Le Royaume-Uni avance ses pions dans les négociations commerciales avec l’UE

Le Royaume-Uni va dévoiler sa version d’un accord commercial avec l’UE afin de faire monter les enchères auprès de Bruxelles avant le deuxième cycle de négociations post-Brexit qui aura lieu la semaine prochaine. Un article de notre partenaire Euractiv.
Michael Gove, le ministre du Bureau du Cabinet.
Michael Gove, le ministre du Bureau du Cabinet. (Crédits : Phil Noble)

Dans une déclaration écrite publiée lundi 9 mars, Michael Gove, le ministre du Bureau du Cabinet, a annoncé aux députés que les négociateurs britanniques déposeraient un certain nombre de textes juridiques, dont un projet d'accord de libre-échange avec l'UE, avant la reprise des négociations. Le prochain cycle de négociations aura lieu du 18 au 20 mars à Londres. Michael Gove a ajouté que le premier cycle de négociations, qui s'est tenu à Bruxelles la première semaine de mars, avait « dans certains domaines » permis d'« identifier un niveau de compréhension commune du terrain que les futures négociations pourraient couvrir ». « Dans d'autres domaines, tels que la pêche, la gouvernance, le règlement des différends, ainsi que sur les « conditions de concurrence équitables », il y a eu, comme prévu, d'importantes différences », a-t-il ajouté.

Le gouvernement britannique veut conclure un nouvel accord sur la pêche, fondé sur la méthodologie scientifique qui avait été employée pour élaborer le pacte entre l'UE et la Norvège dans ce secteur. La pêche, tout comme l'aviation, le nucléaire civil et la coopération policière et judiciaire, fait partie des secteurs que le Royaume-Uni voudrait négocier indépendamment de l'accord de libre-échange principal avec l'UE.

Des approches contrastées

À Bruxelles, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a une nouvelle fois mis en garde le Royaume-Uni : si celui-ci souhaite conserver un accès facile au marché unique de l'Union, il doit adhérer aux règles de l'UE. « Nous sommes conscients qu'il existe des différences d'approche à propos du périmètre que le futur accord doit couvrir et des règles du jeu que tout le monde doit respecter », a déclaré Ursula von der Leyen aux journalistes à Londres. « Il est donc important que le Royaume-Uni se décide - plus il voudra être proche d'un accès au marché unique, plus il devra respecter les règles du jeu qui le régissent », a-t-elle ajouté.

De leur côté, les responsables britanniques insistent sur le fait que leur gouvernement n'entend ni affaiblir « les protections existantes » ni nuire aux politiques de l'UE en matière de concurrence et de subventions. « Concernant le respect de règles du jeu équitables, nous nous engageons à discuter d'une concurrence ouverte et loyale. Nous ne diluerons aucune des protections existantes », ont-ils assuré. C'est le pacte commercial UE-Canada que le Royaume-Uni voudrait voir servir de modèle à son propre accord avec l'Union. Selon les représentants britanniques, le gouvernement de Boris Johnson n'acceptera, à l'avenir, ni un alignement sur les règles de l'UE, ni sur toute juridiction de la Cour de justice européenne basée à Luxembourg.

Bataille à l'horizon

Les premières salves, dans le cadre des négociations sur le futur partenariat, ont révélé un sentiment belliqueux encore plus net que celui qui avait marqué le processus d'application de l'article 50, deux fois prolongé, sur l'accord de retrait. Le Premier ministre Boris Johnson a déclaré à plusieurs reprises que si le Royaume-Uni n'obtenait pas un accord similaire à celui conclu entre l'UE et le Canada, les échanges commerciaux entre l'Union et le Royaume-Uni seraient régis selon les règles de l'Organisation mondiale du commerce.

Au début du mois de mars, Michael Gove a prévenu que le Royaume-Uni était prêt à se retirer des négociations en juin si Londres estimait que les progrès réalisés en vue de finaliser un pacte commercial d'ici à l'automne étaient insuffisants. Les responsables britanniques ont cependant relativisé l'importance de l'échéance de juin, date à laquelle un sommet doit avoir lieu à Bruxelles. Ils ajoutent qu'il est peu probable que Londres établisse un ensemble de critères spécifiques pour juger de l'avancée des discussions. Mais l'exécutif souhaiterait que d'ici là, l'UE soit prête à faire des compromis sur les équivalences concernant le lucratif secteur des services financiers du Royaume-Uni.

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Par Benjamin Fox, Euractiv.com (traduit par Sandra Moro)

(Article publié le mercredi 11 mars 2020 à 9h42)

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Commentaires 7
à écrit le 12/03/2020 à 18:31
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UE la vache à lait du monde, pourquoi exiger de la GB ce que nous ne faisons pas avec la Chine, l'Inde... Bientôt se sera le tour de la Pologne de s’arrimer au USA....

le 12/03/2020 à 20:10
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UE la vache à lait du monde! que nous finançons de nos nos bons deniers, l' UE ne vit que des fonds qu' elle pique aux états membres ..

à écrit le 12/03/2020 à 13:32
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Cyniquement, à" l'anglaise", il faut profiter de la crise du Corona virus pour mettre les Anglais au pied du mur en ce qui concerne les "services" financiers, qui, toujours à l"'anglaise", ne profitent qu'à une poignée de spéculateurs. L' Europe a un...

à écrit le 12/03/2020 à 10:41
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Nos amis anglais s'y entendent pour plumer la volaille européenne!

à écrit le 12/03/2020 à 10:41
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Ce n'est pas parce que Bruxelles le décide que nous ne pourrons pas manger du pudding!

à écrit le 12/03/2020 à 9:02
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Avec une europe totalement corrompue c'est trop facile pour les anglais ils ont intérêt à exposer des difficultés quand même...

le 12/03/2020 à 11:14
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Citoyen blasé ? non : désespéré !!!!!!

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