Accéléré depuis les années 1970, le processus de mondialisation a-t-il atteint ses limites ? Oui à en croire la représentante américaine au Commerce, dans un discours qu'elle doit prononcer ce jeudi à Washington et que l'AFP a pu consulter. Selon Katherine Tai, l'enchaînement des crises, en particulier la pandémie et la guerre en Ukraine a souligné « la fragilité des chaînes d'approvisionnement et la version insoutenable de la mondialisation » dans sa forme actuelle.
« Il est parfaitement clair que ces défis ont des répercussions sur la politique de concurrence ainsi que sur la politique commerciale », va-t-elle insister, soulignant que « notre chaîne mondiale d'approvisionnement, créée pour maximiser l'efficacité à court terme et minimiser les coûts, doit être réinventée afin d'en assurer la résistance ».
« Des chaînes d'approvisionnement solides sont vitales pour une meilleure sécurité économique et nationale », doit rappeler Katherine Tai.
Les grandes puissances se recentrent sur elles-mêmes
Afin de réduire notamment leur dépendance à la Chine en matière commerciale, les États-Unis ont lancé plusieurs projets de réindustrialisation et d'investissement dans des secteurs considérés comme essentiels, tels que les batteries de véhicules électriques, les semi-conducteurs ou l'énergie propre.
Un choix politique qui a suscité des craintes parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, en particulier l'Union européenne, le Japon et la Corée du Sud, qui craignent une guerre des subventions visant à attirer les entreprises sur les territoires des différents pays. C'est en particulier l'IRA (Inflation Reduction Act), le grand plan climat voté l'été dernier et promettant d'importantes subventions, qui a cristallisé ces craintes.
L'UE y a d'ailleurs répondu par un projet équivalent intégrant des subventions sensiblement similaires. Le gouvernement français notamment porte l'ambition de réindustrialiser le pays d'ici 2030, promettant des milliards à la clé. « Nous avons un nouveau rapport à la mondialisation. Chacun a compris qu'il valait mieux produire les choses chez soi. Tout simplement parce que c'est trop risqué de les produire ailleurs », comme l'expliquait en septembre dernier le ministre de l'Économie Bruno Le Maire à La Tribune.
(Avec AFP)