Houthis en mer Rouge : un navire essuie l'attaque de deux missiles

Depuis le mois de novembre, les rebelles yéménites houthis multiplient les attaques de navires commerciaux en mer Rouge, conduisant à une véritable réorganisation du trafic maritime mondial. Les Etats-Unis ont annoncé dimanche avoir mené la veille de nouvelles frappes contre des positions des rebelles.
Environ 12% du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l'accès au sud de la mer Rouge (Photo d'illustration).
Environ 12% du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l'accès au sud de la mer Rouge (Photo d'illustration). (Crédits : © Mass Communication)

[Article publié le lundi 12 février 2024 à 07h58 et mis à jour à 10h23] Un navire a été attaqué au large des côtes méridionales du Yémen ce lundi, ont indiqué deux agences britanniques de sécurité maritime. Dans le détail, l'incident s'est produit dans une zone où les rebelles houthis du Yémen ont attaqué à plusieurs reprises les navires de la mer Rouge au cours des derniers mois, a déclaré la United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO).

« L'équipage est sain et sauf et le navire se dirige vers son prochain port d'escale », a-t-elle souligné, précisant que l'incident avait eu lieu avant 4 heures (1h00 GMT).

Une autre agence de sécurité, Ambrey, a indiqué que le vraquier qui bat pavillon des îles Marshall, « visé par des missiles dans deux incidents séparés », a été touché et a subi des dommages.

Le propriétaire du groupe et exploitant du vraquier visé lundi échange régulièrement des marchandises avec l'Iran, « cela a donc été considéré comme la destination probable », a déclaré Ambrey. « Le groupe propriétaire du vraquier était également coté à la bourse de New York, ce qui a été identifié comme la raison probable de l'attaque », a ajouté la même source.

« Les forces navales des forces armées yéménites ont visé le navire américain Star Iris en mer Rouge avec un certain nombre de missiles navals (...), et les frappes ont été précises et directes », a indiqué le porte-parole des Houthis, quelques heures plus tard, Yahya Saree, même s'il n'était pas immédiatement clair qu'il s'agisse du même incident.

Les Houthis « n'hésiteront pas à mener davantage d'opérations en représailles aux crimes sionistes contre nos frères dans la bande de Gaza, ainsi qu'en réponse à l'agression américano-britannique en cours contre notre cher pays ».

Des répercussions en chaîne

Depuis novembre, les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, ont lancé des dizaines d'attaques. Ils prétendent viser les navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden qu'ils estiment liés à Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza, territoire bombardé et assiégé par Israël, en guerre contre le Hamas.

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Or, les répercussions sur le commerce maritime mondial sont déjà là : les armateurs sont contraints d'éviter la zone, en contournant le continent africain, ce qui allonge les délais et renchérit le coût du fret maritime. La circulation maritime dans cette zone est pourtant cruciale pour le transport mondial de marchandises. Environ 12% du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l'accès au sud de la mer Rouge.

Dans un entretien à l'AFP dimanche, le secrétaire général de l'Organisation maritime internationale (OMI), Arsenio Dominguez, a affirmé que l'institution travaille « sans relâche » pour trouver une solution à la crise.

« Nous avons désormais plus de 60% du tonnage annuel qui passait par le canal de Suez, qui se fait maintenant par le sud de l'Afrique. Les assurances ont augmenté, le carburant est utilisé en plus grande quantité donc il y a des coûts supplémentaires, il y a un impact humain sur les gens de mer, car cela représente dix jours supplémentaires de navigation », détaille le secrétaire général de l'OMI.

Les Etats-Unis poursuivent leurs frappes

L'objectif de cette institution des Nations unies chargée d'assurer la sécurité des transports maritimes et dont le siège se trouve à Londres est de « fournir des mesures pratiques et opérationnelles pour que les navires puissent continuer à opérer », insiste-t-il, ajoutant vouloir rester « optimiste » sur une résolution du conflit.

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« Nous travaillons sans relâche pour continuer à coordonner toute action qui mène à la résolution de ce problème », assure-t-il, affirmant « dialoguer avec toutes les parties ».

Le rôle de l'OMI, explique son secrétaire général, est de « veiller à ce que les parties continuent de discuter afin que la situation ne dégénère pas plus que ce qui s'est passé et que nous retournions à un environnement maritime sans danger ».

En l'état, difficile de s'avancer sur l'issue du conflit, tant les parties prenantes sont multiples. Les Etats-Unis ont annoncé dimanche avoir mené la veille de nouvelles frappes contre des positions des rebelles houthis du Yémen, qui étaient sur le point, selon Washington, de s'en prendre à des navires en mer Rouge.

« Le 10 février, entre 16 heures et 17 heures heure de Sanaa, (les forces américaines) ont mené avec succès des frappes d'auto-défense », a déclaré dans un communiqué le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, Centcom.

L'Arabie saoudite au chevet du gouvernement yéménite

Celles-ci ont eu lieu au nord de la ville portuaire d'Hodeida, dans l'ouest du Yémen, et ont visé deux drones de surface navals ainsi que trois systèmes mobiles de missiles antinavire « qui s'apprêtaient à être lancés contre des navires en mer Rouge », précise le communiqué.

« Centcom a identifié ces missiles dans des zones du Yémen contrôlées par les Houthis et a déterminé qu'ils présentaient une menace imminente aux navires de l'US Navy et aux navires marchands dans la région. »

La chaîne de télévision des Houthis, Al-Masirah, avait rapporté samedi soir trois frappes dans le secteur d'al-Salif, près d'Hodeida.

Pour rappel, Washington a mis en place en décembre une coalition multinationale afin de « protéger » le trafic maritime. Cette coalition n'ayant pas permis jusque-là un arrêt des attaques, les forces américaines et britanniques ont mené plusieurs frappes sur le Yémen depuis mi-janvier. Malgré les frappes américaines et britanniques en représailles, les rebelles ont encore revendiqué deux nouvelles attaques mardi dernier contre un navire américain, le Star Nasia, et un bateau britannique, le Morning Tide.

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Les Houthis contrôlent une bonne partie du Yémen, après près d'une décennie de guerre dans ce pays pauvre de la péninsule arabique, lui aussi confronté à une grave crise humanitaire. L'Arabie saoudite a annoncé dimanche avoir versé 250 millions de dollars d'aide au gouvernement internationalement reconnu du Yémen, que le royaume du Golfe soutient dans sa guerre contre les rebelles houthis.

Ce montant fait suite à une première tranche de 250 millions de dollars annoncée en août, lorsque Ryad s'est engagé à fournir 1,2 milliard de dollars pour réduire le déficit budgétaire du gouvernement et payer les salaires des fonctionnaires.

« La deuxième tranche destinée à aider à réduire le déficit budgétaire du gouvernement yéménite a été transférée à la Banque centrale du Yémen à Aden, pour un montant de 250 millions de dollars », a déclaré sur les réseaux sociaux Mohammed al-Jaber, l'ambassadeur saoudien à Aden.

Le gouvernement yéménite a déménagé à Aden, ville portuaire située sur la côte sud du Yémen, après que les Houthis, soutenus par l'Iran, se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014. En 2015, l'Arabie saoudite a mobilisé une coalition internationale destinée à chasser les rebelles. La guerre qui a suivi a fait des centaines de milliers de morts, soit lors des combats, soit à cause des pénuries provoquées par le conflit.

Un cessez-le-feu négocié par l'ONU en avril 2022 a entraîné une forte réduction des hostilités. La trêve a officiellement expiré six mois plus tard, mais les combats ont néanmoins diminué d'une manière générale. Un accord de rapprochement surprise annoncé en mars 2023 entre l'Arabie saoudite et l'Iran a fait naître l'espoir d'un cessez-le-feu durable au Yémen, même si jusqu'à présent aucune avancée n'a été annoncée.

(Avec AFP)

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