Après quatre mandats, Vladimir Poutine candidat à la présidentielle de 2024

Vladimir Poutine a annoncé ce vendredi être candidat pour un cinquième mandat. Les élections présidentielles auront lieu en mars 2024, juste après le deuxième anniversaire du début de l'offensive russe en Ukraine. Avec aucune force d'opposition dans le pays, le chef du Kremlin pourrait se maintenir au pouvoir jusqu'en 2036.
Vladimir Poutine a été président de 2000 à 2008 et l'est de nouveau depuis 2012.
Vladimir Poutine a été président de 2000 à 2008 et l'est de nouveau depuis 2012. (Crédits : POOL)

Vladimir Poutine a indiqué ce vendredi ne pas avoir « d'autre choix » que d'être candidat à la présidentielle russe de mars 2024 pour un cinquième mandat, près d'un quart de siècle après son arrivée au pouvoir et deux ans après le début de l'assaut contre l'Ukraine. Le chef de l'État russe, qu'une révision constitutionnelle de 2020 autorise à être candidat encore en 2024 et 2030, peut théoriquement se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

« A une autre époque, j'ai eu d'autres pensées concernant cette question. Mais je comprends qu'aujourd'hui il n'y a pas d'autre choix possible. Je vais donc me présenter au poste de président de la Russie », a déclaré l'intéressé, âgé de 71 ans, à l'occasion d'une cérémonie télévisée où il remettait des décorations. Fait inhabituel, l'annonce avait été faite aux médias russes quelques minutes plus tôt par un participant à cette réunion, Artiom Joga, un combattant et membre du Parlement local russe à Donetsk, une ville occupée de l'est de l'Ukraine.

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Aucun détracteur

Une candidature qui ne devrait pas être beaucoup remise en cause. Le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a réagi sur Telegram en insistant sur les « qualités uniques » de Vladimir Poutine, tandis que pour son homologue à la chambre haute, Valentina Matvienko, le chef de l'État « ne fuira jamais ses responsabilités ».

D'autant qu'aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, les autorités écrasant depuis des années l'opposition. La quasi-totalité des opposants d'envergure, à l'exemple du militant anticorruption Alexeï Navalny, ont été jetés en prison ou poussés à l'exil.

La Commission électorale russe a annoncé ce vendredi que le scrutin se déroulerait sur trois jours, une pratique instaurée pendant la pandémie de Covid-19 mais dénoncée par l'opposition comme étant un moyen de faciliter les fraudes et d'obtenir les résultats attendus par le pouvoir.

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Une élection juste après l'anniversaire du déclenchement de l'offensive contre l'Ukraine

Une répression qui s'est accélérée avec l'offensive en Ukraine. « La candidature est chargée de symboles : des héros, des "pères du Donbass" (un territoire ukrainien revendiqué par Moscou, NDLR) veulent voir Poutine à nouveau président.... Poutine a choisi la guerre, la guerre choisit Poutine », a commenté sur Telegram l'analyste Tatiana Stanovaïa. « Il ne s'agit pas tant de prospérer que de survivre », a-t-elle ajouté, estimant que cette annonce, se voulant informelle, visait à donner l'image d'un « Poutine modeste, occupé par (le règlement) de vraies questions ».

Et les symboles se multiplient puisque l'élection se déroulera du 15 au 17 mars, peu après le deuxième anniversaire du déclenchement de l'attaque contre l'Ukraine, toujours en cours, et à la veille du dixième anniversaire de l'annexion par la Russie, en 2014, d'un premier territoire ukrainien, la péninsule de Crimée. L'élection aura d'ailleurs lieu dans les régions ukrainiennes occupées par la Russie, où la loi martiale est actuellement en vigueur. Alors que la Russie a revendiqué en septembre 2022 l'annexion de quatre nouvelles régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia), la présidentielle doit aussi être le « point culminant de la réunification », a estimé Valentina Matvienko, la présidente du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe.

Après une année 2022 marquée par des revers sur le front des combats et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture avec l'échec de la contre-offensive entamée cet été par l'Ukraine, l'effritement du soutien financier européen et américain à Kiev et le redressement de l'économie nationale. La Russie a même prévu d'augmenter ses dépenses militaires de 67% en 2024, à quelque 30% de son PIB. En visite dans le Golfe début décembre, le président russe poursuit son retour sur la scène internationale faisant fi du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale lancé à son encontre.

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L'économie russe encore à la peine

Pour continuer à soutenir son économie de guerre, la Banque centrale russe avait déjà relevé son taux directeur pour la quatrième fois pour lutter contre l'inflation et l'affaiblissement du rouble. L'inflation, qui pèse sur les ménages russes, a tout de même poursuivi son envolée atteignant 6,69% en novembre.

Tous les moyens sont donc bons pour augmenter ses revenus. Grand producteur de pétrole, la Russie va renforcer la réduction de sa production à 500.000 barils par jour jusqu'à fin mars 2024, avait annoncé fin novembre le vice-Premier ministre en charge de l'Énergie Alexandre Novak, à l'issue d'une rencontre des pays de l'Opep+. Les mesures de ce type permettent surtout de réduire l'offre de pétrole sur les marchés afin de stimuler les prix, un moyen pour Moscou de tenter d'augmenter ses recettes issues de la vente des hydrocarbures, grande source de revenus budgétaires.

Mais malgré ce contexte économique tendu, la Russie ne devrait pas entrer en récession. Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé ses prévisions pour la Russie : l'institution estime la croissance de son produit intérieur brut (PIB) à 2,2% pour 2023, soit 0,7 point de plus que les précédents chiffres en juillet. Pourtant, il y a un an, elle prédisait une sévère récession. Mais l'économie russe ne cesse de se montrer résiliente.

Idem du côté de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Celle-ci table sur une croissance de +1,5% pour la Russie en 2023, alors qu'elle anticipait jusqu'ici une contraction d'ampleur équivalente. Une croissance qui sera par conséquent supérieure à celle prévue cette année dans la zone euro par la Commission européenne (+0,8%). De son côté, la Banque centrale russe mise sur croissance du PIB devrait atteindre « entre +1,5% et +2,5% » en fin d'année.

Vladimir Poutine, l'homme indéboulonnable

Né en 1952 à Léningrad (redevenue Saint-Pétersbourg), Vladimir Poutine a d'abord eu une carrière d'agent du KGB, les services secrets soviétiques, notamment en Allemagne de l'Est, avant de rentrer en Russie à la dislocation de l'URSS. Il a commencé son parcours politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, avant de rapidement rejoindre le Kremlin et d'y gravir les échelons en cultivant l'image d'un homme efficace, en plein tumulte des années 1990 en Russie.

Désigné Premier ministre, puis succédant à Boris Eltsine après sa démission le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a progressivement redressé l'économie grâce à la manne des hydrocarbures et mis au pas son pays, en démontant les acquis démocratiques des années 1990 et prônant une politique de puissance nostalgique de l'URSS, de plus en plus conservatrice et anti-occidentale. Vladimir Poutine a été président de 2000 à 2008 et l'est de nouveau depuis 2012. Touché par la limite du nombre des mandats, il avait cédé le Kremlin de 2008 à 2012 à un allié, Dmitri Medvedev, mais était resté en tant que Premier ministre l'homme fort de la Russie.

Il a livré ou soutenu quatre guerres depuis son arrivée au pouvoir : la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009), l'invasion d'une partie de la Géorgie (2008), l'intervention en Syrie (2015) et les attaques contre l'Ukraine, d'abord en 2014, puis en 2022.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 09/12/2023 à 21:33
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Enfin un signe de stabilité (une habitude, à l'Est) ... à défaut de renouveau.

à écrit le 09/12/2023 à 13:18
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l exemple même de ce qu est une dictature-autocrature...vu qu il a réécrit la constitution Russe à son avantage comme XI JIPING.en Chine .bienvenue dans le nouveau monde !

à écrit le 09/12/2023 à 13:12
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le pire des dirigeants, a l'exclusion de tout autre....

à écrit le 09/12/2023 à 9:55
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Au pays du Père Ubu, tout change pour que rien ne change.

à écrit le 09/12/2023 à 8:44
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"A l'Est...rien de nouveau ".

à écrit le 08/12/2023 à 19:46
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L'avantage c'est qu'il a une suite dans ses idées qui donne confiance !

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