Sri Lanka : pour Washington, le blocus alimentaire russe peut être un « facteur » du chaos

Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, les restrictions imposées par la Russie aux exportations de céréales ukrainiennes pourraient avoir contribué aux troubles au Sri Lanka et entraînaient, ailleurs, des crises similaires.
(Crédits : Reuters)

Les émeutes au Sri Lanka sont-elles liées à la guerre en Ukraine et aux exportations gelées des céréales  par les Russes ? C'est en tout cas l'analyse d'Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain, qui était dimanche en Thaïlande. « Nous voyons l'impact de cette agression russe se manifester partout. Elle a peut-être contribué à la situation au Sri Lanka. Nous sommes préoccupés par les implications dans le monde entier ». Renouvelant une demande qu'il a formulée à plusieurs reprises, Antony Blinken a appelé la Russie à laisser environ 20 millions de tonnes de céréales quitter l'Ukraine

« Nous constatons dans le monde entier une insécurité alimentaire croissante qui a été considérablement exacerbée par l'agression russe contre l'Ukraine » a-t-il déclaré. Il a ajouté qu'il y avait également un impact en Thaïlande où les prix des engrais sont « montés en flèche » en raison du blocus.

La Russie a déclaré qu'elle autoriserait les navires ukrainiens chargés de produits alimentaires à partir si l'armée déminait ses ports. Une option rejetée par Kiev, qui craint pour la sécurité de ses côtes sur la mer Noire.

Au Sri Lanka, les trois quarts de la population en sont à réduire leur alimentation.

 Au Sri Lanka, un pays autrefois à revenu intermédiaire, les trois quarts de la population en sont maintenant à réduire leur alimentation. C'est dans ce contexte que les manifestants, qui ont chassé le président du Sri Lanka de son palais de Colombo, soulignent avoir l'intention dimanche de continuer à occuper le bâtiment jusqu'à ce qu'il démissionne mercredi prochain.

Le chef de l'Etat, réfugié à bord d'un navire militaire et en route pour une base militaire du nord-est de l'île, avait annoncé samedi soir, à l'issue d'une journée marquée par plusieurs coups de force des manifestants, qu'il était prêt à démissionner le mercredi 13 juillet.

Samedi, des centaines de milliers de personnes s'étaient rassemblés dans le quartier des résidences officielles pour manifester leur colère face à la crise économique sans précédent que connaît le pays et dont ils jugent le président en partie responsable.

Parmi eux plusieurs centaines ont réussi à pénétrer dans le palais, escaladant les grilles tandis que les gardes s'efforçaient de les retenir juste assez longtemps pour pouvoir emmener le président. La résidence du Premier ministre a elle été incendiée dans la soirée, et trois suspects ont été arrêtés dimanche.

Ces événements sont le point culminant des manifestations incessantes et parfois violentes de ces derniers mois face aux pénuries d'alimentation, de médicaments et d'énergie que connaît le pays, et dont les habitants rendent en grande partie responsables l'incompétence et la corruption du clan Rajapaksa, des frères qui se partageaient le pouvoir depuis plus de quinze ans.

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Dans le monde, plus de 70 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté en trois mois

Selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) publié jeudi  dernier, la flambée des prix de l'alimentation et de l'énergie dans le monde a fait plonger dans la pauvreté depuis mars et en seulement trois mois 71 millions de personnes vivant dans des pays à revenus faibles. Parmi les pays faisant face aux conséquences les plus dramatiques de la hausse des prix figurent l'Arménie, l'Ouzbékistan, le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, Haïti, le Pakistan, le Sri Lanka, l'Ethiopie, le Mali, le Nigeria, le Sierra Leone, la Tanzanie ou le Yémen.

 « Des flambées de prix sans précédent signifient que pour de nombreuses personnes à travers le monde, la nourriture qu'elles pouvaient se permettre hier n'est plus accessible aujourd'hui », déplore le patron du Pnud, Achim Steiner. « Cette crise du coût de la vie fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté » au risque d'une « famine à une vitesse époustouflante ». En parallèle, « la menace d'une augmentation des troubles sociaux grandit de jour en jour ».

Cette accélération de la pauvreté « est considérablement plus rapide que le choc de la pandémie de Covid-19 », note aussi le Pnud. « Alors que les taux d'intérêt augmentent en réponse à la flambée de l'inflation, il existe un risque de déclencher une nouvelle pauvreté induite par la récession qui exacerbera encore plus la crise, accélérant et approfondissant la pauvreté dans le monde ».

(avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 12/07/2022 à 0:15
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Ce n'est pas à cause du blocus contre la Russie ?

à écrit le 11/07/2022 à 11:55
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20 % des étasuniens sont plus que sous le seuil de pauvreté soit 1/5 c'est à cause des russes aussi.. cette " masse " nord américaine commençant à prendre valeur exponentielle c'est avec gourmandise que je les attends renverser dans la furie et le s...

à écrit le 11/07/2022 à 8:37
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Cherchez "Démographie Sri Lanka" dans votre moteur de recherche préféré, et vous aurez la cause des problèmes de ce pays. Quand l'humanité bien pensante de l'état profond se bouche le nez, les yeux et les oreilles, ça donne ce genre de remarque des é...

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