Partage de la valeur : les dividendes des entreprises bondissent au premier trimestre

Malgré une année 2022 compliquée pour l'économie mondiale, le montant des dividendes versés dans le monde au premier trimestre 2023 a progressé de 12% sur un an, selon le rapport du gestionnaire d'actifs Janus Henderson, pour atteindre un nouveau record, grâce notamment aux groupes automobiles.
Le champion des dividendes du premier trimestre a été le groupe danois du transport maritime Moller Maersk, qui a distribué 11,7 milliards de dollars.
Le champion des dividendes du premier trimestre a été le groupe danois du transport maritime Moller Maersk, qui a distribué 11,7 milliards de dollars. (Crédits : Amr Abdallah Dalsh)

De quoi alimenter les débats alors que le gouvernement français présente son projet de loi sur le partage de la valeur. Selon le rapport du gestionnaire d'actifs Janus Henderson, les dividendes versés par les entreprises au niveau mondial ne cessent de grimper. Au premier trimestre, elles ont bondi de 12% par rapport à la même période de l'année précédente, à 326,7 milliards de dollars, portés des versements élevés des banques, des producteurs de pétrole et des constructeurs automobiles, et, comme en France, du luxe.

Lire aussiBourse : les grandes entreprises ont presque autant dépensé en rachats d'actions en 2022 qu'en versement de dividendes

De plus, les versements de dividendes exceptionnels, notamment dans le secteur de l'automobile, ont atteint 28,8 milliards de dollars au premier trimestre, « leur deuxième niveau le plus élevé de tous les temps » (après le premier trimestre 2014) », selon l'étude.

Malgré une année 2022 difficile pour l'économie mondiale

« Ford et Volkswagen ont représenté près d'un tiers des dividendes extraordinaires » des trois premiers mois de l'année et « les dividendes versés par le secteur automobile ont été dix fois plus importants » que l'année dernière, note le communiqué de Janus Henderson. « Volkswagen a fait sensation au premier trimestre, versant un dividende extraordinaire de 6,3 milliards de dollars grâce au produit de l'introduction en Bourse de Porsche à la fin de l'année dernière », complète le rapport.

Néanmoins, c'est dans le transport maritime, activité qui a bondi après la reprise Covid, que l'on trouve le champion des dividendes du premier trimestre : il s'agit du groupe danois Moller Maersk, qui a distribué 11,7 milliards de dollars,  « dont un peu plus de la moitié sous forme de dividende extraordinaire ». Ce qui reflète l'envolée des bénéfices enregistrés en 2022, grâce à la hausse des prix du fret de conteneurs

Pour Ben Lofthouse, le responsable de l'équipe actions mondiale de Janus Henderson, la dynamique de hausse des dividendes « est d'autant plus impressionnante que 2022 a été une année difficile pour l'économie mondiale avec une inflation élevée, des taux d'intérêt en hausse, des conflits et le maintien de certains confinements face au Covid ».

En France, le luxe porte la croissance

En France, ce sont les groupes de luxe Hermès et Kering qui ont contribué à porter la croissance des dividendes, hors exceptionnels, à 11,6 %, avec 2,8 milliards d'euros, sur un total de 3 milliards de dollars versés par les sociétés françaises, loin d'un record, au cours d'un trimestre habituellement calme en termes de dividende si l'on fait la comparaison avec l'année passée. « Si les profits du CAC 40 se maintiennent en 2022 à un niveau légèrement inférieur à ceux de 2021, il n'en va pas de même pour les dividendes qui continuent leur augmentation inexorable d'année en année, pour atteindre 67,5 milliards sur les résultats 2022 - contre 57,5 milliards l'année précédente », estime l'ONG « Observatoire des Multinationales ».

Pour l'année 2023 dans son ensemble, Janus Henderson revoit à la hausse ses prévisions et « prévoit désormais que les dividendes globaux s'élèveront à 1.640 milliards de dollars, ce qui équivaut à une croissance globale de 5,2% ».  Autre moyen de rémunérer les actionnaires, les rachats d'actions ont aussi atteint un record en 2022. Elles ont bondi de 22% dans le monde et ont atteint le montant record de 1.310 milliards de dollars, presque autant que les dividendes versés sur la même période.

France : un projet de loi présenté ce mercredi en conseil des ministres sur le partage de la valeur

Le gouvernement présente ce mercredi en conseil des ministres son projet de loi sur le partage de la valeur, transposition « fidèle » d'un accord conclu entre syndicats et patronat pour généraliser le partage aux salariés des bénéfices des entreprises. Conclu en février dans un contexte de forte inflation, l'accord national interprofessionnel (ANI) vise notamment à largement généraliser des dispositifs tel que l'intéressement, la participation ou les primes de partage de la valeur (PPV) à toutes les entreprises de plus de 11 employés, ainsi qu'à développer l'actionnariat salarié. La participation est un mécanisme de redistribution des bénéfices, actuellement obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, tandis que l'intéressement est une prime facultative liée aux résultats ou aux performances non financières, des dispositifs qui s'accompagnent d'avantages fiscaux. Pour généraliser ces mécanismes, l'accord prévoit que les entreprises entre 11 et 49 employés qui sont rentables - c'est-à-dire que leur bénéfice net représente au moins 1% du chiffre d'affaires pendant trois années consécutives - « mettent en place au moins un dispositif » de partage de la valeur à partir du 1er janvier 2025.  Le projet de loi se limite aux mesures de l'accord entre syndicats et patronat et ne comporte pas de mesures supplémentaires sur les « superprofits », évoquées par Emmanuel Macron fin mars. Pointant les grandes entreprises consacrant leurs revenus « exceptionnels » à des rachat d'actions, le président avait demandé au gouvernement de réfléchir aux moyens de faire « profiter » les travailleurs de cette manne.

 (Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 24/05/2023 à 17:00
Signaler
Pour l'instant, on voit les limites du ruissèlement... et les excuses qui vont nous être servi ! ;-)

à écrit le 24/05/2023 à 15:13
Signaler
Dans tous les pays sauf la France, on salue cette nouvelle comme bonne pour l'investissement. Il est vrai que quand on pense que l'actionnaire "joue" au casino...

à écrit le 24/05/2023 à 7:56
Signaler
Les pauvres s'appauvrissent et les riches s'enrichissent, à force de voter pour le mal contre le pire le pire est là. Si encore ces gens là faisaient un truc avec leur fric mais non ils l'entassent.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.