Pénurie mondiale de produits : le FMI et le G20 s'attaquent aux problèmes de logistique

Les prix de l'énergie et les difficultés mondiales d'approvisionnement étaient au cœur des réunions du G7 et du G20. La forte demande de transport logistique liée à la reprise post-Covid renforce les pénuries et pèse sur la reprise mondiale.
La remise en route des chaînes d'approvisionnement va prendre du temps, a estimé le gouverneur de la Banque centrale italienne Ignazio Visco au cours d'une conférence de presse du G20.
La remise en route des chaînes d'approvisionnement "va prendre du temps", a estimé le gouverneur de la Banque centrale italienne Ignazio Visco au cours d'une conférence de presse du G20. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

Alors que la pénurie mondiale de matières premières - et par ricochet de produits de consommation - se poursuit, les dirigeants des pays industrialisés ont décidé de prendre les choses en main. Réunis à Washington pour les réunions du FMI, du G20 et du G7 Finances, ils ont promis mercredi de s'attaquer aux problèmes de logistique qui alimentent l'inflation et ralentissent la croissance mondiale.

Et pour cause, les difficultés du transport mondial de marchandises s'aggravent. "Nos estimations suggèrent que 8,5% du transport mondial de conteneurs est bloqué dans ou autour des ports, c'est le double de janvier", a indiqué David Malpass, le président de la Banque mondiale.

La raison principale ? Le déséquilibre entre l'offre et la demande depuis le rebond de l'activité économique. Les problèmes d'approvisionnement sont en effet provoqués par une demande trop forte par rapport à la production qui doit se relancer, et par des pénuries de main d'œuvre. Or, ces perturbations font grimper le coût des marchandises et les frais d'expédition, des hausses qui parfois, pour David Malpass, "ne seront pas transitoires".

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Une croissance mondiale moins dynamique que prévu

Les perturbations des chaînes logistiques sont telles que Joe Biden a par exemple poussé le port de Los Angeles, où arrivent 40% des conteneurs destinés aux Etats-Unis, et le syndicat américain des dockers, à accepter de travailler davantage la nuit et les week-ends pour réduire les files d'attente qui freinent la livraison de nombreux produits.

De plus, plusieurs entreprises, dont Walmart, FedEx et UPS, se sont aussi engagées à travailler plus la nuit pour accélérer l'acheminement de leurs conteneurs hors des ports.

Un changement de paradigme pour le président américain qui estime que les Etats-Unis "ne devraient plus jamais être dans l'incapacité de fabriquer" les produits dont ils ont besoin à cause de pénuries.

D'autre part, ces goulets d'étranglement vont peser sur la dynamique de croissance "dans les mois et les années qui viennent", a déploré plus tôt le ministre français des Finances Bruno Le Maire. Déjà, le Fonds monétaire international a révisé à la baisse les prévisions de croissance. Pour le monde, celle-ci devrait atteindre +5,9% en 2022, soit -0,1 point de moins. Quant aux pays avancés, la croissance est attendue à +5,2%, soit -0,4 de moins que prévu pour 2022.

Face à cela, l'indépendance est le mot qui revient dans de nombreuses bouches, notamment celle du ministre de l'Economie française. Le ministre britannique des Finances Rishi Sunak a, quant à lui, appelé le G7 Finance, dont il tient la présidence jusqu'à la fin de l'année, à une action mondiale. Son pays, qui fait déjà face à de fortes tensions depuis le Brexit, est particulièrement affecté par ces dysfonctionnements. Ainsi, il plaide pour une meilleure "coordination" pour rendre les chaînes d'approvisionnement "plus résilientes".

Des produits devenus rares

Pour l'instant, la remise en route des chaînes d'approvisionnement "va prendre du temps", a estimé le gouverneur de la Banque centrale italienne Ignazio Visco au cours d'une conférence de presse du G20. Ignazio Visco est cependant assez optimiste sur le fait que les goulets "s'estompent et les prix diminuent" dans les prochains mois. Un optimisme qui n'est pas unanime à l'heure où les problèmes d'approvisionnement s'enracinent pour certains produits. "Nous devons comprendre s'il y a des facteurs plus structurels", a-t-il tempéré.

De nombreux produits se font en effet rares dans les magasins aux Etats-Unis par exemple, des vélos aux balles de tennis en passant par les téléphones portables. La production étant encore perturbée par des pics de contaminations depuis le début de la pandémie de Covid-19 alors que la demande est forte.

De plus, de nombreuses entreprises peinent à recruter pour des postes essentiels dans la chaîne d'approvisionnement, des manutentionnaires aux chauffeurs-routiers.

La flambée des prix de l'énergie

Un autre sujet inquiète particulièrement les dirigeants : la hausse des prix de l'énergie. En Europe, l'explosion des prix du gaz et de l'électricité ont même poussé certains Etats à réagir. En France, alors que les prix du gaz ont déjà bondi de 57% depuis le début de l'année, ils devraient augmenter à nouveau de 10% en novembre.

Face à cela, le gouvernement a annoncé geler les tarifs réglementés du gaz jusqu'en avril, afin que la flambée actuelle sur le marché global ne se répercute pas trop sur le pouvoir d'achat des ménages. Cette mesure de lissage ne s'appliquera néanmoins pas à tous les foyers français.

Dans ce sens, le FMI a recommandé mercredi de prendre des mesures ciblées pour aider les foyers les plus pauvres et de ne pas recourir à des subventions généralisées qui sont "très coûteuses et profitent aux ménages riches".

De plus, "elles conduisent à des incitations très négatives pour l'environnement" en soutenant la consommation d'énergies polluantes, a souligné Paulo Medas, un responsable du FMI. Or, "nous avons besoin d'accélérer la transition énergétique pour devenir moins dépendants aux énergies fossiles, c'est la seule solution de long terme", aux problèmes de la volatilité des prix, a une nouvelle fois souligné Bruno Le Maire.

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 (Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 15/10/2021 à 17:54
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"De plus, plusieurs entreprises, dont Walmart, FedEx et UPS, se sont aussi engagées à travailler plus la nuit " Déjà que le jour ça doit être chiant ,alors la nuit ,c'est fait pour dormir

à écrit le 14/10/2021 à 22:27
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Cette pénurie est programmée, et voulue pour plusieurs raisons : Transition numérique, gonfler la bulle économique nouvelle , et imposer aux populations l’épargne pour disposer du cash. Comment ralentir l’économie mondiale pour créer des nouvelles ...

à écrit le 14/10/2021 à 14:35
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Pour le prix de l'énergie, en particulier pour le carburant en europe il y a surtout une flambée de la folie écolotaxière. Le brent actuellement est avers 72 euros le baril, en 2008 il était monté a 90 et de 2011 a 2014 il est resté presque 4 ans ass...

à écrit le 14/10/2021 à 14:18
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Beaucoup de pays ont mis en place le "quoi qu'il en coûte" à propos du Covid. Maintenant, le monde commence à prendre conscience de ce qu'il en coûtait effectivement. Mais c'est bien ce qu'on voulait, non ? Prolonger des vies humaines au détriment de...

à écrit le 14/10/2021 à 14:00
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"afin que la flambée actuelle sur le marché global ne se répercute pas trop sur le pouvoir d'achat des ménages." mais ça se répercute directement sur les industriels qui produisent ce qu'on achète, les prix vont donc augmenter, indirectement si on pe...

à écrit le 14/10/2021 à 13:06
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"Dans ce sens, le FMI a recommandé mercredi de prendre des mesures ciblées pour aider les foyers les plus pauvres et de ne pas recourir à des subventions généralisées qui sont "très coûteuses et profitent aux ménages riches"."Une annonce très intéres...

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