Au Japon, l'inflation grimpe, grimpe...

Au Japon, les prix à la consommation, hors produits frais, ont augmenté de 2,9%, en octobre sur un an, contre 2,8% en septembre. Ces données ne vont pas dans le sens espéré par la Banque du Japon (BoJ), toujours réticente actuellement à resserrer sa politique monétaire ultra-accommodante.
La Banque du Japon continue de penser que l'inflation au Japon ne devrait pas durer sur le long terme.
La Banque du Japon continue de penser que l'inflation au Japon ne devrait pas durer sur le long terme. (Crédits : BRITTANY HOSEA-SMALL)

Une première au Japon depuis le mois de juin. Les prix à la consommation, hors produits frais, ont augmenté de 2,9%, en octobre sur un an, selon des données officielles publiées ce vendredi. Contre 2,8% en septembre.

Une inflation plus élevée en octobre qui avait été anticipée par les économistes en raison de la diminution des aides publiques visant à limiter la hausse des tarifs de l'électricité et du gaz. Le consensus d'économistes de l'agence financière Bloomberg avait ainsi tablé sur une inflation de 3%, hors produits frais.

Pas dans le sens espéré

Mais ces nouvelles données ne vont pas dans le sens espéré par la Banque du Japon (BoJ), toujours réticente actuellement à resserrer sa politique monétaire ultra-accommodante, même si elle procède occasionnellement à des ajustements depuis fin 2022 pour gagner en flexibilité.

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Fin octobre, la BoJ avait relevé sa prévision d'inflation à 2,8% (contre 2,5% auparavant) pour l'exercice 2023/24 qui s'achèvera fin mars prochain. Surtout, elle avait aussi fortement relevé sa perspective d'inflation pour 2024/25, portée à 2,8% contre seulement 1,9% précédemment.

La BoJ vise à générer une inflation stable autour de 2% hors produits frais au Japon. Bien que ce niveau soit largement dépassé depuis le printemps 2022, l'institution continue de penser que l'inflation au Japon ne devrait pas durer sur le long terme, faute de hausses de salaires et d'une croissance économique suffisamment robustes pour l'entretenir sainement.

Dans une note de Moody's Analytics publiée ce vendredi, l'économiste Stefan Angrick commente ce résultat : « Nous nous attendons à ce que l'inflation diminue à partir de maintenant (au Japon, ndlr) mais le rythme de la décélération sera lent, car les hausses passées des prix à la production seront répercutées sur les consommateurs », les marchés des matières premières « restent nerveux » et le yen « demeure faible ». Ce qui, selon l'expert, renchérit les importations nippones.

Essoufflement de la reprise économique nippone

D'autant qu'en octobre, au-delà de l'effet d'une légère hausse des cours énergétiques mondiaux, combinée à la baisse des subventions du gouvernement nippon sur ce front, ce sont bien les prix dans les loisirs qui ont accéléré sur fond du retour en force des touristes étrangers dans l'archipel. Et l'inflation alimentaire est restée « obstinément élevée », souligne l'économiste de Moody's Analytics.

Or, « tout cela complique le tableau » pour la BoJ, selon Stefan Angrick, « qui veut voir des preuves d'une inflation tirée par la demande », alors que la hausse des prix reste « largement tirée par l'offre et rogne le pouvoir d'achat des ménages ».

En raison de l'essoufflement de la reprise économique au Japon, dont le PIB s'est d'ailleurs contracté au troisième trimestre (-0,5% par rapport aux trois mois précédents selon une première estimation publiée mi-novembre), la BoJ devrait maintenir « un certain niveau de soutien », tout en prenant des « mini-mesures » de resserrement monétaire pour empêcher une chute libre du yen, a encore prédit Stefan Angrick.

« Un cercle vertueux des prix ne va pas se produire tant que les salaires ne grimperont pas davantage, et la BoJ n'est pas encore dans une situation où elle peut normaliser facilement sa politique monétaire », a aussi convenu Takeshi Minami de l'institut de recherche Norinchukin, cité par l'agence Bloomberg.

Un plan pour aider les ménages japonais face à l'inflation

Pour aider les ménages face à l'inflation, le gouvernement japonais a lancé jeudi 2 novembre un plan de soutien à l'économie du pays. Dévoilé par le Premier ministre Fumio Kishida lors d'une réunion gouvernementale en présence de représentants du parti au pouvoir, celui-ci devrait être légèrement supérieur à 17.000 milliards de yens (106,7 milliards d'euros au taux actuel). Au total, le plan pourrait représenter selon des médias locaux un total de 37.400 milliards de yens (237,7 milliards d'euros), en y incluant également des investissements du secteur privé.

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S'ajoutent à ces mesures, des réductions d'impôts d'un montant de 40.000 yens (251 euros) par personne et des aides de 70.000 yens (439 euros) pour les ménages à faibles revenus. Le gouvernement nippon s'est également engagé à exhorter les entreprises à augmenter les salaires l'an prochain à un niveau supérieur à celui de cette année.

Interrogé par l'AFP, l'économiste Hideo Kumano, de l'institut de recherches Dai-ichi Life, s'est cependant dit « sceptique » quant à « la capacité de ce plan à soutenir une croissance durable de l'économie japonaise ». Les mesures incluent « des dépenses à court terme pour atténuer l'impact de la hausse des prix des carburants », mais sur une période insuffisante compte tenu des dernières prévisions de la BoJ.

(Avec AFP)

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