La Fed annonce la baisse des taux pour 2024 : les marchés financiers explosent

La Réserve fédérale américaine a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés pour la troisième fois de suite. Ces derniers se situent donc entre 5,25% et 5,50%. Néanmoins, les responsables de l'institution anticipent trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. Et ce grâce au ralentissement de l'inflation et à une économie américaine qui fait preuve d'une certaines résilience.
Jerome Powell maintient les taux de la Fed entre 5,25 à 5,50%.
Jerome Powell maintient les taux de la Fed entre 5,25 à 5,50%. (Crédits : ELIZABETH FRANTZ)

[Article publié le mercredi 13 décembre 2023 à 20H20 et mis à jour jeudi 14 décembre 2023 à 13H04] Pas de mauvaise surprise avant Noël, la Réserve fédérale américaine a annoncé un maintien de ses taux directeurs lors de sa réunion, mercredi 13 décembre. Une décision qui était attendue puisque le consensus anticipait à 97% un maintien des taux, comme cela a été le cas lors des dernières réunions de novembre et de septembre. Les taux de l'institution restent donc dans la fourchette de 5,25 à 5,50%.

Mieux, une bonne nouvelle -- celle d'une baisse en 2024 -- semble se profiler. Les responsables de la Fed anticipent, en effet, majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. « Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive », a, de plus, indiqué le président de la Fed, Jerome Powell, ajoutant que cette question d'un calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la réunion du Comité.

Un scénario anticipé par les marchés comme l'explique John Plassard, directeur et spécialiste des marchés chez la banque Mirabaud : « Les marchés ont écarté toute possibilité d'une nouvelle hausse et s'attendent désormais à ce que la première baisse intervienne en mars ou en mai 2024 ».

La Fed a cependant souhaité calmer les ardeurs des investisseurs. « Bien que les responsables (de la Fed) jugent peu probable qu'il soit approprié de relever de nouveau les taux, ils n'ont cependant pas non plus exclu cette possibilité », a insisté Jerome Powell.

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Néanmoins, ces déclarations ont suscité de fortes réactions des marchés. Ce jeudi, la Bourse de Paris a ainsi battu un nouveau record au-dessus de 7.600 points dans les premiers échanges et progressait fortement de 0,84%.

De même, l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a franchi le seuil des 17.000 points, un nouveau record. L'indice allemand a, plus précisément, atteint 17.003,28 points peu après l'ouverture à 08h00 GMT (09H00, heure de Paris).

Et ce alors que la Banque centrale européenne (BCE) doit, elle aussi, faire connaître sa décision, ce jeudi, quant à ses taux, le scénario d'un maintien de ces derniers à leur niveau actuel étant attendu.

L'Inflation au plus bas

Pour rappel, dans l'objectif de juguler l'inflation qui avait atteint pratiquement 10% en juillet 2022 (+9,5% sur un an), la gardienne du dollar avait décidé de monter très rapidement ses taux directeurs, à partir de mars 2022, les faisant passer de proche de 0% début 2022 à la fourchette actuelle depuis l'été 2023, soit leur plus haut niveau depuis 22 ans. Mais depuis cet été, la Fed a calmé le jeu. En effet, il s'agit de la quatrième fois au cours des cinq dernières réunions que l'institution laisse ses taux inchangés.

Cette politique du statu quo est due au ralentissement de l'inflation ces derniers mois. D'après l'indice CPI publié mardi 12 décembre par le département du Travail, celle-ci a légèrement ralenti au mois de novembre pour s'établir à 3,1% sur un an, le chiffre le plus bas depuis cinq mois et toujours plus proche de l'objectif de 2% de l'institution. Jerome Powell a ainsi pris acte du ralentissement de l'activité économique, malgré une inflation toujours « trop élevée » selon lui. Elle devrait néanmoins ralentir un peu plus vite que prévu, pour tomber à 2,4% fin-2024 (contre 2,5% anticipés lors des précédentes prévisions), mais il faudra attendre 2026 pour la voir retrouver le niveau souhaité de 2,0%.

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L'une des explications à ce ralentissement est conjoncturel. « Les craintes d'une propagation du conflit israélo-palestinien à d'autres économies de la région ne se sont pas matérialisées. Cette absence de contagion s'est illustrée par la baisse de 20 % du cours du baril de pétrole, passé de 95 dollars après l'attaque du Hamas (le 7 octobre) à 75 dollars aujourd'hui », explique dans une note Mary-Sol Michel, Directrice de la Gestion sous mandat chez Swiss Life Banque Privée.

Croissance résiliente

Mais selon nombre d'économistes et d'analystes, ce ralentissement vient surtout du resserrement monétaire dont l'impact se fait généralement ressentir 12 à 18 mois après le début de la hausse des taux. En effet, cette action se répercute sur les taux de crédits et des obligations, freinant ainsi la capacité d'endettement et d'investissement des ménages et des entreprises qui vont alors moins consommer et détendre la pression acheteuse qui pousse les prix à la hausse. Face à cette conséquence à retardement de sa politique, la Fed préfère donc lâcher du lest en maintenir ses taux pour examiner les conséquences de cette pression sur le coût de l'endettement.

Et jusqu'ici, toutes les planètes s'alignent pour l'institution monétaire puisque l'économie américaine fait preuve d'une résilience importante. La croissance des Etats-Unis s'est établie à 5,2% au troisième trimestre en rythme annualisé, selon la deuxième estimation du département du Commerce, publiée mercredi. Il s'agit d'une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) plus forte que celle affichée dans la première estimation, à 4,9% et surtout d'un doublement par rapport au trimestre précédent. La prévision de croissance a elle été révisée en légère hausse pour 2023, à 2,6% (contre 2,1%), mais en légère baisse pour 2024, à 1,4%.

 La BCE devrait elle aussi maintenir le niveau de ses taux

 Après la Fed, ce sera au tour de la Banque centrale européenne d'annoncer une hausse de taux ou un maintien, jeudi. Mais là encore, la grande majorité des analystes s'attendent à un maintien des taux à 4%-4,75%, comme lors de sa réunion d'octobre. Certains voient même l'institution européenne baisser ses taux mi voire début 2024, avant même la Fed, après les chiffres d'inflation de 2,9% en novembre dans la zone euro. « L'impression croissante est que la BCE pourrait être la première à réduire ses taux, parce que l'inflation a décéléré brutalement », a commenté Adam Button, de ForexLive. Les opérateurs parient désormais sur un premier abaissement dès mars, ils tablent également sur au moins cinq coups de canif d'ici à fin 2024.

Mais au sein de l'institution, le mot baisse n'est pas encore sur la table. Début décembre, le gouverneur de la banque centrale slovaque, Peter Kazimir, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé que tabler sur une réduction de taux dès le premier trimestre relevait de la « science-fiction ». Fin novembre, sa présidente Christine Lagarde avait rappelé que « ce n'est pas le moment de commencer à déclarer victoire », lors d'un discours à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. « Nous devons rester attentifs aux différentes forces affectant l'inflation et fermement concentrés sur notre mandat de stabilité des prix », avait-elle ajouté.

Commentaires 6
à écrit le 15/12/2023 à 10:00
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@marc469. Vous suivez les mêmes cours de maths que vos amis du royaume de France? [Les taux d'intérêt ont permis de diviser par 2 l'inflation (aux USA)]. Sachez tout de même que l'inflation core aux États-Unis - qui exclut les éléments volatils tels ...

à écrit le 14/12/2023 à 8:51
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Cà n'a pas empêché des sicav d'actions américaines de gagner 68% en un an et demi !

à écrit le 14/12/2023 à 8:04
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"Les analystes anticipent de plus en plus une baisse des taux" Pauvres gens qui n'ont décidément rien à faire de productif dans la vie.

à écrit le 14/12/2023 à 4:14
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De tels taux étaient intenables, et n'ont pas réussi à contenir l'inflation. Cette inflation va repartir à la hausse et devenir de plus en plus forte et structurelle. Il restera la communication et la distraction pour essayer de la masquer.

le 14/12/2023 à 10:40
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Les taux d'intérêt ont permis de diviser par 2 l'inflation.

le 15/12/2023 à 10:30
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On est passé du discours "la banque centrale ne peut rien, ils agitent de l'air et l'inflation ne vas pas redescendre" à "la banque centrale ne peut rien, ils agitent de l'air et l'inflation va remonter". À quel moment vous vous remettez en question...

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