Bourses : les espoirs des marchés douchés par la mise en garde de la Fed

Alors que le CAC 40 affichait une remarquable hausse de près de 5% en 15 jours, l’annonce de Jerome Powell, jeudi soir, semble avoir cassé cette dynamique. Le Président de la Fed a en effet réaffirmé qu’une nouvelle hausse des taux était envisageable « si nécessaire », faisant planer la crainte d'une politique monétaire qui resterait restrictive plus longtemps que prévu et qui pèserait sur les entreprises.
Maxime Heuze
Le président de la Réserve fédérale américaine qui a affirmé dans la même soirée que « nous n'hésiterons pas » à relever encore les taux directeurs « si nécessaire » face à la forte inflation.
Le président de la Réserve fédérale américaine qui a affirmé dans la même soirée que « nous n'hésiterons pas » à relever encore les taux directeurs « si nécessaire » face à la forte inflation. (Crédits : Sergio Perez)

[Article publié le 10/11 à 17h21, mis à jour à 18h10]

L'euphorie a été coupée net. Alors que le CAC 40 avait retrouvé son point haut du 11 octobre, à 7,114 points, en clôture jeudi soir, la confiance des investisseurs américains mais aussi européens et a été douchée par Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine qui a affirmé dans la même soirée que « nous n'hésiterons pas » à relever encore les taux directeurs « si nécessaire » face à la forte inflation.

Une mise en garde qui a fait plonger les Bourses européennes ce vendredi. Ainsi, l'indice Allemand Dax a clôturé à -0,77% à 18h quand l'indice parisien et le FTSE 100 britannique perdaient respectivement 0,96% et 1,28%. Du côté américain, le S&P 500 perdait 0,81% jeudi soir quand le Nasdaq lâchait 0,94%.

Des investisseurs tentés par une prise de profits

Pourtant, le discours du banquier central n'a rien d'inquiétant et reste empli de conditionnel. « Personne ou presque ne croit à une hausse des taux en décembre mais cette nouvelle annonce laisse craindre que les taux directeurs restent hauts pendant une longue période », explique Alexandre Baradez, analyste marchés chez le courtier IG France.

Cette nouvelle incertitude n'est donc pas censée effrayer les marchés... C'est sans compter sur le fait que cette dernière arrive après « un rallye boursier que nous n'avons plus vu depuis deux ans, avec 9 séances de hausses consécutives sur l'indice de la tech américaine Nasdaq (et un CAC 40 qui a bondi de 5% entre le 27 et le 9 novembre, ndlr) », rappelle Antoine Fraysse-Soulier, analyste marchés chez eToro. Il en fallait donc peu pour que les investisseurs se décident à prendre leurs profits, d'autant que « nous sommes dans le dernier mois de l'année donc les investisseurs sont très actifs pour boucler leurs bénéfices avant le 15 décembre », ajoute l'analyste d'eToro.

Novembre sous le signe d'un rallye haussier

A l'origine du rebond de novembre : une saison de résultats du troisième trimestre meilleure qu'attendue.

Après un mauvais démarrage et des déceptions autour de grosses sociétés comme LVMH, Worldline en France ou encore Tesla aux Etats-Unis, de nombreuses sociétés se sont finalement montrées plus résilientes. Sur 39 sociétés du CAC 40 ayant publié leurs résultats trimestriel, 36% ont affiché des performances supérieures aux attentes des analystes, 41% ont répondu conformes aux attentes et 23% ont déçu le consensus « ce qui n'est pas si mauvais par rapport aux craintes que nous avions suite aux premiers signes de ralentissement économique », reconnaît Antoine Fraysse-Soulier.

Lire aussiEconomie mondiale : les mauvais signaux se multiplient sur fond de tensions au Proche-Orient

Mais surtout la pause sur la hausse des taux directeurs décidée par la Fed lors de sa réunion du 19 octobre, couplée à un discours accommodant a rassuré les investisseurs, engendrant une baisse des taux obligataires. Ainsi, alors que le bond du trésor américain à 10 ans a vu son taux toucher les 5% 19 octobre -provoquant un plus bas mensuel en Bourse- il est progressivement redescendu après l'annonce de pause de la Fed pour s'établir autour de 4,6% ce vendredi.

« Or, les taux obligataires sont vraiment une donnée importante pour le marché action car ces derniers impactent toute l'économie », affirme Julien Quistrebert, gérant actions chez Taylor Asset Management.

En période de taux hauts, en effet, le coût de l'endettement augmente ce qui tend à nuire aux résultats des entreprises mais aussi a diminuer le calcul de leur valorisation basé en partie sur les taux des obligations d'Etats.

Jusqu'à la séance d'hier, les marchés entrevoyaient donc une fin des temps difficiles pour les entreprises dès 2024. Un espoir que le président de la Fed s'est empressé d'abattre en rappelant ce vendredi que sa politique restrictive était loin d'être terminée. « Powell maintient justement un discours restrictif pour tendre les taux obligataires et que ces derniers ralentissent l'économie et jugulent l'inflation sans avoir besoin d'effectuer une nouvelle hausse de taux directeurs », interprète notamment Alexandre Baradez. L'incertitude devrait donc encore peser sur les marchés en cette fin d'année bercée entre espoirs et craintes.

Maxime Heuze

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 11/11/2023 à 11:20
Signaler
Quand les disciples (de la haute finance) ne sont plus que suspendus aux lèvres du messie, le monde tremble, pourtant Powell n'a jamais nié son biais "hawkish". À l'opposé, le quidam surveillera la propagande "dovish" de la sphère politique, comme il...

à écrit le 10/11/2023 à 20:27
Signaler
Et ils ont bien raison et il faudra qu'ils les relèvent encore de toutes façons mais leur marge est limitée alors pendant ce temps temporiser des marchés financiers hystériques, parce que ce n'est que ça, qui vont s'emballer sur tel ou tel phénomène ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.