Joe Biden sabre le volet social de son plan d'investissement afin d'arracher enfin un accord

Le président américain a réduit les ambitions de son programme "Build Back Better" visant notamment à relancer l’État-providence. Une concession nécessaire afin d'obtenir une majorité. Car sans accord sur ce volet social et écologique, l'autre plan massif d'investissement lié aux infrastructures ne sera pas entériné.
(Crédits : JONATHAN ERNST)

Les négociations pour le géant plan d'investissement américain est en bonne voie mais il a perdu quelques plumes. C'est en tout cas ce qu'a affirmé le président Joe Biden, jeudi. "Je sais que nous avons le cadre d'un plan économique historique", a-t-il déclaré après avoir rencontré au Congrès les parlementaires de son parti. Face aux difficiles négociations politiques, le président américain a dû faire de lourdes concessions pour espérer enfin arracher un accord sur le volet social du plan, alors qu'il a fait de ce programme social "Build Back Better" (BBB, Reconstruire en mieux), ainsi que celui sur les infrastructures, un axe majeur de son mandat.

Plans à tiroirs

Ce plan d'investissement social vise à revitaliser l'État-providence (avec des mesures sociales fortes) et de financer la lutte contre le changement climatique. Le montant final du BBB prévoit une enveloppe de 1.750 milliards de dollars, loin des 6.000 milliards initialement annoncés puis des 3.500 envisagés.

Ce plan que le président américain qualifie "d'historique" imbrique en réalité plusieurs tiroirs, tous liés, ce qui fait traîner les discussions depuis des mois. Sans accord sur le volet social - le BBB -  l'autre plan massif de 1.200 milliards de dollars visant à rénover et déployer de nouvelles infrastructures aux États-Unis ne sera pas également entériné.

"Il n'est pas exagéré de dire que les majorités à la Chambre et au Sénat et ma présidence seront déterminées par ce qui se passera au cours de la semaine à venir", a dit le président aux élus de son parti, selon plusieurs médias américains.

Le président américain est en effet toujours en quête d'une majorité au congrès pour faire passer ce texte. Deux sénateurs centristes, Kyrsten Sinema et Joe Manchin, s'opposaient à une première version du volet social, jugeant son montant trop élevé et dénonçant son financement par des hausses d'impôts sur les sociétés ou sur les ménages les plus aisés. Leurs votes sont indispensables car la majorité démocrate au Sénat est si ténue qu'une seule voix dissonante équivaut à un veto.

Concessions massives

Pour les convaincre, Joe Biden a donc ramené le montant du plan à 1.750 milliards de dollars sur une décennie, soit moitié moins qu'annoncé initialement. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir l'aile gauche du parti. Le sénateur progressiste indépendant Bernie Sanders a dénoncé les "failles importantes" du plan, notamment sur les soins de santé. Il a toujours souligné que sans un plan ambitieux, il n'y aurait pas d'accord sur le plan de modernisation des infrastructures.

Alors qu'il participera la semaine prochaine au sommet international sur le climat à Glasgow (Ecosse), le président a souligné que son projet comprenait "le plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à la crise climatique". L'administration Biden propose en effet d'investir 550 milliards de dollars pour réduire à l'horizon 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% par rapport aux niveaux de 2005.

Ce cadre "créera des millions d'emplois, fera croître l'économie, investira dans notre nation et notre peuple", a-t-il ajouté lors d'une allocution depuis la Maison Blanche. Joe Biden entend présenter en Europe l'image d'une Amérique engagée dans la transition énergétique et la croissance, ainsi que dans la lutte contre les inégalités sociales et l'évasion fiscale.

Lors des difficiles tractations, Joe Biden et son administration ont inlassablement mis en avant l'importance de ces dépenses, arguant que les Etats-Unis sont en perte de compétitivité et font figure de mauvais élève parmi les pays avancés en matière d'éducation, d'environnement ou de protection sociale.

La Maison Blanche relève ainsi que ce plan permettrait "à la plupart des familles américaines d'économiser plus de la moitié de leurs dépenses de garde d'enfants" et "offrira(it) deux ans d'école maternelle gratuite pour chaque enfant de 3 et 4 ans".

Sollicitation des grandes entreprises rentables pour le financement

Reste la question du financement. Joe Biden continue à défendre l'idée que ces milliards d'investissement peuvent être financés par "les grandes entreprises rentables". Il a affirmé que ces investissements ne créeraient pas de déficit supplémentaire. 
Le projet contient ainsi des mesures pour que ces entreprises "ne puissent pas réduire leur facture fiscale à zéro" et prévoit des dispositions pour que les millionnaires et milliardaires mettent davantage la main au pot.

En revanche, il n'intègre pas la taxe sur les super-riches présentée mercredi par des élus, qui supposait d'imposer les plus-values latentes des milliardaires, ces gains dormants dans les épais portefeuilles d'actions des grandes fortunes américaines.

Alors que les prix à la consommation flambent aux États-Unis (+ 5,4% en septembre) par rapport à la même période en 2020), ces milliards déversés - en cas d'accord politique définitif - ne devraient toutefois pas booster l'inflation. Ces dépenses "seront étalées sur dix ans, pas sur une seule année", a indiqué la secrétaire au Trésor des États-Unis, Janet Yellen.

Commentaires 2
à écrit le 29/10/2021 à 9:58
Signaler
Il nous faudrait un Sanders à nous aussi, une véritable alternative à cette dictature financière que nous imposent tous nos politiciens de l'extrême droite à l'extrême gauche.

le 29/10/2021 à 11:16
Signaler
il ne pense qu' a leur petite vie apres leur mandat jamais au peuple qu'ils les a elu et surtout pas a la nation et a son peuple le fayotage et le plat favoris de notre president se croyant president du monde

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.