L'accord sur le Brexit est un moindre mal pour la France, selon des spécialistes et politiques

L'accord conclu entre le Royaume-Uni et l’Union européenne le 24 décembre permet un accès réciproque sans droits de douane ni quotas aux marchés.
L'accord garantit des échanges sans droits de douane ni quotas pour tous les biens qui respectent les règles d'origine appropriées.
L'accord garantit des échanges sans droits de douane ni quotas pour "tous les biens qui respectent les règles d'origine appropriées". (Crédits : YVES HERMAN)

L'accord sur les conditions de sortie des Britanniques du marché unique européen est positif pour l'économie française car il lève des incertitudes et des barrières tarifaires, mais le Brexit créera tout de même de nouveaux obstacles en pleine crise sanitaire.

Le partenariat économique et commercial avalisé lundi par les gouvernements des 27 permet un accès réciproque sans droits de douane ni quotas aux marchés de l'UE et du Royaume-Uni.

Lire aussi : Ce que contient l'accord post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni

"Sans accord, plusieurs secteurs économiques exportateurs comme l'automobile ou l'agroalimentaire auraient été pénalisés par le rétablissement de droits de douane significatifs", a déclaré à l'AFP le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester.

Les Britanniques : "les grands perdants"

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait estimé mi-décembre à seulement 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) le coût du Brexit, avec ou sans accord, jugeant que quoi qu'il advienne, "les grands perdants, ce seront les Britanniques". La Banque de France avait de son côté évalué ce coût en l'absence d'accord à 0,2 point de PIB, soit un peu plus de 4 milliards d'euros.

Selon une note de Bercy, le Royaume-Uni était en 2019 le 6e client de la France et son 7e fournisseur. Les échanges bilatéraux sont excédentaires pour la France avec 33,6 milliards d'euros d'exportations et 21,1 milliards d'importations.

Au-delà du rétablissement de droits de douane, un no-deal "aurait laissé sur la table tous les enjeux à traiter avec une incertitude maximum", concernant notamment la validité des contrats commerciaux, la reconnaissance des qualifications professionnelles, les transferts de données ou la lutte contre le terrorisme, relève Elvire Fabry, spécialiste du Brexit à l'Institut Jacques Delors.

Lire aussi : Après l'accord historique, Londres face aux défis du Brexit

Pour la chercheuse, on peut considérer que l'accord est "perdant-perdant parce que de toute façon le Brexit rétablit les frontières, des frottements et des frictions dans les échanges commerciaux, là où il y en avait pas". Mais il est aussi "un peu gagnant-gagnant parce qu'il minimise l'impact d'un no-deal, qu'il va bien au-delà du simple enjeu des tarifs douaniers et des quotas".

Renégociation permanente

Dans les chaînes de production très intégrées du secteur automobile, très importantes pour l'économie française tout comme celles de l'aéronautique, les Européens ont obtenu des Britanniques qu'en vertu de la "règle d'origine", ils augmentent la part de la valeur produite localement d'ici 2027 pour pouvoir continuer à bénéficier d'une absence de droits de douane, explique encore Mme Fabry.

Sur le sujet le plus âprement disputé, la pêche, le compromis est "assez satisfaisant" pour les Français, selon le directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales, Sébastien Jean.

Et sur les règles pour une concurrence équitable ("level playing field"), le texte fournit d'après lui "un cadre dynamique dans lequel on devrait pouvoir gérer cette relation" et peut être vu comme "un point de départ d'une relation qui va être sujette à une renégociation permanente".

"Pas de transition"

L'accord est "une bonne nouvelle mais il ne faut pas oublier que le Royaume-Uni quitte le marché intérieur et que des mesures de contrôles aux frontières pour les marchandises seront réintroduites le 1er janvier", rappelle M. Riester.

De plus "sur les aspects réglementaires, douaniers, il n'y a pas de période de transition" concernant le commerce des biens, "donc c'est quelque chose qu'il va falloir appliquer dès début janvier dans un contexte de crise sanitaire" et qui "risque d'être difficile à gérer dans un premier temps, en tout cas", relève M. Jean.

Si l'agroalimentaire évite les droits de douane qu'aurait impliqués un no-deal, "il va y avoir quand même le surcoût des contrôles vétérinaires" et phytosanitaires, note aussi Mme Fabry.

"Nous serons très attentifs à l'évolution de nos flux commerciaux avec le Royaume-Uni et mettons d'ores et déjà tout en œuvre pour accompagner nos entreprises et limiter les obstacles à leur développement sur le marché britannique", a assuré M. Riester.

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Commentaires 4
à écrit le 30/12/2020 à 1:59
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Dans l’accord, il y a moins de droits de pêche pour la France. De plus, la soit disant ligne rouge sur la libre circulation des marchandises liée à la libre circulation des personnes a disparue. Comme quoi, c’est possible (bien que les politiques et ...

à écrit le 29/12/2020 à 11:22
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Pour moi Gibraltar est Espagnol . Dire le contraire est anti europeen , vrai ou faux ?

à écrit le 29/12/2020 à 11:05
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Il parait qu'on allait voir ce qu'on allait voir , droits de douanes commerce en berne. Résultats pas de droits de douanes ( on s'est aperçu qu'on exportait plus qu'on importait) pêches réduite de 25% , on achètera les poissons aux anglais, plus d'a...

à écrit le 29/12/2020 à 10:10
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"on peut considérer que l'accord est "perdant-perdant (...) Mais il est aussi "un peu gagnant-gagnant " LOL ! Sinon vous avez pas trouvé des "analystes" qui n'ont pas peur de se mouiller parce que là c'est un véritable récital hein ! Bon...

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