L'échec des négociations de l'Opep+ pourrait faire flamber le prix du pétrole

Les Emirats Arabes Unis, qui souhaitent une augmentation significative des volumes de production, ont bloqué l'accord attendu ce lundi entre les grands producteurs de pétrole sur une hausse de la production en août. Les tensions sont très fortes au sein de cette alliance qui fédère la majorité des producteurs de pétrole. Les prix pourraient monter en flèche.
Les 23 pays membres de l'alliance n'ont pas réussi à se mettre d'accord. En cause : les requêtes des Emirats Arabes Unies qui veulent une hausse significative de leur quota de production.
Les 23 pays membres de l'alliance n'ont pas réussi à se mettre d'accord. En cause : les requêtes des Emirats Arabes Unies qui veulent une hausse significative de leur quota de production. (Crédits : Ramzi Boudina)

Cinq jours de négociation pour rien. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays partenaires (Opep+), aurait dû initialement boucler jeudi dernier les négociations visant à définir le niveau de production des pays membres de cette alliance à partir du mois d'août. Faute de consensus après trois tentatives infructueuses la semaine dernière, la réunion prévue ce lundi a été tout simplement annulée sans qu'une autre date ait été fixée. L'organisation qui fédère les principaux producteurs mondiaux de pétrole, hors Etats-Unis, est sous tension. De nombreux analystes ont exprimé leur crainte au sujet de l'avenir de l'alliance, déjà au bord de l'explosion l'an dernier à cause d'un désaccord profond entre Moscou et Ryad qui avait débouché sur une courte mais intense guerre des prix.

Cette fois-ci, les participants se sont écharpés sur le volume de production pour les prochains mois. Les Emirats Arabes Unis exigent une augmentation de leur quota, une requête refusée par les membres de l'alliance, notamment l'Arabie Saoudite.

Les Emirats Arabes Unis crient à l'injustice

En effet, le cartel avait fixé un niveau de production par pays assez modeste, afin de s'assurer de la stabilité des prix alors que la demande mondiale de brut était en baisse du fait de la pandémie. La réouverture de l'économie mondiale s'est accompagnée d'un nouvel accord-cadre entre les membres de l'alliance, modifiant celui d'avril 2018. Le cartel avait retiré volontairement du marché 9,7 millions de barils par jour avec la promesse de les réintroduire progressivement d'ici à la fin du mois d'avril 2022.

L'objectif principal de la réunion était de valider la prolongation des conditions actuelles de production. Les Emirats arabes unis, dont le PIB dépend à 30% des hydrocarbures, ont confirmé dimanche être à l'origine du blocage des négociations, estimant que l'accord était "injuste". Car entre 2018 et aujourd'hui, les Emirats Arabes Unis ont augmenté leur capacité de production et ils souhaitent en profiter davantage.

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Les 23 pays de l'Opep+, emmenés par l'Arabie et la Russie, avaient l'intention d'augmenter la production globale de pétrole de 400.000 barils/jour entre août et décembre. Soit 2 millions de barils d'ici fin décembre. Trop peu pour les Emirats Arabes Unis, qui demandent une hausse significative, notamment dans le prochain accord-cadre. Pour Abou Dhabi, le volume de son pays - fixé à 3,17 millions de barils par jour- devrait être revu à la hausse (3,8 millions de barils par jour) en cas de prolongation de l'accord. Cette demande a été rejetée par l'Arabie saoudite. "J'assiste aux réunions de l'Opep+ depuis 34 ans et je n'ai jamais vu de telle demande", a déclaré le prince Abdelaziz à Al-Arabiya.

Crainte de la hausse du prix du pétrole

Un échec des négociations pourrait faire grimper les prix du brut, ce qui menacerait la reprise mondiale déjà précaire de l'après-pandémie et mécontenterait les plus gros consommateurs. Avant même les réunions de la semaine dernière, la tendance était à une hausse du prix du baril. En juin, le seuil des 70 dollars avait été franchi, un record depuis plus de deux ans. Ce lundi, les prix du pétrole ont clôturé en hausse, portés par le report sine die des discussions de l'Opep+, lesquelles laissent imaginer une reconduction en août des quotas de production s'appliquant en juillet et non l'augmentation de la production un temps envisagée.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé à 77,16 dollars à Londres, en hausse de 1,30% ou 99 cents par rapport à la clôture de vendredi. A New York, le baril de WTI pour le mois d'août a lui gagné 1,60% ou 1,20 dollar, à 76,36 dollars.

Peu avant la clôture avancée pour cause de jour férié aux Etats-Unis, les deux cours de référence ont respectivement touché 77,26 dollars et 76,39 dollars, une première depuis le mois d'octobre 2018.

"Le report de la réunion de l'Opep+ rapproche le marché d'un mois d'août sans barils supplémentaires de la part de l'alliance, c'est pourquoi les prix du pétrole ont immédiatement bondi à la nouvelle", a commenté Louise Dickson, analyste de Rystad.

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Après une année de demande plombée par les confinements consécutifs à la crise sanitaire du Covid-19, les cours du pétrole bénéficient en effet de la conjonction de trois facteurs : l'espoir d'un été normal aux États-Unis, c'est-à-dire le retour sur les routes des vacances des conducteurs américains, eux qui consomment le plus de carburant au monde, une offre contenue par l'action concertée de l'Opep+, et... l'absence de réaction des pétroliers hors alliance qui n'ont pas (encore) sauté sur l'occasion d'une remontée des prix.

Commentaires 2
à écrit le 09/07/2021 à 0:54
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C'est un véritable hasard qu'un porte-conteneur ait pris feu sur le port Jebel Ali de Dubaï après une opposition ferme de l'Arabie Saoudite concernant la hausse de la production de son concurrent des émirats...

à écrit le 06/07/2021 à 8:37
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Un bon timing avec leur "relance de l'économie" ya pas à dire ! ^^

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