La fracture s'intensifie entre les deux Corées, Pyongyang abolit sa coopération économique avec Séoul

Le parlement nord-coréen a décidé d'abolir sa législation sur la coopération économique avec son voisin sud-coréen. Cette décision accentue ainsi la détérioration des relations entre les deux Corées, au plus bas depuis des décennies.
Un officier sud-coréen garde la route qui mène à la zone industrielle de Kaesong entre les deux Corées, autrefois symbole de la coopération entre les deux pays.
Un officier sud-coréen garde la route qui mène à la zone industrielle de Kaesong entre les deux Corées, autrefois symbole de la coopération entre les deux pays. (Crédits : REUTERS/Kim Hong-Ji)

Les relations se tendent encore un peu plus entre les deux Corées. Lors d'une réunion plénière de l'Assemblée populaire suprême du Nord mercredi, ses représentants ont voté l'abolition de la loi sur la coopération économique intercoréenne. « Avec une approbation unanime », a rapporté l'agence d'État nord-coréenne KCNA.

Le parlement nord-coréen a également approuvé à l'unanimité un plan visant à abolir une loi spéciale sur le fonctionnement du projet touristique du mont Kumgang. Cette station avait été construite par la société sud-coréenne Hyundai Asan sur l'une des montagnes les plus pittoresques du Nord et a attiré des centaines de milliers de visiteurs du Sud. Visites qui ont brusquement pris fin en 2008 lorsqu'un soldat nord-coréen a abattu un touriste du Sud qui s'était écarté d'un chemin autorisé.

Cette station était autrefois l'un des plus importants symboles de la coopération entre les deux pays. Tout comme le complexe industriel de Kaesong, lancé à la suite d'un sommet intercoréen en 2000. Aujourd'hui fermé, on y trouvait des entreprises du Sud qui employaient des travailleurs nord-coréens tout en payant Pyongyang pour leurs services. Séoul s'était retiré du projet en 2016, en réponse à un essai nucléaire et à des tirs de missiles par le Nord, estimant que les bénéfices de Kaesong contribuaient à financer les provocations.

L'ombre de la guerre entre les deux Corées

Cette décision d'abolir la loi sur la coopération économique intercoréenne intervient dans un contexte déjà tendu entre les deux pays. Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit en 1953. Pour rappel, ce dernier s'est conclu sur un armistice, et non un traité de paix. Dans leur Constitution respective, chacune revendique la souveraineté sur l'intégralité de la péninsule coréenne et considère l'autre comme une entité illégale. Si bien que, depuis plus de 70 ans, les deux territoires connaissent une alternance de périodes d'aggravation des tensions et de relative détente.

Lire aussiRegain de tensions entre les deux Corées : Pyongyang rompt un accord militaire avec Séoul

Leurs relations sont actuellement au plus bas depuis des décennies. Les liens sont gelés depuis que Pyongyang accélère ses programmes d'armement et que Séoul intensifie sa coopération militaire avec Washington et Tokyo. Et depuis un mois, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, enchaîne les déclarations chocs. Il a notamment fait savoir que Séoul est le principal ennemi de Pyongyang. Il a aussi supprimé les agences dédiées à la réunification et a menacé d'occuper le Sud en cas de guerre. Il a assuré que la Corée du Nord ne déclenchera pas « unilatéralement » un conflit, selon KCNA, mais qu'il n'a « pas non plus l'intention d'éviter une guerre ».

En parallèle, le dirigeant de Pyongyang multiplie les essais d'équipement militaires ces dernières semaines. Au programme, un « système d'armement nucléaire sous-marin » et un missile balistique hypersonique à combustible solide. Vendredi dernier encore, Kim Jong Un a inspecté des navires militaires dans le cadre d'une nouvelle campagne visant à soutenir ses forces navales.

Pyongyang mise sur le tourisme... des visiteurs de Russie

Si les relations entre les deux Corées se dégradent, l'idylle de Pyongyang avec son autre voisin, la Russie, est au beau fixe. Le site internet NK News, basé à Séoul, a rapporté que des touristes russes devraient se rendre au Nord ce mois-ci. Or, après des années de fermeture de ses frontières suite au Covid-19, la Corée du Nord pourrait profiter de la reprise de son activité touristique.

Un moyen, pour elle, de générer de l'argent liquide, ce qui pourrait cependant violer les sanctions internationales imposées à Pyongyang en raison de ses programmes d'armement nucléaire et balistique.

Plus globalement, la Russie et la Corée du Nord, alliées de longue date, affichent un rapprochement depuis le voyage du dirigeant nord-coréen dans l'Extrême-Orient russe, en septembre 2023 pour rencontrer le président russe, Vladimir Poutine. Et fin janvier, une délégation nord-coréenne dirigée par le ministre des Affaires étrangères Choe Son Hui était à Moscou pour une visite officielle.

Quelques jours plus tard, cette dernière a déclaré que la Corée du Nord était « prête à recevoir l'ami le plus proche du peuple coréen avec la plus grande sincérité », à savoir Vladimir Poutine. Ce qui attise les inquiétudes occidentales quant à de possibles transferts d'armement nord-coréen à Moscou pour sa guerre en Ukraine.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 09/02/2024 à 6:33
Signaler
Au niveau production d’armement, la Corée du Sud est prête à faire face à la Corée du Nord, avec un accent mis sur sa puissance de feu. La production locale d’Armement leur permettra de durer. L’incertitude est plutôt reportée sur les acheteurs inter...

à écrit le 08/02/2024 à 23:50
Signaler
La mendicité (alimentaire) est-elle une forme de Coopération?

à écrit le 08/02/2024 à 13:26
Signaler
Les Russes ne sont pas assez benêts pour aller passer leurs vacances en Corée du Nord. A moins d'y être forcés. Déportés serait le mot le plus juste🤣 Quand à la Corée du Nord qui se referme, c'est que ça ne doit pas aller très bien chez elle. L'ami ...

à écrit le 08/02/2024 à 12:55
Signaler
Tiens, comme c'est "étonnant de constater" à quel point la géopolitique mondiale vient rebrasser les cartes🤡 Les uns en cherchant à n'importe quel prix - plus précisément depuis 2008 - à s'affranchir des "maîtres du monde", les États-Unis, quitte à d...

le 08/02/2024 à 13:33
Signaler
@Raymond - Le communisme de marché, c'est le gouvernement Stalino Communiste de Xi Jin Ping. Entre 2 maux, le choix est vite fait même si je préférerais que les Américains restent chez eux "US GO HOME ", ça me va, mais...peut on faire sans eux? Pou...

le 09/02/2024 à 9:13
Signaler
Valbel89. [=> dans l'état du Monde actuel<= , l'Europe peut elle faire sans eux? NON!] Non, effectivement, nous avons déjà fait le choix de la servitude volontaire depuis bien longtemps.

à écrit le 08/02/2024 à 11:45
Signaler
Pauvre peuple coréen pris en otage entre la dictature politique et la dictature financière pas étonnant qu'il soit le renouveau en matière de créativité avec tout ce qu'ils endurent.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.