Immigration : Biden reprend la construction du mur mexicain de Trump et les expulsions de Vénézuéliens

Sous forte pression migratoire venue du sud, le gouvernement américain dit n'avoir pas d'autres option, y compris légales, que de durcir la frontière avec le Mexique. La Maison Blanche a en même temps annoncé la reprise de vols directs d'expulsion vers le Venezuela pour les immigrés en situation irrégulière, interrompus depuis des années.
Donald Trump avait lancé en 2019 la construction d'un mur frontalier pour empêcher l'immigration illégale depuis le Mexique.
Donald Trump avait lancé en 2019 la construction d'un mur frontalier pour empêcher l'immigration illégale depuis le Mexique. (Crédits : CARLOS BARRIA)

En dépit de leur rivalité politique, Joe Biden et Donald Trump ne mènent pas toujours des politiques si différentes, que ce soit vis-à-vis de la Chine ou de l'immigration illégale. Jeudi, le président américain s'est ainsi dit obligé de poursuivre la construction d'un mur avec le Mexique, engagée par son prédécesseur Donald Trump qui en avait fait un argument phare de sa campagne de 2016.

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« L'argent était prévu pour le mur frontalier. J'ai essayé de convaincre (les républicains au Congrès) d'allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n'ont pas voulu », s'est justifié Joe Biden. « En attendant, il n'est pas possible légalement d'utiliser cet argent pour autre chose que ce pour quoi il a été prévu », a poursuivi le démocrate pour justifier une décision vivement critiquée par certains élus de son parti, en particulier sur son aile gauche. Joe Biden a tenté de rappeler qu'il considérait que ce mur n'était pas une solution pour lui

« Nous appliquons la loi », a indiqué sa porte-parole Karine Jean-Pierre. Le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a précisé qu'une nouvelle portion de mur serait construite dans la vallée du Rio Grande, à la frontière avec le Mexique.

« Besoin de barrières physiques »

« Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques (...) afin d'empêcher les entrées illégales », a abondé le ministre dans un avis officiel publié par le registre fédéral des Etats-Unis sur un ton plus offensif que son président. Le ministre a ensuite maintenu sur le réseau social X (ex-Twitter) que des passages de l'avis officiel avaient été « sortis de leur contexte ». Selon lui, « il n'y a pas de nouvelle politique concernant le mur à la frontière. Nous avons toujours dit clairement qu'un mur n'était pas une solution ».

Joe Biden se voit malgré tout accusé de volte-face. Il avait promis le jour de sa prise de fonction, en janvier 2021, que le contribuable américain ne payerait plus pour la construction d'un mur. De l'autre côté de la frontière, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, qui s'apprête à rencontrer jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a regretté un « pas en arrière ».

Donald Trump, rival de Joe Biden et favori de la droite pour la prochaine présidentielle, y voit une confirmation de sa politique. La décision de Joe Biden montre que « j'avais raison quand j'ai construit 900 km (...) d'un mur frontalier tout beau, tout neuf », a-t-il vanté sur sa plateforme Truth Social. Les fonds pour la construction du mur proviennent d'une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand Donald Trump était au pouvoir.

Pression de la droite

Les républicains continuent de faire de l'immigration l'un de leurs angles d'attaque favoris contre la Maison Blanche. L'aile droite du parti s'oppose par exemple au déblocage de fonds supplémentaires pour l'Ukraine, appelant à orienter cet argent vers la crise migratoire.

La Maison Blanche s'est défendue d'utiliser la construction du mur pour marchander le soutien des parlementaires républicains à un nouvel effort financier en faveur des Ukrainiens: « Je ne ferais pas le lien entre les deux », a affirmé la porte-parole Karine Jean-Pierre.

Cette annonce d'un nouveau mur frontalier est intervenue le jour même où l'administration Biden a confirmé dans les prochains jours les expulsions directes par avion, suspendues depuis des années en raison de la situation sécuritaire très dégradée dans ce pays. Les Vénézuéliens sont l'une des nationalités les plus représentées parmi les migrants qui arrivent à la frontière sud des Etats-Unis. Washington et Caracas se sont mis d'accord sur ces rapatriements.

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« Nous avons déjà identifié des individus que nous détenons et qui seront rapidement expulsés ces prochains jours », qui n'ont pas les conditions pour séjourner légalement aux Etats-Unis, a confirmé un haut responsable américain, resté anonyme, auprès de la presse. Cette décision « montre que nous sommes décidés à ce que les personnes qui traversent de manière illégale notre frontière en subissent les conséquences », a-t-il dit.

Commentaires 3
à écrit le 07/10/2023 à 22:21
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Ca me fait penser à macron, la meilleure façon de lutter contre l'extrême droite, c'est d'appliquer son programme, mais "c'est pas d'extrême droite" , un peu comme les bons et les mauvais chasseurs ( cf. les inconnus).

à écrit le 06/10/2023 à 10:38
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L'histoire montre que les murs n'ont pas empêché les invasions, mais autant parler au mur.

à écrit le 06/10/2023 à 8:11
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Disons que continuer d'importer de la pauvreté par le biais d’esclaves salariés alors qu'ils paupérisent déjà leur population, partout dans le monde, c'est dangereux c'est clair.

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