Les maires, champions de la croissance inclusive

[ CITIES FOR LIFE, les 21 et 22 novembre à Paris ] L’OCDE, la Mairie de Paris et la Fondation Ford ont lancé Le Plan d’Action des Maires Champions pour la croissance inclusive. Pour eux, les villes, qui représentent 60 % des créations d'emplois, doivent être « au cœur du combat pour l'égalité économique ».
Pour Khalifa Sall, maire de Dakar (Sénégal), « la vie se déroule dans ce réseau de villes inclusives qui partagent les mêmes valeurs. Nous construisons l'inclusion à partir de la première des infrastructures : les ressources humaines ».

Le constat d'Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique), est sévère : « Beaucoup de gens se sentent exclus et oubliés et ils ont raison. Les 1 % les plus riches possèdent 20% des ressources mondiales. En l'espace d'une génération, il y a eu 30% à 40%  de déclassés en plus dans le monde. » C'est pourquoi, selon lui, les villes, qui représentent 60 % des créations d'emplois, doivent être « au cœur du combat pour l'égalité économique ». Mais à l'intérieur même des centres urbains, les inégalités en matière de santé, d'éducation, d'accessibilité aux services publics sont flagrantes : « On peut constater une différence d'espérance de vie de 20 ans dans la même ville ! », s'insurge le secrétaire général de l'OCDE. D'où l'intérêt de ce plan d'action lancé aujourd'hui sous les ors de la Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville. Le rapport que l'organisation vient de publier montre que les quatre piliers de la ville inclusive sont l'éducation et la formation, le marché local de l'emploi, l'habitat et les transports. « Les maires font des progrès sur les deux premiers », indique Angel Gurria, qui craint néanmoins que l'écart avec les villes plus petites ne s'accroisse dans le domaine de la distribution des emplois qualifiés.

Anne Hidalgo dit avoir répondu immédiatement à cette proposition « car même si le constat est pessimiste, nous avons la chance d'avoir une grande organisation internationale qui pense l'avenir du monde et délivre un message optimiste sur les opportunités de faire évoluer cette situation à condition de travailler ensemble ». Paris s'est saisi de cette convergence entre business et inclusion sociale dès 2014, avec par exemple le plan Paris Code qui forme chômeurs et jeunes sortis du système scolaire au codage informatique, qualifié de « nouveau sésame pour l'emploi » par la maire de Paris. Autre action engagée depuis 15 ans : l'accès au logement social, qui vise à permettre aux personnes fragiles et aux classes moyennes de se loger.

Les hommes, première infrastructure

Cette initiative est-elle adaptée aux cités des pays en développement ? « Oui », répond Khalifa Sall, maire de Dakar (Sénégal), pour qui « la vie se déroule dans ce réseau de villes inclusives qui partagent les mêmes valeurs. Nous construisons l'inclusion à partir de la première des infrastructures : les ressources humaines ». Alors que l'Afrique accuse, selon Khalifa Sall, « cinquante ans de retard en matière de développement », les instruments de la modernité, comme les technologies numériques, « vont devenir un moyen d'enjamber ce demi siècle perdu et d'envisager d'un oeil neuf la gestion de l'eau, de l'environnement, de la mobilité ». Bien sûr, tout développement a un coût, mais le maire de Dakar estime que le pays émergents doivent d'abord se développer eux-mêmes, avant d'envisager des partenariats avec les pays plus riches.

Darren Walker, président de la Fondation Ford, a expliqué pourquoi cette organisation philanthropique, qui soutient la défense de la démocratie, la réduction de la misère et la promotion de la bonne entente entre nations, s'occupe désormais des villes. « Nous croyons que nos actions doivent se focaliser sur les villes car c'est là que se trouvent les inégalités raciales, ethniques, politiques qui déstabilisent l'existence même de ces centres urbains. Les maires sont plus importants que jamais car ils savent mieux que personne ce qui se passe au niveau local. La Ford Fondation veut aider les maires innovateurs. »

Virginia Raggi, maire de Rome, conclut cet échange en affirmant que « Rome et ses 2800 ans d'histoire veut devenir une des capitales de la modernité, une ville inclusive et ouverte à tous, pas seulement aux Romains, en défendant l'environnement et en combattant la consommation incontrôlée dans un objectif zéro déchet ». Un programme ambitieux pour une ville qui était il y a trois mois, une nouvelle fois envahie par les ordures non ramassées.

>> Lire aussi : Dossier complet sur le Forum Smart City du Grand Paris

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 22/11/2016 à 11:14
Signaler
En Italie le problème vient essentiellement que les compagnies privées de ramassage des ordures sont gérées par les mafias or il y a de cela plusieurs années en Italie ces mêmes compagnies déversaient directement les déchets dans la méditerranée. ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.