Les indicateurs américains sont au beau fixe, en particulier ceux de l'emploi. Le marché du travail s'est une nouvelle fois montré solide en mai. 390.000 emplois ont été créés, secteurs privé et public confondus, selon les données du département du Travail publiées vendredi. C'est moins que les 436.000 d'avril (données révisées en hausse), mais mieux que les 325.000 qui étaient attendus par les analystes. Le taux de chômage reste lui inchangé à 3,6%, et il faudra donc patienter encore pour le voir revenir à 3,5%, son niveau de février 2020, avant la pandémie de Covid-19, lorsqu'il était au plus bas depuis 50 ans.
Seule ombre au tableau (et pas des moindres), une inflation qui reste bien trop élevée au regard de l'objectif fixé par la Banque centrale américaine (Fed) à 2%. Bien qu'elle ait un peu ralenti en avril, la hausse des prix atteignait 6,3% sur un an selon l'indice PCE - privilégié par la Fed - et 8,3% selon l'indice CPI - sur lequel sont indexées, notamment, les retraites. Un contexte inflationniste qui a poussé la Fed à resserrer sa politique monétaire. Jeudi, sa vice-présidente, Lael Brainard, a encore estimé qu'il n'y avait pas de raison à ce stade d'envisager une pause dans la hausse des taux en septembre. Cette stratégie, efficace pour lutter contre l'inflation, risque néanmoins de porter un coup à la croissance économique et faire repartir le chômage à la hausse à commencer dans les secteurs sensibles aux variations des taux d'intérêt comme la construction et l'industrie manufacturière ainsi que ceux sensibles à la consommation des ménages.
Mais Joe Biden veut croire le contraire. Le président américain, qui donnait un discours vendredi, a assuré que la solidité de l'économie américaine permet désormais au pays de « construire un avenir de croissance stable et régulière, afin que nous puissions réduire l'inflation sans sacrifier tous les progrès historiques que nous avons réalisés ».
L'inquiétude d'une récession
Un autre risque guette les Etats-Unis : celui d'une récession de son économie. Mais là encore, l'éventualité est balayée par la secrétaire d'Etat au trésor américain, Janet Yellen. Le 18 mai, elle a assuré ne pas s'attendre « à ce que les États-Unis tombent en récession » ajoutant: « Je pense que l'Europe est peut-être un peu plus vulnérable et plus exposée sur le front de l'énergie que les États-Unis. »
Le Produit intérieur brut (PIB) a connu une chute de 1,4% au premier trimestre 2022. Mais les dirigeants américains assurent qu'une récession technique, c'est-à-dire deux trimestres de suite en baisse, n'est pas à craindre. Certains experts n'excluent toutefois pas une récession pour le début de l'année prochaine, si les prix restaient élevés malgré des hausses de taux.