Après deux ans et demi de crise sanitaire, le privant de toute ressource touristique, le Sri Lanka fait face à une grave crise économique, énergétique et désormais politique. Contraint de fuir son palais envahi par la foule à la suite de manifestations, le président Gotabaya Rajapaksa démissionnera le 13 juillet, a fait savoir le président du parlement Mahinda Abeywardana.
Face à une inflation galopante qui s'est élevée de 55% en juin, les Etats-Unis ont exhorté les futurs nouveaux dirigeants à « travailler rapidement » à des solutions, « notamment les pénuries d'électricité, de nourriture et de carburant », a déclaré un porte-parole du département d'Etat cité par l'AFP. Face à cette récession annoncée, le Fonds monétaire international (FMI) a, lui, annoncé espérer « un règlement de la situation actuelle de manière à permettre la reprise de notre dialogue ».
Après une croissance de 3,7% en 2021 et une contraction du Produit intérieur brut (PIB) de 3,6% en 2020, la banque centrale a relevé ses taux d'intérêt à 15,5% et prévenu que l'inflation pourrait atteindre 80% d'ici à fin 2022. Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a, lui, estimé cette semaine que le PIB pourrait fondre jusqu'à 7% en 2022. Ce dernier vient de tenter d'ouvrir la voie à un gouvernement d'union nationale après avoir convoqué une réunion de crise de l'exécutif avec les partis d'opposition et proposant sa démission.
Sans l'attendre, deux proches du président Gotabaya Rajapaksa ont déjà quitté leurs fonctions: le chef du service de presse Sudewa Hettiarachchi et le ministre des Médias Bandula Gunawardana qui a également laissé son poste à la tête du parti présidentiel.
17,8 millions de roupies (48.000 euros) trouvées chez le président
Après minuit samedi, le chef d'état-major de la défense, le général Shavendra Silva, a, lui, lancé un appel au calme à la télévision. Les manifestants qui occupaient toujours le palais présidentiel ont en effet déclaré qu'ils ne partiraient pas avant la démission effective du président.
« Il existe une possibilité de résoudre la crise de manière pacifique et constitutionnelle », a affirmé le général Shavendra Silva.
« Notre combat n'est pas fini. Nous n'abandonnerons pas ce combat jusqu'à ce que [Gotabaya Rajapaksa] parte réellement » a répondu le dirigeant étudiant Lahiru Weerasekara.
D'autres militants ont dit avoir trouvé 17,8 millions de roupies (48.000 euros) dans la chambre du futur-ex président et les avoir remis à la police. Des heurts ont encore opposé des manifestants aux forces de l'ordre qui tentaient de les disperser avec du gaz lacrymogène.
Autrefois pays à revenu intermédiaire avec un niveau de vie envié par l'Inde, le Sri Lanka a été laminé par la perte des recettes touristiques consécutives à un attentat jihadiste en 2019 puis la pandémie de Covid-19. La crise, sans précédent depuis l'indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d'habitants, a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques dont le clan présidentiel au pouvoir depuis 2005 est accusé par la population.