L'endettement des ménages russes se creuse. Selon la banque centrale de Russie, il a atteint un maximum historique au premier trimestre de cette année. Il représente 10,6% du revenu disponible de la population, contre 10,2% à la même période en 2021.
« Juste avant le début de la crise (liée aux sanctions en raison de l'offensive russe en Ukraine, NDLR), le marché des prêts aux particuliers a atteint le niveau le plus élevé d'endettement des ménages à un niveau macro depuis le début des observations »
Baisse des taux
La banque centrale note que dans le contexte de la situation économique dégradée et d'une hausse du coût du crédit en mars dernier, lorsqu'elle avait brusquement augmenté son taux directeur en le faisant passer de 9,5% à 20%, l'émission de nouveaux crédits à la consommation a toutefois diminué. Depuis le taux a baissé pour éviter de subir les conséquences de l'envolée du rouble sur la hausse des prix. En avril, il avait été ramené à 17%, puis à 14% début mai. Il a été une nouvelle fois abaissé à 11% vendredi dernier.
Hausse des échéances de remboursement non payées
En mars-avril, l'émission de nouveaux crédits à la consommation a ainsi baissé de 3,4%. La banque ne relève pas de dégradation importante de la qualité des crédits aux particuliers.
"Cependant, en mars-avril, une augmentation significative de la part des prêts à la consommation pour lesquels le prochain paiement a été manqué a été enregistrée", de 5,3 à 7,5%, "ce qui indique une augmentation potentielle des prêts non performants à l'avenir", note la banque dans son rapport.
Forte inflation
La population russe risque de souffrir gravement des sanctions: l'inflation (à 17,8% annuels en avril), conjuguée à une baisse des revenus dus aux licenciements qui commencent et à un recours accru au chômage partiel par les usines en manque de pièces étrangères, vont réduire sensiblement le pouvoir d'achat des Russes, d'autant qu'ils ont peu d'épargne.
"Les conditions externes pour l'économie russe restent difficiles, ce qui réduit considérablement l'activité économique", soulignait l'institution monétaire dans un communiqué, évoquant "la dynamique du cours du rouble" et "l'affaiblissement de la pression inflationniste" pour expliquer sa décision de baisser son taux directeur.
"Les risques pesant sur la stabilité financière se sont un peu allégés, permettant d'assouplir les mesures de contrôle des capitaux", précisait la banque centrale russe qui n'excluait pas d'autres baisses de son taux à l'avenir. La prochaine réunion de l'institution est prévue le 10 juin.
"Nous doutons qu'une baisse des taux permettra de stimuler l'entrée de capitaux, affectée par le gel des actifs financiers des étrangers en Russie et des Russes à l'étranger. Toutefois, un taux moins élevé est plus approprié dans les circonstances actuelles", a estimé Alfa-Bank dans une note.