Pétrole : WTI et Brent s'envolent à 70 et 72 dollars battant des records de 2 ans et plus

Après une année de demande plombée par les confinements consécutifs à la crise sanitaire du Covid-19, les cours du pétrole bénéficient de la conjonction de trois facteurs : l'espoir d'un été normal aux États-Unis, c'est-à-dire le retour sur les routes des vacances des conducteurs américains, eux qui consomment le plus de carburant au monde, une offre contenue par l'action concertée de l'Opep+, et... l'absence de réaction des pétroliers hors alliance qui n'ont pas (encore) sauté sur l'occasion d'une remontée des prix.
Le prix du baril texan WTI (photo) et le Brent de la Mer du Nord poursuivent tous deux leur remontée. À cause de sa légèreté appréciée des raffineurs, le Light Sweet Crude (autre nom du West Texas Intermediate) se négociait traditionnellement plus cher que son concurrent de la Mer du Nord, mais l'abondance d'offre outre-Atlantique (shistes) a inversé ce classement depuis 2010.
Le prix du baril texan WTI (photo) et le Brent de la Mer du Nord poursuivent tous deux leur remontée. À cause de sa légèreté appréciée des raffineurs, le Light Sweet Crude (autre nom du West Texas Intermediate) se négociait traditionnellement plus cher que son concurrent de la Mer du Nord, mais l'abondance d'offre outre-Atlantique (shistes) a inversé ce classement depuis 2010. (Crédits : Reuters)

Ça ressemble de plus en plus à une tendance. Après la belle envolée jusqu'à 68,69 dollars du 1er juin, le cours du baril de pétrole texan (le WTI, West Texas Intermediate) pour livraison en juillet a réussi à atteindre ce lundi les 70 dollars sur les marchés asiatiques. Même si le prix n'est pas resté longtemps à ce niveau (il a ensuite rebaissé de 55 cents ou 0,8%, à 69,07 dollars), il s'agit d'un record pas vu depuis deux ans et demi (depuis octobre 2018 exactement).

De son côté, le baril de Brent a lui aussi battu un record, de deux ans. La référence européenne du pétrole est montée plus haut que le baril texan, jusqu'à 72,27 dollars, son meilleur niveau depuis mai 2019. Puis il est redescendu de 62 cents (-0,9%), à 71,27 $ à 09h20 GMT. Le West Texas Intermediate a touché 70 dollars pour la première fois depuis octobre 2018, mais a inversé la tendance pour s'échanger en baisse de 55 cents ou 0,8%, à 69,07 dollars.

Deux facteurs notamment expliquent cette dynamique : d'un côté, la reprise de la demande, de l'autre, une offre d'hydrocarbures contenue.

Efficacité du contrôle de l'offre par l'OPEP+

"L'action de l'Opep+ pour limiter l'offre et les programmes de vaccination à travers le monde ont permis d'épuiser une partie des stocks mondiaux de brut, ce qui explique la hausse des prix", a résumé Tamas Varga, analyste chez PVM.

Après une année de demande plombée par les confinements provoqués par la pandémie de Covid-19, l'espoir d'un été normal aux États-Unis dope les cours. En effet, les conducteurs américains, qui sont les plus gros consommateurs de carburant au monde, ne vont pas se priver de circuler en toute liberté pendant la période estivale.

En outre, l'autre facteur décisif, c'est l'action de réduction des volumes mis sur le marché par l'Opep+. Cette alliance qui unit l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et dix autres producteurs, dont la Russie s'en sont tenus la semaine dernière à leur politique d'augmentation raisonnée de la production.

Absence de réactions (pour l'instant) des producteurs américains

Pour l'instant, "la réponse des producteurs qui ne font pas partie de l'alliance est limitée", souligne Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank.

Le nombre de puits actifs aux États-Unis n'a pas augmenté la semaine dernière, selon les données de l'entreprise Baker Hughes, signe que les exploitants de pétrole de schiste n'ont pas sauté sur la hausse des prix pour augmenter leur production.

Prudence des pétroliers malgré la remontée des cours (env. +30%)

"De manière générale, les forages restent modestes depuis quatre mois quand on pense que les prix ont grimpé de près de 30%", estime M. Weinberg, qui ajoute: "cette prudence n'est pas due à des considérations économiques mais à des questions environnementales" car "les investisseurs dans le pétrole de schiste vont devoir être plus prudents dans le futur".

Les yeux rivés sur le retour possible du pétrole iranien

Enfin, les négociations patinent sur l'accord nucléaire iranien. Si les États-Unis levaient les sanctions contre le pays, le membre fondateur de l'Opep prévoit d'augmenter massivement sa production, au risque d'inonder le marché.

La hausse des prix commence à avoir un effet sur les acheteurs: selon les données des douanes chinoises, les importations de pétrole ont augmenté en yuans investis, mais le volume de brut importé a en fait fortement reculé en millions de barils, selon les calculs de l'agence Bloomberg.

Après une récession historique en 2020, qui a vu l'activité économique mondiale se contracter de 3,5%, l'OCDE prévoit une hausse du PIB de 5,8% en 2021, "le taux le plus élevé depuis 1973", a précisé l'économiste en chef de l'institution, Laurence Boone, lors d'une conférence de presse.

| Lire aussi : Le prix du pétrole atteint son plus haut niveau depuis plus de deux ans, l'Opep+ temporise

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 7
à écrit le 07/06/2021 à 20:48
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Cool les monarchies du Golfe vont pouvoir s'acheter des armes pour apporter paix et prospérité aux mécréants...

à écrit le 07/06/2021 à 13:46
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Ce n'est certes pas M.Biden qui va relancer le pétrole de schistes.. donc on va clairement (je crois) vers les 100 $ le WTI.. (facile dès lors de gagner de l'argent)...

à écrit le 07/06/2021 à 13:36
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La main visible du marché

à écrit le 07/06/2021 à 13:34
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Le pétrole est encore là pour longtemps, très longtemps, et ceux qui pensent que la France va basculer dans le tout électrique en quelques années sont de doux rêveurs.

à écrit le 07/06/2021 à 13:02
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Cette hausse est salutaire pour l'écologie, espéront qu'elle va être pérennisée

le 07/06/2021 à 13:38
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@ côté de la plaque Non cela va encore plus handicaper les travailleurs pauvres qui devront payer encore plus cher pour aller travailler tandis que les gens qui se déplacent pour rien eux ont les moyens de continuer de se déplacer pour rien et co...

le 07/06/2021 à 18:05
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@citoyen blasé: Je n'ai jamais dit que ça n'handicapait pas les travailleurs pauvres, mais c'est un mal nécessaire pour avoir un monde plus écologique. Ecologie n'a jamais signifié égalitarisme

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