Taux : la BCE va continuer à durcir sa politique monétaire, assure Lagarde à Davos

La Banque centrale européenne va continuer à relever ses taux d'intérêt et les laissera en territoire restrictif aussi longtemps qu'il le faudra pour ramener l'inflation vers l'objectif à moyen terme de 2%, a déclaré sa présidente. Christine Lagarde a par ailleurs indiqué que l'activité en zone euro devrait être « bien meilleure » que prévu en 2023, même si cette année « ne sera pas brillante ».
« Nous maintiendrons le cap jusqu'à ce que nous soyons entrés en territoire restrictif suffisamment longtemps pour pouvoir ramener l'inflation à 2% dans un délai raisonnable », a déclaré la présidente de la BCE ce jeudi à Davos.
« Nous maintiendrons le cap jusqu'à ce que nous soyons entrés en territoire restrictif suffisamment longtemps pour pouvoir ramener l'inflation à 2% dans un délai raisonnable », a déclaré la présidente de la BCE ce jeudi à Davos. (Crédits : Reuters)

L'heure n'est pas à l'assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). S'exprimant dans le cadre du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, la présidente de l'institution a jugé que l'inflation dans la zone euro était encore beaucoup trop élevée. « Nous maintiendrons le cap jusqu'à ce que nous soyons entrés en territoire restrictif suffisamment longtemps pour pouvoir ramener l'inflation à 2% dans un délai raisonnable », a ainsi déclaré Christine Lagarde.

Pour rappel, la BCE a relevé ses taux directeurs quatre fois depuis juillet, faisant passer le taux de dépôt de -0,50% à 2%. Et l'institution ne prévoirait pas d'adoucir sa politique en ce début 2023 d'après Isabelle Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, qui s'exprimait fin décembre. « La question de savoir si nous devons aller encore plus haut dépendra des perspectives d'inflation futures (...). Nous pouvons nous attendre à des réactions de plus en plus fortes et nous devons y résister. C'est exactement pour cela que les banques centrales sont indépendantes », avait-elle précisé.

Des gouverneurs des banques centrales nationales poussent au maintien d'une forte hausse des taux. Selon le gouverneur de la banque centrale de Lettonie, Martins Kazaks, la BCE devrait relever ses taux d'intérêt de manière significative lors de ses deux prochaines réunions de politique monétaire prévues en février et mars.

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La hausse a fait débat en interne en décembre

Pour rappel, la BCE a relevé ses taux directeurs quatre fois depuis juillet, faisant passer le taux de dépôt de -0,50% à 2%. Dernière hausse en date : le 15 décembre. L'institution financière avait décidé d'augmenter ses taux directeurs de 50 points de base, soit une décision moins agressive qu'en septembre et octobre où elle avait privilégié un relèvement de 75 points de base.

Une décision qui a eu du mal à faire l'unanimité apprend-on lire dans le compte rendu de cette réunion publié ce jeudi 20 janvier. Un grand nombre de responsables de l'institut étaient en effet initialement favorables à une hausse de 75 points de base et certains ont tenu bon jusqu'au bout. Des sources ont indiqué que la proposition de l'économiste en chef de la BCE, Philip Lane, de relever les taux d'un demi-point s'est heurtée à la forte opposition de certains membres, qui insistaient sur une hausse de trois quarts de point.

Christine Lagarde a alors proposé qu'un message suggérant de prochaines hausses de taux de 50 points de base soit intégré ainsi qu'un message optimiste sur l'inflation lors de sa conférence de presse, ce qui a convaincu suffisamment de responsables de la BCE de se rallier à la proposition de Philip Lane, ont indiqué les sources.

« D'une certaine manière, cela a été considéré comme équivalent à une hausse de taux de 75 points de base (...) car une approche moins intense mais plus régulière pour ramener les taux d'intérêt à un niveau restrictif pourrait être considérée comme compatible avec la nature plus persistante du mécanisme d'inflation et la persistance d'une forte incertitude », indique le compte-rendu de la réunion de la BCE.

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Une année 2023 finalement meilleure que prévue

Si l'activité en zone euro a ralenti par rapport à 2022, elle devrait être « bien meilleure » cette année que redouté initialement d'après Christine Lagarde. Soulignant toutefois qu'elle « ne sera pas brillante ».

Le marché du travail, en Europe en particulier, « n'ont jamais été aussi dynamiques » avec un nombre de chômeurs « au plus bas par rapport à ce que nous avons eu au cours des 20 dernières années », a souligné la banquière française. Elle s'est notamment référée à l'Allemagne, première économie d'Europe, qui devrait selon elle échapper à la récession en 2023, malgré la situation toujours tendue face à la crise énergétique, selon les déclarations du chancelier Olaf Scholz lors d'une interview mardi à Bloomberg. Frappée par l'inflation qui renchérit les coûts de production de l'industrie, moteur de son économie, l'Allemagne semble mieux résister que prévu grâce à une consommation robuste et des aides publiques conséquentes.

La Commission européenne prévoit de son côté une contraction du produit intérieur brut (PIB) pour la zone euro comme pour l'UE au dernier trimestre de 2022 et lors des trois premiers mois de 2023, avant un rebond sur le reste de l'année.

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(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 25/01/2023 à 9:53
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Pff . L'inflation c'est bon pour tout le monde.. c'est inévitable. Ça ruine juste ceux qui ont de l'épargne en euro. . On est dans une société où il faut s'endetter pour tirer son épingle du jeu...

à écrit le 20/01/2023 à 3:28
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Merci Mme Lagarde ,continuez ainsi ,au moins l'épargne liquide est un peu mieux rémunérée ce qui est une bonne chose.

à écrit le 19/01/2023 à 18:02
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Tu parles, les taux réels (taux moins inflation) sont toujours très négatifs, donc l'épargnant lambda continue de se faire plumer et les très grosses fortunes, ayant les moyens d'emprunter, continuent de se gaver.

à écrit le 19/01/2023 à 17:27
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En gros, elle assume très bien de monter les taux pour ralentir une économie, de créer de la pauvreté pour une inflation importée, avec des principes qui commencent à dater, comme elle même d'ailleurs

à écrit le 19/01/2023 à 14:49
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Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie

le 19/01/2023 à 16:54
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C'est clair que la gestion des taux d'intérêts par la BCE a été désastreuse depuis trois ans : D'abord ils refusent obstinément de remonter leurs taux, soi-disant parce que l'inflation "n'est pas encore là", et puis maintenant qu'ils ont allumé le fe...

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