Etats-Unis : malgré la chute de l'inflation, la Fed n'est pas (encore) prête à baisser ses taux

« Tous » les responsables de la Fed ont estimé « qu'il serait approprié de maintenir une politique monétaire restrictive pour un certain temps » afin de s'assurer que l'inflation vient bien se rapprocher de sa cible de 2%, selon le rapport, ou « minutes », de la dernière réunion de la Fed, les 31 octobre et 1er novembre, publié mardi. Au sein de l'Union européenne et en Grande-Bretagne, la tendance est la même.
Lors de sa dernière réunion, le Comité de politique monétaire de la Fed a maintenu les taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, pour la deuxième séance consécutive.
Lors de sa dernière réunion, le Comité de politique monétaire de la Fed a maintenu les taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, pour la deuxième séance consécutive. (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

Aux Etats-Unis, la baisse des taux, ce n'est pas pour demain. Selon le rapport de la dernière réunion de la Fed, les 31 octobre et 1er novembre, publié mardi, les responsables de l'institution ont tous estimé « qu'il serait approprié de maintenir une politique monétaire restrictive pour un certain temps » afin de s'assurer que l'inflation vient bien se rapprocher de sa cible de 2%.

Le Comité de politique monétaire de la Fed avait, lors de cette réunion, maintenu les taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, pour la deuxième séance consécutive, une position qui devrait persister lors de l'ultime réunion de l'année les 12 et 13 décembre, selon le sondage réalisé par CMEGroup.

Les taux ont sans doute atteint leur pic

Après onze hausses depuis mars 2022, et des taux qui ont, au total, pris plus de 5 points de pourcentage, ceux-ci ont désormais atteint leur pic, ou presque, même si le président de la Fed, Jerome Powell, n'a pas fermé la porte à une nouvelle hausse. En effet, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) s'estime « prêt à ajuster l'orientation de la politique monétaire si des risques émergent pouvant remettre en question » l'atteinte de l'objectif de 2%.

États-Unis : pour un responsable de la Fed, les taux vont rester élevés plus longtemps que prévu

En revanche, de son côté, « le marché a complètement renoncé à toute anticipation d'une hausse de taux de la Fed en décembre ou janvier et accorde même 30% de chances à une baisse dès mars », souligne Christopher Vecchio, de Tastylive.

Une inflation mais aussi une croissance en baisse

Un scénario qui risque d'évoluer en fonction de la conjoncture d'une part de l'inflation : cette dernière a d'ailleurs baissé, aux Etats-Unis à 3,2% en octobre sur un an, selon l'indice CPI publié mardi, contre 3,7% en septembre. Néanmoins, la Fed privilégie une autre mesure, l'indice PCE, qui sera publié le 30 novembre.

D'autre part, de la croissance. Ainsi, le FOMC répète par ailleurs ce que la plupart de ses membres ont d'ores et déjà explicité : les prochaines décisions seront prises selon l'évolution des indicateurs macroéconomiques. En l'espèce, les économistes de la Fed anticipent un ralentissement net de l'économie américaine au dernier trimestre, après un troisième trimestre qui a vu la croissance s'accélérer au contraire. Du fait du décalage de la politique monétaire, ils anticipent également « une croissance moins rapide que la croissance potentielle pour les deux prochaines années », avant de retrouver un rythme plus proche en 2026.

En Europe, ne pas « crier victoire malgré la baisse de l'inflation » (Lagarde)

De son côté, la présidente de la BCE Christine Lagarde a prévenu mardi, lors d'une conférence à Berlin, qu'il n'était « pas encore temps de crier victoire » malgré la baisse de l'inflation en zone euro et la pause dans les hausses de taux menées par l'institution.

« Nous pouvons agir à nouveau si nous constatons qu'il y a des risques croissants de ne pas atteindre notre objectif d'inflation », a prévenu la présidente de l'institution qui semble ainsi ne pas exclure un nouveau tour de vis monétaire si nécessaire. « Nous sommes dans une phase (...) que je caractériserais comme étant vigilante et concentrée », a-t-elle ajouté, reconnaissant toutefois que l'inflation avait « considérablement diminué » en zone euro.

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La Banque centrale européenne a maintenu à leur niveau ses principaux taux d'intérêt lors de sa dernière réunion de politique monétaire en octobre, après dix hausses consécutives pour lutter contre l'inflation en zone euro. Cette pause est intervenue alors que la hausse des prix a fortement ralenti dans la zone, à 2,9% en octobre, proche de l'objectif de moyen terme de 2% visé par l'institution. « Le voyage n'est pas terminé, et nous devons terminer ce voyage » a ajouté Christine Lagarde, fermant la porte à une prochaine baisse des taux.

Pour rappel, les taux d'intérêt directeurs de la BCE ont été portés à leur plus haut historique - le principal d'entre eux sur les dépôts campe désormais à 4% - entre juillet 2022 et septembre 2023, pour combattre une inflation record en zone euro dans le sillage de la guerre russe en Ukraine et de la reprise post Covid-19.

Par ailleurs, s'exprimant lundi soir, le gouverneur de la Banque d'Angletter (BoE), Andrew Bailey, a affirmé que malgré le ralentissement de l'inflation au Royaume-Uni, les dernières projections de son institution « (indiquaient) que la politique monétaire (resterait) probablement restrictive pour un certain temps », c'est-à-dire avec des taux élevés durant une période prolongée.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 22/11/2023 à 10:19
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Il serait effectivement particulièrement absurde de baisser les taux d'intérêt alors qu'on vient à peine de les faire monter, c'est le B.A. BA de la gestion. Les constantes de temps de l'économie sont de l'ordre de plusieurs années

le 22/11/2023 à 20:22
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@Charlie. Tout à fait👍

à écrit le 22/11/2023 à 9:51
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Maintenant qu'ils ont fait saigner les peuples du monde en augmentant les taux d'intérêts ils vont pas baisser hein ! Yen a marre des girouettes ! De leur pathologique et si destructrice lutte contre l'ennui.

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