Après l'embargo européen sur le pétrole russe, l'Opep+ ouvre ses vannes

Les pays membres du partenariat vont augmenter leur offre de 648.000 barils par jour (b/j) en juillet et août, contre 432.000 b/j, initialement prévus. Si cette hausse ne compensera pas la perte des exportations de pétrole russe, elle répond à la demande des Etats-Unis et de l'Europe. Les prix du baril restaient stables autour de 115 dollars.
(Crédits : Reuters)

Après

Après des mois d'attentisme malgré l'envolée des cours provoquée par la guerre en Ukraine, les membres de l'Opep+ ont finalement décidé jeudi lors de leur réunion d'augmenter leur offre de pétrole, comme le leur demandaient les Occidentaux, en particulier les Etats-Unis.

Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix partenaires (Opep+) ont convenu que "la production de juillet serait ajustée à la hausse de 648.000 barils par jour" ainsi que celle d'août, contre les 432.000 barils fixés les mois précédents, a annoncé l'alliance dans un communiqué.

Entorse à la stratégie

Cette décision intervient après l'annonce lundi par les 27 pays de l'Union européenne d'un embargo immédiat sur deux tiers des importations de pétrole russe, qui sera porté à 90% d'ici la fin de l'année. Les craintes de tensions sur l'offre mondiale a fait changer d'avis le cartel, qui rappelle "l'importance de marchés stables et équilibrés".

Après la publication du communiqué, les prix du brut étaient stables. Le cours du baril de Brent évoluait autour de 116 dollars, celui du baril de WTI autour de 115 dollars.

Néanmoins, la décision de l'Opep+ est une entorse à sa stratégie qui s'était limitée depuis le printemps 2021 à de modestes augmentations de ses quotas, pour retrouver ses niveaux d'avant la pandémie de Covid-19. Le groupe n'avait jusqu'ici jamais dévié de sa ligne, même après l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a accentué les tensions sur le marché.

Techniquement, l'augmentation décidée est répartie proportionnellement entre chacun des membres, avec des quotas identiques pour Moscou et Riyad, les deux piliers de l'alliance. L'Opep+, qui pompe environ la moitié du pétrole mondial, s'est formée en 2016 pour ajuster l'offre et réguler les cours du baril.

Certains toutefois s'interrogent sur la pérennité de l'entente dans les circonstances actuelles. "La Russie s'est transformée en paria", assène Bjarne Schieldrop, analyste de Seb, qui voit "dans l'apparente intensification de la navette diplomatique entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite" le signe "qu'un changement est peut-être proche" alors que les sanctions s'accumulent sur le Kremlin.

Evolution de la position de l'Arabie saoudite

L'Arabie saoudite est longtemps restée sourde aux appels. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, avait réaffirmé lors du récent Forum économique mondial de Davos que "le royaume avait fait ce qu'il pouvait""La situation est plus complexe que simplement ajouter des barils au marché", a-t-il insisté, tandis que les membres du G7 pointaient le "rôle clé" de l'Opep+ face au "resserrement des marchés internationaux".

Pour les pays exportateurs, la situation est idéale, bénéficiant à la fois des parts de marché et de cours qui se sont durablement installés au-dessus des 100 dollars: l'Arabie saoudite a ainsi enregistré au premier trimestre sa croissance la plus forte en dix ans.

Toutefois, malgré ces quotas légèrement révisés à la hausse, l'Opep+ ne pourra pas remplacer tous les volumes perdus de la Russie du fait des difficultés de certains de ses membres à atteindre leurs objectifs, soulignent les analystes.

Commentaires 2
à écrit le 02/06/2022 à 21:50
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On parie que ça ne suffira pas pour faire baisser le prix de la benzine dans les pays de l'UEl?

à écrit le 02/06/2022 à 17:21
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Faiblard comme augmentation, qu'en pensez-vous ?

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