États-Unis : à la veille d'une nouvelle décision de la Fed, l'étau de l'inflation se desserre encore

Selon les derniers chiffres du département américain du Travail, l'inflation a encore ralenti au mois de novembre pour s'établir à 3,1% sur un an. D'après plusieurs experts, cette nouvelle baisse valide de facto la stratégie de la banque centrale américaine (Fed) de hausse des taux, entamée en mars 2022.
Le prix du carburant sont le principal moteur du ralentissement observé, avec un coût à la pompe qui continue de baisser sur un an, mais également sur le mois d'octobre.
Le prix du carburant sont le principal moteur du ralentissement observé, avec un coût à la pompe qui continue de baisser sur un an, mais également sur le mois d'octobre. (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

Les Etats-Unis font un nouveau pas positif dans leur combat contre l'inflation. D'après l'indice CPI publié ce mardi par le département du Travail, celle-ci a légèrement ralenti au mois de novembre pour s'établir à 3,1% sur un an. Un mois plus tôt, elle s'établissait à 3,2%, principalement du fait de la baisse des prix de l'énergie.

Dans le détail, la hausse des prix sur un mois est ainsi en légère hausse, à 0,1%, soit légèrement au-dessus des attentes des analystes, alors que l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, est restée stable par rapport au mois d'octobre à 4% sur un an, au plus bas cependant depuis plus de deux ans.

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L'indice CPI vient confirmer la tendance observée par l'autre indice des prix aux États-Unis, le PCE, qui est celui privilégié par la Réserve fédérale américaine (Fed), pour déterminer sa politique monétaire. Cet indice a terminé le mois d'octobre en hausse de 3% sur un an, là aussi en ralentissement constant.

Carburant et alimentaire moins chers

Les prix du carburant sont les principaux moteurs du ralentissement observé, avec un coût à la pompe qui continue de baisser sur un an, mais également sur le mois. Une bonne nouvelle pour les consommateurs américains, particulièrement sensibles aux variations de ce produit.

L'alimentaire voit également ses prix continuer à ralentir fortement, avec une hausse de 2,9% sur un an mais seulement 1,7% pour l'alimentaire consommé à la maison, la hausse étant plus marquée pour la vente à emporter ou la restauration (+5,3%). Parmi les autres secteurs à observer une baisse des prix, les voitures d'occasion et les services de la santé sont en recul, là encore une nouvelle positive pour les consommateurs américains.

Le logement et les transports encore à la peine

A l'inverse, certains secteurs, bien qu'en ralentissement, connaissent des hausses de prix toujours supérieures à l'indice : c'est particulièrement le cas du logement. En effet la transmission de l'envolée des prix dans un premier temps, puis du ralentissement désormais, se fait sentir avec un décalage. Même son de cloche dans le secteur des transports qui reste confronté à une hausse supérieure à 10% sur un an de ses prix, venant du même coup alimenter l'inflation des prix des services.

Une tendance à la baisse qui se poursuit

Au mois d'octobre, l'inflation américaine avait également baissé aux États-Unis. Elle a atteint 3,2% sur un an, contre 3,7% en septembre, selon l'indice CPI publié par le département du Travail le mois dernier. Il s'agissait alors de la première fois depuis le mois de juin que cette mesure baissait et, sur un mois seulement, elle tombait même à zéro, identique à celle de septembre. Les trois derniers mois, celle-ci était restée stable.

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Mieux, les prix à la consommation avaient décéléré plus fortement que prévu. Les analystes prévoyaient, en effet, en moyenne pour le mois d'octobre un ralentissement à 0,1% d'un mois sur l'autre et à 3,3% en rythme annuel.

Autre mesure qui avait fortement diminué : l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie. En octobre, elle était au plus bas depuis plus de deux ans, à 4% sur un an. Elle était de 0,2% sur un mois, contre 0,3% en septembre. Là aussi, c'est un résultat meilleur que prévu puisque les analystes s'attendaient à ce qu'elle reste stable.

L'économie américaine en bonne voie

Face à une inflation qui s'était rapprochée des 10% en juillet 2022 (+9,5% sur un an), la Fed avait décidé de relever progressivement ses taux dès mars 2022. Ce resserrement de la politique monétaire s'était de facto traduit par une restriction de l'accès au crédit, plus onéreux pour les acteurs économiques, ce qui théoriquement ralentit la consommation et l'investissement, et donc l'économie, pour éviter une envolée des prix.

La publication du département du Travail intervient alors que Fed entame ce mardi sa dernière réunion monétaire, afin de déterminer si elle doit relever une nouvelle fois ses taux, après deux réunions qui les ont maintenus à leur niveau actuel, dans une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%. La décision du comité de politique monétaire sera connue demain, mercredi, à 14 heures (19 heures GMT), mais d'ores et déjà l'immense majorité des analystes tablent sur un maintien des taux, selon l'outil de suivi CME FedWatch.

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D'après de nombreux experts, les États-Unis semblent sur la bonne voie pour ramener leur niveau d'inflation vers l'objectif des 2% fixé par la banque centrale américaine (Fed). « Ces chiffres de l'inflation en octobre nous indiquent que la Fed en a fini (avec la remontée des taux, ndlr), qu'elle n'a plus rien à faire ici », estimait à l'AFP mi-novembre Thomas Hayes, président du fonds Great Hill Capital, à New York.

Et d'ajouter : « Il faut cependant garder un œil sur le potentiel de déflation, mais pour l'instant, c'est le scénario Boucle d'or. C'est ce que la Fed recherchait : ralentir l'inflation, ralentir le marché du travail et en même temps tenir l'économie ».

Un avis que partageait aussi Lindsay James, cadre chez Quilter Investors. « Les données d'inflation d'aujourd'hui aux États-Unis ont offert un signal supplémentaire selon lequel le travail de la Réserve fédérale (de rehaussement des taux directeurs, ndlr) est probablement terminé », soulignait-t-elle auprès de l'AFP.

Commentaire 1
à écrit le 12/12/2023 à 18:01
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