la situation sur le champ de bataille en Ukraine (...) à cause de la crise au Moyen-Orient », a souligné Volodymyr Zelensky.
Les ministres de la Défense des Vingt-Sept ont toutefois, et une nouvelle fois, réaffirmé leur engagement à soutenir Kiev, lors d'une réunion ce mardi. Mais la question des moyens, et du rythme de l'aide européenne, était au cœur de tous les échanges. « Nous faisons beaucoup, mais tout le monde est d'accord pour dire que nous devons faire plus et plus vite », a toutefois indiqué le patron de la diplomatie européenne Josep Borrell.
L'UE toujours mobilisée
Reste que, malgré les bonnes intentions, les objectifs affichés risquent bien de ne pas être atteints. Sans détours mardi, l'Allemagne a reconnu que l'UE ne serait pas en mesure de livrer un million de munitions à l'Ukraine avant le printemps, comme elle s'y était engagée. L'Union européenne a fourni jusqu'à présent à quelque 300.000 munitions d'artillerie à l'Ukraine en ayant recours à ses stocks, mais ils sont désormais épuisés.
Il faut donc produire pour atteindre cet objectif. Or, quelque 40% de la production européenne est destinée à l'exportation vers une trentaine de pays autres que l'Ukraine, a relevé Josep Borrell. « Ce que nous devons faire, c'est essayer de détourner cette production vers (notre) priorité qui est l'Ukraine, cela représenterait un changement considérable », a-t-il expliqué.
Selon Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, la capacité de production européenne a augmenté « de près de 20 à 30% » depuis février. Et l'objectif de produire plus d'un million de munitions par an sera atteint au printemps. Cependant, a-t-il ajouté, il appartient maintenant aux États membres de passer les commandes et les retards s'accumulent en dépit de plusieurs contrats passés récemment.
Des besoins toujours colossaux
L'union européenne a déjà dépensé quelque 27 milliards d'euros en aide militaire à l'Ukraine depuis son invasion par la Russie. Mais les besoins de l'armée ukrainienne sont énormes. Kiev a notamment besoin de trois millions de munitions par an quand l'UE en produit actuellement 600 à 700.000, voire un million l'an prochain, selon le ministre estonien de la Défense.
Le patron de la diplomatie européenne a proposé en juillet un fonds doté de 20 milliards d'euros sur quatre ans pour faciliter la fourniture d'armes à l'Ukraine. Mais plusieurs États membres rechignent à s'engager sur ce montant. L'Allemagne notamment, qui a annoncé la semaine dernière doubler à huit milliards d'euros sa contribution à l'Ukraine, est réticente à augmenter le pot commun des Européens. Josep Borrell a en tout cas indiqué qu'il présenterait avant la fin du mois un plan révisé des objectifs européens en matière de soutien à l'Ukraine, avant un sommet des Vingt-Sept prévu mi-décembre.
(Avec AFP)