Le baril de pétrole à 150 dollars (voire plus) prochainement : le sombre scénario d'un négociant de renom

Plusieurs acteurs du marché pétrolier prévoient une hausse des cours, qui évoluent ces derniers jours au-dessus des 120 dollars, en raison d'une offre mondiale qui peine à répondre à la demande, qui pourrait reculer en fin d'année.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Le prix du baril de pétrole brut va atteindre 150 dollars, voire plus, dans les six prochains mois. Un niveau par conséquent supérieur au record de juillet 2008 où il a flirté avec les 148 dollars ! Ce pronostic sombre n'est pas formulé par n'importe qui, mais par Jeremy Weir, PDG de Trafigura, l'un des plus importants négociants de matières premières au monde, en particulier de pétrole.

Un tel niveau constituerait une hausse de quelque 22% par rapport au cours actuel du Brent, qui évoluait en fin de matinée au-dessus des 123 dollars le baril, tandis que celui de WTI se situait sous les 122 dollars.

"Nous sommes dans une situation critique", a-t-il indiqué lors d'un débat organisé mardi par le Financial Times. Selon lui, l'embargo des pays occidentaux sur les importations de pétrole en provenance de la Russie, imposé en réponse à son invasion de l'Ukraine en février, est venu exacerber les tensions sur une offre limitée "en raison d'années de sous-investissement". Ces prix élevés pourraient entraîner "une destruction de la demande probablement à la fin de l'année", prévoit le PDG de Trafigura.

Il n'est pas le seul à voir cette hausse dans sa boule de cristal. Dans une note adressée à leurs clients, les experts de la banque américaine Goldman Sachs ont révisé à la hausse leurs projections de cours moyen du Brent pour le troisième trimestre de 125 à 140 dollars.

Demande saisonnière

Outre une demande saisonnière qui augmente de 2 millions de barils par jour (mb/j) entre les deuxième et troisième trimestre, cette révision est justifiée par la résorption de l'excédent du marché en avril et mai favorisé par le recours aux réserves stratégiques des pays de l'OCDE et le quasi arrêt de l'activité économique dû aux confinements en Chine, notamment à Shanghaï.

Mais avec l'embargo européen sur les importations de pétrole russe, la reprise de l'activité en cours en Chine et le pic de consommation d'essence de la saison estivale, la modeste hausse de l'offre de l'Opep+, plus théorique que réelle, ne suffira pas à équilibrer un marché qui va se retrouver dans un déficit structurel.

Pourtant, estimait début février Fitch Solutions, "les investissements pétroliers et gaziers mondiaux devraient afficher une deuxième année de croissance en 2022, augmentant de 11,6 % en glissement annuel pour atteindre 533 milliards de dollars après que les prévisions de 2021 suggèrent une croissance de 14,1 %, les prix élevés du pétrole favorisant un retour sur investissement".

Mais cela ne sera visiblement pas suffisant dans un contexte où la transition énergétique milite en faveur d'un désinvestissement dans le secteur pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, dont les émissions de gaz à effet de serre contribuent largement au réchauffement climatique.

Vigueur du dollar

A ces difficultés, s'ajoute un facteur monétaire. La vigueur du dollar rend mécaniquement plus onéreux les achats de pétrole - largement libellés en billet vert - pour les pays importateurs, notamment pour l'Europe et le Japon, ou encore le Royaume uni. Si exprimé en dollars, le prix du baril de Brent reste 20% en dessous de son record historique de 2008, en revanche, il est au plus haut historique lorsqu'il est exprimé en euros, en sterling ou en yen. Globalement, c'est 35% de la demande mondiale qui est ainsi payée à ces prix historiques, estime l'agence Bloomberg.

A contrario, ces prix élevés profitent aux compagnies pétrolières. Ainsi, le cours de l'action d'Exxon Mobil a battu cette semaine son record historique à plus de 105 dollars, sur le marché boursier de New York. Sur un an, le cours s'est apprécié de 67%, tout comme l'indice Dow Jones US Oil&Gas, qui agrège les cours de 36 sociétés américaines du secteur. Il a bondi de 64% en un an.

Robert Jules
Commentaires 18
à écrit le 19/06/2022 à 17:43
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Allons chercher nous même le pétrole, et ecrasons les pays qui nous mettent sur la paille, producteur et spectateurs

à écrit le 16/06/2022 à 11:43
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Pourquoi le prix des carburants à Malte = EUROPE n'a pas changé depuis plusieurs mois ? 1.34€/L unleaded — 1.210€/L diesel — 1.49€/L power DATE 03 JUIN 2022

à écrit le 14/06/2022 à 18:48
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150 dollars me semble bien naturel. On sait que le pétrole s'amenuisera petit à petit. Quid de la consommation des moteurs, du rendement énergétique. Près de 70 ans sans évolution depuis la panhard, ses 6 places, 5 l aux 100, un CX inférieur à 28, ...

à écrit le 11/06/2022 à 16:08
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Bonjour, Plus le carburant sera chère et plus vite la transition énergétique sera faite... Donc un bien dans un Meaux... Mais certains tués le petit cheval avant l'heure... Dommage pour eux la ruines sera plus rapide...

le 13/06/2022 à 21:00
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La transition énergétique inenvisageable sans les métaux rares fournis par la Chine et la Russie? Selin La tribune "une bonne partie d'entre eux - notamment les terres rares, ces 17 matières minérales aux spécificités uniques -, sont largement extrai...

à écrit le 11/06/2022 à 4:25
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Loin des dogmes, la gouvernance du pays doit être celle du peuple, par le peuple et pour le peuple. Loin des dogmes, l'idée de base de la construction européenne était de permettre à ses participants de rassembler son intelligence, ses forces et ses...

le 21/06/2022 à 10:33
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Merci pour votre commentaire d'une intelligence rare ! La Macronie totalement en perte de vitesse et complétement dépassée les événements cherchaient un mot pour redorer leur blason ; ils sont donc ouvert un dictionnaire pour choisir un mot et son t...

à écrit le 10/06/2022 à 23:42
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La betise de nos dirigeants est sans limite . Personne ne sait comment ca va finir pour nous citoyens français qui sommes les dindons de la farce US , des US dirigé par un vieillard senile piloté par les industriels de l'armement . Ici une augmentati...

le 11/06/2022 à 7:28
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Le monde libre est en grand danger avec la Russie et la Chine .Allez vivre dans ces 2 pays! Il est impossible pour des états libres et démocratiques d'avoir des relations normales avec ces 2 puissances. les régimes fascistes et communistes ne respec...

à écrit le 10/06/2022 à 17:52
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Les américains en faisant croire aux ukrainiens qu'ils entreraient dans l'OTAN nous ont fait rentrer dans un engrenage dont ils seront les seuls gagnants. En continuant à fournir des armes on ne va que pérenniser un conflit meurtrier dont les spectat...

à écrit le 09/06/2022 à 19:19
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Quelqu'un pourrait expliquer à Bruno Lemaire et à Emmanuel Macron comment fonctionne un boomerang?

le 09/06/2022 à 23:49
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Vous pourrez toujours l expliquez aux russes qui connaissent 17,8% d inflation, des pénuries de composants électroniques, des pénuries alimentaires… mais grâce aux vols des productions agricoles ukrainiennes dans ses ports occupés par la mafia Rus...

à écrit le 09/06/2022 à 18:21
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Les suisses Trafigura et Glencore, entre autres, bossent grâce à la Russie. La Suisse est le N°1 mondial des négoces des matières. La Suisse fait du chiffre grâce à la Russie. Quelle confiance? Lobbysme?

à écrit le 09/06/2022 à 16:56
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Vous avez aimé les sanctions ? Vous adorerez la crise économique mondiale qu'elles auront déclenchée !

le 09/06/2022 à 19:20
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@Britannicus En matière économique et financière avons nous vécu plus de 5 ans sans une crise plus ou moins violente?Non!

le 09/06/2022 à 23:45
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Avec vous on aimerait la Russie… la Chine et Erdogan joli programme !!

à écrit le 09/06/2022 à 14:21
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Comme quoi ceux qui disent que le pétrole fait partie du passé, et qu'on va s'en passer, n'ont rien compris au monde dans lequel ils vivent

le 09/06/2022 à 19:17
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@Charlie Et pourtant...Le pétrole c'est déjà le passé. Nous sommes bien passés de la locomotive à vapeur à la traction à mazout, puis 'électrique. Le problème est désormais de savoir s'il y aura assez d'électricité et de batteries en attendant l...

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