Production industrielle : le Japon affiche trois mois de baisse consécutifs

Tokyo a publié ce mercredi des chiffres provisoires montrant que la production industrielle japonaise a reculé de 0,1% sur un mois en novembre. Une baisse qui va dans le sens de la contraction de l’activité économique qui frappe le pays du soleil levant.
Malgré la politique ultra acommodante de la Banque du Japon, la récession se profile dans le pays
Malgré la politique ultra acommodante de la Banque du Japon, la récession se profile dans le pays (Crédits : Kim Kyung Hoon)

Ralentissement confirmé pour le Japon. Ce mercredi, le gouvernement a publié des données provisoires sur la production industrielle du pays qui montrent un léger recul en novembre (-0,1% sur un mois). Ces données traduisent notamment le ralentissement des exportations japonaises dans le contexte de la dégradation de la conjoncture mondiale. Un chiffre alarmant puisqu'il s'agit du troisième mois de baisse d'affilée de cet indicateur qui avait déjà accusé de forts replis en septembre et octobre.

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Selon le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), les expéditions de biens manufacturés nippons ont baissé de 0,5% en novembre sur un mois tandis que les stocks ont augmenté de 0,3%. Les secteurs ayant le plus contribué au déclin de la production industrielle japonaise le mois dernier sont ceux des équipements généraux pour l'industrie (tapis roulants, grues, composants pour la fabrication de semi-conducteurs ou d'écrans plats, etc.), des machines-outils et de certains segments de la chimie.

Les entreprises industrielles sondées chaque mois par le Meti s'attendent à un net rebond de leur production en décembre, suivi cependant d'une nouvelle baisse en janvier.

Une PIB qui décline malgré une politique monétaire accommodante

Cette nouvelle statistique n'augure rien de bon pour le Japon qui est déjà en proie à une contraction de son produit intérieur brut de 0,8% sur un an au troisième trimestre, selon les chiffres du Bureau du cabinet publiés le 8 décembre. Une activité en déclin de 0,2% par rapport au deuxième trimestre qui avait quant à lui bondi de 1,1%.

En comparaison, la croissance française sur l'ensemble de l'année s'établit à 2,6% d'après les estimations de la Banque de France publiées début décembre. Le gouverneur de la Banque de France a cependant prévenu sur la radio France info que « ce ne sera pas 2,6% » l'an prochain, mais « probablement une croissance faiblement positive », a-t-il précisé.

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De mauvais chiffres pour l'économie nippone, alors même que la Banque du Japon (BoJ) mène une politique qui favorise une activité économique forte, depuis la reprise de l'économie post-Covid. La Banque du Japon fait d'ailleurs figure d'exception dans le paysage des grandes banques centrales puisqu'il s'agit de la « seule banque centrale majeure à avoir maintenu en 2022 ses taux directeurs à un niveau négatif », affirme Guillaume Dejean, analyste chez Western Union Business Solutions. L'institution monétaire a poursuivi une politique accommodante claire avec un taux négatif de 0,1% sur les dépôts que les banques font auprès d'elle (pour les inciter à prêter davantage) et des achats illimités d'obligations publiques japonaises pour plafonner leurs rendements à dix ans à 0,25%.  A l'inverse, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé les taux directeurs de 250 points de base depuis juillet, et la Réserve fédérale américaine (Fed) a aussi porté ses taux de 0% à 4,25 et 4,5% en quelques mois.

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La politique ultra accommodante de la BoJ associée à un plan de relance massif d'un montant équivalent à 270 milliards d'euros, annoncé en octobre par le gouvernement de Fumio Kishida sont pourtant destinés à propulser les activités économiques du pays.

Taux de chômage en baisse et inflation en hausse

Ces politiques de soutien portent cependant leurs fruits sur le marché du travail. Le taux de chômage s'établit à 2,5% en novembre, d'après les données corrigées des variations saisonnières publiées mardi par le ministère des Affaires intérieures. Un taux qui a légèrement diminué par rapport aux 2,6% de septembre et d'octobre, surprenant le consensus d'économistes de l'agence Bloomberg qui tablaient sur un maintien à 2,6% aussi en novembre. Pour rappel, le taux de chômage en France atteignait 7,3% au troisième trimestre 2022, quand il est de 3,7% aux Etats-Unis en novembre.

Une bonne nouvelle pour les Japonais, toutefois tempérée par la hausse générale des prix. L'inflation japonaise hors produits frais a atteint 3,6% sur un an en octobre, un record depuis 40 ans, contre 3% en septembre et 2,8% en août. Des économistes s'attendent à un niveau de 4% en fin d'année. Un chiffre loin des 10% atteints en Europe et des 7,5% (CPI) constaté outre-Atlantique en novembre, mais qui ne présage rien de bon pour la BoJ. Si l'inflation devient trop importante, la gardienne du yen devra mettre fin à sa politique accommodante et freiner son économie déjà à la peine. Mardi 20 décembre, elle a d'ailleurs déjà donné le sentiment d'un retournement de politique monétaire en annonçant un assouplissement des taux obligataires japonais. Les créances de l'Etat japonais à 10 ans qui sont aujourd'hui plafonnées à 0,25% vont pouvoir fluctuer entre -0,5% et +0,5% de rendement.

(Avec AFP)

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