La Chine et l'Arabie saoudite s'allient pour produire de l'acier « vert »

Pékin et Riyad renforcent leurs liens. Le sidérurgiste chinois Baosteel, premier producteur mondial d'acier, va investir près de 438 millions de dollars dans la construction d'un site en Arabie saoudite qui ambitionne d'être le premier producteur mondial d'acier « vert ». En mars, le royaume avait annoncé investir dans la construction d'un complexe pétrochimique à Panjin, dans le nord-est de la Chine.
Robert Jules
Cette année, la demande mondiale d'acier devrait augmenter de 2,3%, à 1,82 milliard de tonnes, selon la World Steel Association.
Cette année, la demande mondiale d'acier devrait augmenter de 2,3%, à 1,82 milliard de tonnes, selon la World Steel Association. (Crédits : Reuters)

Dans la course mondiale à l'industrialisation bas carbone, la Chine et l'Arabie saoudite font cause commune. Le sidérurgiste chinois Baosteel, premier producteur mondial d'acier, a formé en début de mois une joint-venture dont il détiendra 50% avec Aramco (25%), la première compagnie pétrolière mondiale, et le Public Investment Fund (PIF) (25%), le fonds souverain du royaume, pour construire un site qui ambitionne de devenir le premier producteur d'acier « vert », en termes de volume. Il sera implanté dans la ville industrielle de Ras al-Khair, située sur la côte est du royaume. Le sidérurgiste chinois prévoit d'y investir près de 438 millions de dollars.

Un site leader pour produire de l'acier « vert »

La première production est prévue de sortir des fourneaux à la fin de 2026, selon le communiqué. La capacité de production annuelle d'aciers plats sera de 1,5 million de tonnes. Equipé d'un four à fer à réduction directe au gaz naturel et d'un four à arc électrique, le site vise à  réduire les émissions de CO2 jusqu'à 60% par rapport à un haut-fourneau traditionnel. L'usine de réduction directe sera conçue pour être compatible avec l'hydrogène, ce qui permettra de réduire les émissions de CO2 de 90 % à l'avenir, précise le communiqué. L'acier produit va alimenter le marché local et régional.

La production d'acier, métal le plus utilisé dans le monde, est un enjeu important dans la décarbonation industrielle. La sidérurgie représente 5% des émissions en Europe et 7% au niveau mondial, selon la Commission européenne. Aujourd'hui, tous les géants mondiaux du secteur se convertissent à l'acier « vert » : ArcelorMittal, Hyundai, Posco, Tata Steel...

Un marché en pleine expansion

Cette année, la demande mondiale d'acier devrait augmenter de 2,3%, à 1,82 milliard de tonnes, selon la World Steel Association qui considère que « les investissements dans la décarbonation et la dynamique des économies émergentes vont stimuler la demande mondiale d'acier ». En valeur, le marché de l'acier « vert » devrait passer de près de 197 millions de dollars en 2022 à 624 milliards de dollars en 2032, soit une augmentation à un rythme annuel de près de 124%, selon le cabinet d'études spécialisé Precedence Research.

Pour l'Arabie saoudite, cet ambitieux projet industriel moderne s'inscrit dans le renforcement de ses relations avec la Chine et sa Belt and Road Initiative (la Nouvelle route de la soie) mais aussi dans le plan « Vision 2030 » du Prince héritier Mohammed ben Salman, qui vise à faire bâtir une économie moderne diversifiée qui ne soit plus dépendante des revenus du pétrole. Ainsi, fin mars, Aramco avait annoncé l'acquisition de 10% de la raffinerie de Rongsheng Petrochemical, l'une des plus importantes en Chine, en s'engageant à fournir 480.000 barils par jour de pétrole brut dans le cadre d'un accord de vente de long terme. Aramco va également investir (30%) avec deux entreprises chinoises, Norinco Group (51%) et Panjin Xincheng Industriel (19%) dans la construction d'une raffinerie et d'une usine pétrochimique à Panjin, dans la province de Liaoning, dans le nord-est de la Chine, qui devrait être opérationnelle dès 2026. Aramco lui fournira 210.000 barils de brut par jour.

Engagement diplomatique

La Chine, contrairement aux Etats-Unis, est étroitement dépendante de ses importations de pétrole et de gaz naturel pour assurer ses besoins énergétiques. Elle compte donc sur les hydrocarbures que peuvent lui fournir les producteurs du Golfe persique. Un engagement qui se traduit également sur le plan diplomatique et géostratégique, aux dépens de l'influence des Etats-Unis, depuis le voyage en décembre de Xi Jinping dans la région. Ainsi, Pékin peut se targuer d'avoir réussi à rapprocher les frères ennemis, l'Arabie saoudite et l'Iran, ce qui pourrait mener à la fin de la guerre au Yémen, et à sa reconstruction.

Par ailleurs, Riyad a été la cheville ouvrière de la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe après le vote de ses 22 pays membres, justifiée par le besoin de stabiliser la région. Le régime de Bachar el-Assad avait été exclu en 2011, lors du début de la guerre civile. Surtout, le pays est à rebâtir. Le coût de la reconstruction est estimé entre 250 et 400 milliards de dollars. Un marché juteux qui suscite les convoitises de nombreuses entreprises de la région.

Robert Jules
Commentaires 2
à écrit le 11/05/2023 à 6:47
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Bonjour, Pour produire de l'acier vert , ils faut sûrement construire un haut fourneaux électrique... de grande surface de panneaux solaires pour l'energe, et importé du minéral de fer... la souveraineté d'un pays se développer par sa capacités a ...

à écrit le 10/05/2023 à 19:05
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Un bel exemple de greenwashing

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