Hausse des taux : la Fed pourrait frapper très fort cette fois-ci

La Réserve fédérale américaine doit dévoiler ce mercredi une nouvelle hausse des taux directeurs. Mais, selon les économistes et les marchés, celle-ci pourrait être encore plus forte qu'attendue dans un contexte d'inflation galopante. Après avoir tardé à prendre la mesure de l'inflation, la Fed joue sa crédibilité dans la maîtrise de la hausse des prix mais doit aussi éviter de casser brutalement la croissance.
Jerome Powell, le patron de la Fed.
Jerome Powell, le patron de la Fed. (Crédits : Reuters)

Quelle hausse de ses taux directeurs la Fed va-t-elle décider pour juguler l'inflation ? Rarement une réunion de la Réserve fédérale américaine aura été aussi attendue. La question agite les marchés et les milieux économiques. Il pourrait s'agir ce mercredi de la plus forte hausse des taux directeurs de la Fed depuis 1994, afin de lutter contre l'inflation qui ne faiblit pas. La décision sera annoncée à Washington ce mercredi à 14 h (20 h, heure de Paris) à l'issue de la réunion, qui sera suivie par une conférence de presse du président de l'institution, Jerome Powell.

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La hausse des prix de gros continue d'accélérer

Il y a encore quelques jours, une hausse d'un demi-point de pourcentage semblait prévisible. Mais les chiffres de l'inflation en mai, publiés vendredi, ont changé la donne: la hausse des prix n'a pas ralenti, comme en avril. Elle a même atteint un niveau inédit en 40 ans, à 8,6% sur un an.

La hausse des prix de gros aux Etats-Unis a également accéléré en mai sur un mois, à cause majoritairement des prix de l'énergie, baissant toutefois un peu sur un an, selon l'indice des prix à la production (PPI) publié mardi, qui mesure l'inflation côté fabricants et vendeurs. Les prix ont augmenté de 0,8% sur un mois, contre 0,4% en avril, et sur un an de 10,8% contre 10,9%.

Les marchés s'attendent à ce que la Fed frappe fort

Les marchés et certains économistes estiment donc que les taux pourraient, eux aussi, augmenter plus fort que prévu, pas seulement d'un demi-point de pourcentage (ou 50 points de base) comme attendu, mais bien de trois quarts de point (75 points de base). Cela représenterait la hausse des taux directeurs la plus forte depuis plus de 27 ans.

Les taux directeurs, qui se situent actuellement dans une fourchette de 0,75% à 1,00%, vont connaître la troisième augmentation d'affilée. La Fed a commencé à relever ses taux pour ralentir la demande, d'abord d'un quart de point de pourcentage en mars, puis d'un demi-point le 4 mai.

Juguler l'inflation sans casser la croissance

La Fed se démène d'autant plus pour juguler l'inflation qu'elle a manqué d'anticipation sur le sujet. Ses responsables ont longtemps cru à une hausse des prix temporaire. "Avec le recul, (...) il aurait sans doute mieux valu relever les taux plus tôt", avait reconnu Jerome Powell le mois dernier, lors d'une interview au Wall Street Journal.

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La Banque centrale doit toutefois éviter, en ralentissant volontairement l'économie, de ne pas provoquer une récession. Jerome Powell avait déclaré le mois dernier qu'il fallait de la croissance, mais pas trop, pour juguler l'inflation. Il avait aussi souligné que cela pourrait signifier par une légère remontée du chômage.

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La BCE prête à protéger les dettes souveraines

La Banque centrale européenne "ne tolèrera" aucune hausse injustifiée des coûts d'emprunt des pays les plus endettés de la zone euro et y répondra, si nécessaire, par de "nouveaux instruments" de soutien monétaire, a assuré mardi une haute responsable de l'institution.

"Il ne fait aucun doute que, si et quand cela est nécessaire, nous pouvons et nous allons concevoir et déployer de nouveaux instruments pour assurer la transmission de la politique monétaire et donc notre mandat principal de stabilité des prix", a déclaré Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un discours prononcé à Paris.

"Nous ne tolérerons pas de changements dans les conditions de financement qui vont au-delà des facteurs fondamentaux" des pays de la zone euro qui verraient leurs coûts d'emprunt s'envoler, a-t-elle ajouté. La BCE a annoncé la semaine dernière son intention d'entamer en juillet un cycle de hausse de ses taux directeurs pour combattre l'inflation.

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(avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/06/2022 à 13:48
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Si vous augmentez trop fort en une seule fois un taux directeur, le report sur l'augmentation des taux d'emprunts peut ne pas "complètement" limiter l'inflation des prix dans les biens et services à faibles valeurs ajoutées. L'effet limitateur d'infl...

à écrit le 15/06/2022 à 9:28
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La FED a subit des pressions du gouvernement américain Biden pour ne pas remonter ses taux : Résultat, elle les remonte plus tard, plus fort, en catastrophe. On n'a fait que retarder la crise, mais elle sera bien là, et plus forte encore

le 16/06/2022 à 0:21
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Jerome Powerless ne fait rien et ne fera rien car il n'a pas été élu mais nommé par Biden dont les ambitions socialistes sont financées à découvert...

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