Croissance et plein-emploi : le difficile pari de Le Maire en 2024

Alors que les rumeurs de remaniement allaient de bon train, Bruno Le Maire a esquissé les grands chantiers de Bercy lors de ses vœux pour l'année 2024. Le ministre de l'Economie a mis l'accent sur le plein-emploi, souhaitant faire revenir les plus de 55 ans au travail. Mais les perspectives assombries de croissance pour 2024 mettent à mal ce pari d'ici la fin du quinquennat.
Grégoire Normand
« Un embrasement du Proche-Orient, une insécurité croissante dans le trafic de la mer Rouge, un incident dans le détroit de Taïwan remettraient en cause la stabilité internationale et affecteraient durablement le commerce mondial », a-t-il énuméré.
« Un embrasement du Proche-Orient, une insécurité croissante dans le trafic de la mer Rouge, un incident dans le détroit de Taïwan remettraient en cause la stabilité internationale et affecteraient durablement le commerce mondial », a-t-il énuméré. (Crédits : CLAUDIA GRECO)

L'année 2024 commence dans le brouillard. Alors que les rumeurs de remaniement se propagent à toute vitesse, le ministre de l'Economie n'a pas évoqué de changement à Bercy ou glissé d'allusion relative à un possible mercato gouvernemental lors de ses vœux aux acteurs économiques, ce lundi. S'affichant avec tous les ministres de Bercy (Thomas Cazenave, Roland Lescure, Olivia Grégoire et Jean-Noël Barrot), Bruno Le Maire a voulu montrer une équipe soudée dans la tempête.

« Tout a changé en sept ans, sauf mon enthousiasme, mon engagement et ma détermination. Je suis ici pour servir les Françaises et les Français. Je suis ici pour servir le président de la République. Je suis ici pour servir la majorité », a-t-il déclaré.

Après le premier mandat du chef de l'Etat, Bruno Le Maire est devenu l'un des piliers de la Macronie, au point de devenir l'un des ministres de l'Economie au plus long exercice de la Ve République.

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Derrière cette relative stabilité à Bercy, Emmanuel Macron peine à trouver une voie au Parlement pour faire passer les réformes sans dégâts au gouvernement ou sans 49-3. En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée, le gouvernement s'est retrouvé en position extrêmement délicate depuis 2022 à plusieurs reprises. Devant un parterre de 1.300 personnes, il a annoncé une loi sur l'attractivité de la France au printemps, le gel des avoirs des trafiquants de drogue ou encore une mission sur l'union des marchés de capitaux pilotée par l'ancien gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, ce lundi.

La croissance tricolore face aux incertitudes géopolitiques

L'économie française traverse actuellement une zone de fortes turbulences. Entre la récession en Allemagne, les taux d'intérêts élevés, l'inflation persistante et les conflits qui éclatent aux quatre coins du monde, l'activité doit faire face à des chocs majeurs. Dans ce climat d'incertitudes, le locataire de Bercy a rappelé que « le premier risque économique est désormais un risque géopolitique ».

« Un embrasement du Proche-Orient, une insécurité croissante dans le trafic de la mer Rouge, un incident dans le détroit de Taïwan remettraient en cause la stabilité internationale et affecteraient durablement le commerce mondial », a-t-il énuméré.

En dépit de toutes ces menaces, Bruno Le Maire a assuré que « nous aurons une croissance qui accélérera en 2024. Nos choix économiques ont donc été les bons ».

Pourtant, la plupart des économistes et des instituts de prévision ont dégradé leurs chiffres de croissance pour 2024. L'économie a évité de justesse la récession en fin d'année en 2023. Et le PIB devrait encore souffrir au premier semestre. En effet, l'acquis de croissance pour 2024 est très faible, compte tenu du tassement de l'activité à l'automne 2023. De son côté, Bercy table toujours sur une croissance du PIB de 1,4% cette année. Mais le ministre des Finances n'a même pas évoqué ce chiffre lors de son allocution.

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Le pari difficile du « plein-emploi »

Lors de ses vœux du 31 décembre dernier, Emmanuel Macron avait mis l'accent sur la nécessité de parvenir au plein-emploi en 2027. A Bercy, Bruno Le Maire est revenu à cinq reprises sur cette ambition.

« Nous devons donc continuer à faire du plein-emploi un objectif stratégique du quinquennat. Le plein-emploi est à 5% : 2 points nous séparent de notre objectif », a-t-il fait valoir.

Mais là encore, le pari de faire redescendre le chômage à 5% d'ici la fin du second mandat d'Emmanuel Macron semble s'éloigner. Après une légère hausse en 2023 (+0,2 point), le chômage pourrait continuer d'augmenter à 7,6% en 2024, puis à 7,8% en 2025, selon la Banque de France.

Pour tenter de réduire le nombre de chômeurs, le ministre de l'Economie a suggéré de s'attaquer à la durée d'indemnisation des seniors inscrits à France Travail, le nouvel opérateur en charge des demandeurs d'emploi dans l'Hexagone.

« Nous devons notamment interroger la durée d'indemnisation, qui incite à repousser les choix du retour au travail, quand nous savons que passés 6 mois, une personne de plus de 55 ans perd de grandes chances de retrouver un travail ».

Ce nouveau tour de vis sur les chômeurs de plus de 55 ans risque une nouvelle fois d'alimenter les mécontentements, alors que les partenaires sociaux ont entamé un cycle de négociations sur l'emploi des seniors. En outre, beaucoup d'entreprises sont tentées de réduire la voilure. Après avoir bénéficié des aides du « quoi qu'il en coûte », les dirigeants pourraient tailler dans leurs effectifs dans les mois à venir.

Les défaillances d'entreprises ont enregistré une forte hausse en 2023. Et les perspectives pourraient s'assombrir cette année en raison de l'essoufflement économique. Autant dire que le chantier du plein emploi semble bien périlleux.

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Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 09/01/2024 à 8:08
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Je suis sûr que cet homme doit avoir la capacité de se transformer en meuble si nécessaire tellement il est caméléon le gars. Un caméléon qui parle. ^^

le 09/01/2024 à 14:30
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Et à changer de poste plus souvent que de chemise il reste un meuble innutil. Comme borne darmanin et tout les autre ministres juste des marionnettes inutiles du président tout aussi nul et destructif de la France..

le 09/01/2024 à 16:42
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@Dossier 51: Il doit prendre la poussière: sept ans à son emplacement actuel.

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