Primaires démocrates : Clinton accusée d'avoir reçu 600.000 dollars de Goldman Sachs

Le ton est sérieusement monté entre entre les deux favoris des primaires démocrates, dimanche 17 janvier, lors du dernier débat télévisé avant les premiers votes locaux en Iowa.
Bernie Sanders, sénateur du Vermont, a émis des doutes sur la capacité de son adversaire à réguler la finance compte tenu des liens qu'elle entretient avec Wall Street.

À la veille des premiers votes locaux pour les primaires démocrates, le ton est monté d'un cran entre les candidats qui débattaient ce 17 janvier à Charleston, en Caroline du Sud, à l'occasion d'un débat organisé conjointement par la chaîne NBC News et par YouTube.

Bernie Sanders, sénateur du Vermont âgé de 74 ans et se définissant comme un socialiste démocrate, a mis en cause la capacité de son adversaire à réguler le secteur de la finance, compte tenu des liens que, selon lui, elle entretient avec Wall Street :

« Vous avez perçu 600.000 dollars d'honoraires de Goldman Sachs pour des conférences ! »

« Je ne perçois pas d'argent des grandes banques », a attaqué le sénateur pour souligner que, par contraste, lui n'entretenait pas de relations « personnelles » avec Wall Street.

Alors que Hillary Clinton a défendu la continuité avec la réforme financière Dodd-Franks de Barack Obama, Martin O'Malley, loin derrière les deux favoris avec moins de 5 % des intentions de vote à l'échelle fédérale, a rejoint Bernie Sanders sur la question de la régulation des banques, jugeant la candidate démocrate trop « proche de Wall Street » pour mener les réformes nécessaires. Le deuxième favori des primaires se montre plus offensif, conforté par de récents sondages le donnant gagnant dans l'Iowa et le New Hampshire, les deux premières circonscriptions à s'exprimer dans les urnes pour départager les candidats démocrates.

« Rendre l'Amérique au peuple »

Dénonçant un système électoral « corrompu » et un Congrès « contrôlé par l'argent », Bernie Sanders a appelé à une « révolution politique ». Le cœur de cette révolution serait une réforme du financement des campagnes électorales pour la présidentielle, réforme essentielle pour le sénateur dans l'optique de « rendre l'Amérique au peuple ». Le candidat s'est interrogé :

« Peut-on vraiment réformer Wall Street quand cette institution vous donne des millions de contributions de campagne ? Franchement, j'en doute. »

« Je suis fier d'être le candidat qui a levé le plus de petites contributions individuelles dans l'histoire des campagnes présidentielles », a-t-il encore souligné.

Outre le système électoral lui-même, Bernie Sanders a fustigé les habitudes du gouvernement, pointant du doigt le fait que les deux derniers présidents, un Républicain et un Démocrate, avaient nommé l'un comme l'autre un homme de Wall Street à la tête du Trésor américain : « Je peux promettre que cela ne sera pas le cas si je suis président », a-t-il annoncé, en expliquant :

« Si vous avez une administration remplie de représentants de Wall Street, il est difficile de mener les réformes nécessaires. »

Sanders « a voté pour le lobby des armes à de nombreuses reprises »

Hillary Clinton, toujours à la tête des sondages d'opinion pour les primaires à l'échelle fédérale, a, quant à elle, attaqué son grand rival sur le contrôle des armes à feu. S'appuyant sur la tuerie d'un suprématiste blanc contre la population noire qui avait eu lieu l'an dernier à Charleston, la ville où s'est tenu le débat, l'ex-secrétaire d'État a dénoncé les votes passés du sénateur contre le contrôle des armes à feu :

« Il a voté pour la NRA (National Rifle Association, ndlr) et le lobby des armes à de nombreuses reprises. »

Elle a toutefois complimenté son adversaire socialiste pour avoir annoncé la veille du débat qu'il soutiendrait une proposition de loi au Congrès visant à lever l'immunité juridique dont bénéficient les fabricants et vendeurs d'armes qui voient leur matériel utilisé pour des crimes. « Je suis ravie d'entendre que le sénateur Sanders a changé sa position sur l'immunité », a commenté la candidate.

Frictions sur le système de santé

C'est sur le système public de santé que les échanges entre les deux favoris des primaires ont été les plus vigoureux, s'opposant pour déterminer si l'"Obamacare" était suffisant ou non pour améliorer la santé publique des Américains. Bernard Sanders a proposé un plan pour démanteler les systèmes privés d'assurance dans le pays au profit d'un système médical national accessible à tous. Pour financer ce plan qui pourrait doubler le budget fédéral, le sénateur socialiste propose de taxer Wall Street et de lever de nouveaux impôts progressifs.

Hillary Clinton a, elle, soutenu la continuité avec la ligne de Barack Obama, estimant que le plan de son rival ne passerait jamais au Congrès, dominé par les Républicains, et qu'il ferait peser des risques démesurés sur les acquis que le président avait réussi à sécuriser avec son "Obamacare". Elle a en outre fustigé les mesures fiscales que ce plan entraînerait :

« Je suis la seule candidate à ne pas vouloir augmenter les impôts de la classe moyenne. »

Attaques au passé

Hillary Clinton a tenté de rappeler à l'audience qu'en 2011, Bernie Sanders avait suggéré au président Obama de se trouver un opposant démocrate, plus libéral que lui, pour le renforcer dans son second mandat. En effet, dans un contexte de mesures impopulaires procédant à des coupes dans les programmes sociaux, le sénateur du Vermont avait proposé au président cette manœuvre pour rassurer les électeurs les plus progressistes sur le fait que les coupes ne seraient pas démesurées. Le candidat aux primaires démocrates a répondu à cette attaque en rappelant que, dans cette éventualité, il avait prévenu qu'il se tiendrait aux côtés du président : « Lui et moi sommes amis. Nous avons travaillé ensemble sur de nombreux dossiers ». « Nous avons certaines opinions divergentes », a-t-il toutefois tempéré pour garder de la distance.

À l'issue du débat, le directeur de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta, a déclaré dans une interview que les Démocrates devaient « prendre une décision à propos de là où le sénateur Sanders veut aller » et déterminer « s'il souhaite aller dans une direction radicalement différente » de celle du président Obama. Hillary Clinton a affirmé qu'elle souhaitait « consolider » les accomplissements réalisés par Barack Obama au cours de ses deux mandats, tentant de se placer en héritière du président.

Jeff Weaver, le directeur de campagne de Bernie Sanders, a de son côté appelé les électeurs à « se souvenir que, en 2008, si la secrétaire Clinton s'en était tirée, il n'y aurait pas eu de président Obama. Elle le trouvait naïf sur la politique étrangère, précisément cette politique étrangère qu'elle soutenait ce soir ». « Ce n'est pas une compétition bien intentionnée, a jugé le directeur de campagne du candidat socialiste. Les gens n'ont pas la mémoire si courte. Ils doivent se rappeler ce qui s'est passé en 2008 ».

Commentaires 3
à écrit le 19/01/2016 à 20:25
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Ca ne vas pas peut-être pas prendre autant de temps de restaurer le chaos que ne le disait l'autre c.. https://www.youtube.com/watch?v=RDcixURK0H0

à écrit le 18/01/2016 à 19:56
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Elle a toujours eu le soutien du lobby militaro-industriel et du lobby des banksters qui financent activement sa campagne. Les retombées positives pour ces 2 lobbys hégémoniques seront sans doute aux rendez vous.

à écrit le 18/01/2016 à 19:02
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En gros : rien de nouveau au pays des Rêves... Gode est avec eux, c'est le principal.

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