[Article publié le vendredi 03 novembre 2023 à 06h39 et mis à jour à 18h45]
Nouvelle étape dans le conflit opposant Israël au Hamas. L'armée israélienne a indiqué avoir procédé à de nouvelles frappes à Gaza au cours de la nuit de jeudi à vendredi et y avoir combattu un « certain nombre d'unités terroristes » qui ont fait usage de « missiles anti-chars » et « d'IED » (engins explosifs improvisés). Après une semaine de combats au sol et des frappes meurtrières visant le territoire palestinien, Israël a annoncé jeudi 2 novembre avoir encerclé la ville de Gaza, où se trouve le « centre de l'organisation terroriste Hamas », a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Daniel Hagari.
« Nous sommes au cœur de la campagne militaire, nos succès sont impressionnants », s'était félicité le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, jeudi lors d'une visite sur une base militaire près de Tel-Aviv.
Le dirigeant a toutefois reconnu que l'opération est « difficile » et qu'Israël enregistre des « pertes douloureuses ». L'armée a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre. Des vidéos postées par le Hamas montrent des combattants du groupe islamiste surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens dont la progression est rendue difficile par les destructions. Pour la branche armée du Hamas, « Gaza constituera une malédiction pour Israël ». Les Israéliens doivent s'attendre au « retour de davantage de (leurs) soldats dans des sacs noirs », a menacé jeudi le porte-parole des brigades al-Qassam.
Blinken de nouveau au Proche-Orient ce vendredi
L'annonce de l'encerclement de Gaza intervient alors que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu ce vendredi 3 novembre en Israël. Dans les faits, le secrétaire d'Etat américain débute ainsi sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre. Objectif affiché, parvenir à dénicher des « mesures concrètes » pour épargner les civils.
« Nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza », a-t-il ainsi insisté, avant de quitter Washington.
Blinken a aussi réaffirmé le « droit d'Israël à se défendre » après l'attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien, mais il s'est aussi alarmé des souffrances endurées par les civils palestiniens.
Une ligne similaire au président américain Joe Biden, qui ce mercredi, s'est dit favorable à une « pause» afin de permettre aux otages du Hamas de quitter l'enclave. Jusqu'ici la Maison Blanche refuse d'évoquer un cessez-le-feu, estimant que cela ferait exclusivement le jeu du mouvement islamiste palestinien. Mais Washington a déjà appelé à des « pauses humanitaires » pour permettre d'acheminer de l'aide ou de procéder à des évacuations.
Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza vivent sous les bombardements menés par Israël, qui a promis « d'anéantir » le Hamas, au pouvoir dans le territoire, depuis les massacres perpétrés sur son sol par le mouvement islamiste. Selon le Hamas, plus de 9.000 personnes, dont 3.760 enfants, ont depuis été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza. Depuis la mi-octobre, l'armée israélienne appelle la population à fuir le nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza, très densément peuplée, où les bombardements ont rasé des quartiers entiers et où se concentre l'essentiel des opérations militaires.
« Un grave risque de génocide »
Depuis le 9 octobre, le « siège complet » imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Plus de 370 camions d'aide humanitaire, selon l'ONU, sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé jeudi que 14 hôpitaux sur un total de 36 et deux centres spécialisés n'étaient plus opérationnels, en raison de la guerre et du manque de carburant. Selon le Hamas, des frappes israéliennes, mardi et mercredi, sur le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza, dans le nord du territoire, ont fait 195 morts et 120 disparus. Le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a estimé que les bombardements sur ce camp, qui abrite 116.000 réfugiés, pourraient constituer « des crimes de guerre ».
Par ailleurs, des experts de l'ONU ont estimé jeudi que le peuple palestinien « court un grave risque de génocide ». Jeudi, selon un nouveau bilan des Nations unies, 60 Palestiniens blessés, ainsi que quelque 400 étrangers ont pu quitter le territoire via Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire assiégé par Israël et plongé dans une situation humanitaire catastrophique. Un premier contingent de plus de 400 personnes avait été évacué mercredi. L'Egypte a affirmé se préparer à accueillir jusqu'à « 7.000 » étrangers. Israël a par ailleurs annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi renvoyer à Gaza tous les travailleurs gazaouis qui se trouvaient sur son sol au moment de l'attaque du Hamas - soit jusqu'à 4.000 personnes, ont évalué des médias israéliens.
Crainte d'un embrasement régional
La visite d'Antony Blinken, qui doit ensuite se rendre en Jordanie, intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Israël a annoncé avoir mené une « vaste frappe » jeudi dans le sud du Liban sur des cibles du Hezbollah, allié du Hamas, en riposte à des tirs qui ont visé son territoire. Cette frappe a fait quatre morts dans les rangs du Hezbollah, selon la formation chiite libanaise. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit s'exprimer vendredi pour sa première intervention depuis le début de la guerre et indiquer si sa formation va s'engager ou non de plain-pied dans le conflit.
A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.
La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée. Quelque 130 Palestiniens y ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne. En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils massacrés le jour de l'attaque du Hamas, d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948. Plus de 240 personnes ont été prises en otage.
Emmanuel Macron a annoncé vendredi la tenue d'une « conférence humanitaire » le 9 novembre à Paris, assurant que « la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils ». En déplacement en Bretagne, le président français a affirmé que cette conférence humanitaire se déroulerait dans le cadre du Forum de Paris sur la Paix. « Nous appelons à cette trêve humanitaire parce que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils », a ajouté Emmanuel Macron, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. Prévu les 10 et 11 novembre, avec des événements parallèles dès le 8 et le 9 novembre, le Forum de Paris sur la Paix réunira des représentants d'Etats, d'organisations internationales, d'entreprises, ainsi que des ONG sur le thème « construire ensemble dans un monde de rivalité ».Macron va tenter « une conférence humanitaire » à Paris
(Avec AFP)