Taïwan, Covid, Ukraine... la Chine de Xi Jinping se prépare à entrer dans une nouvelle ère sécuritaire

Le 20ème congrès du Parti communiste chinois débute ce dimanche 16 octobre. Il devrait sceller l'emprise de Xi Jinping qui brigue un troisième mandat présidentiel. En raison des tensions géopolitiques, la sécurité de la République populaire devrait devenir l'objectif prioritaire par rapport à la croissance économique.
Robert Jules
Le président Xi Jinping.
Le président Xi Jinping. (Crédits : Reuters)

Ce 16 octobre, le Parti communiste chinois (PCC) tiendra son 20ème Congrès. L'évènement, qui se tient tous les cinq ans, devrait entériner la prise de pouvoir totale du président Xi Jinping sur le parti, en plaçant ses fidèles au bureau politique (le Politburo) composé de 25 membres dont 7 d'entre eux siègeront au Comité permanent, véritable exécutif du parti et du gouvernement du pays.

L'obtention du troisième mandat du président Xi Jinping ne devrait être qu'une formalité, une première depuis le règne de Mao Tsé-Toung, le fondateur du PCC et de la République populaire. Reste à savoir quelle direction va imprimer le nouveau « grand timonier ».

Le contrôle de la population avec la stratégie « zéro Covid »

La gestion de la pandémie du Covid-19 à travers la stratégie du  « zéro Covid » a illustré l'approche autoritaire du pouvoir chinois, avec l'exercice d'un contrôle total de la population plutôt qu'une approche pragmatique.

Ces derniers mois, en préparation du congrès, le parti a été « purgé » par la puissante et redoutée Commission centrale de contrôle de la discipline qui s'occupe de la lutte contre la corruption au sein du parti qui compte 96 millions de membres du parti (pour une population de 1,4 milliard de personnes). Le secteur privé a été mis au pas, comme l'a montré en 2021 la « disparition » durant plusieurs semaines de l'emblématique milliardaire Jack Ma, patron et fondateur d'Alibaba. La lutte contre les importantes inégalités qui se sont développées au sein de la société chinoise permet cette reprise en main.

Xi Jinping devrait également mettre en avant la question sécuritaire, pour justifier un renforcement du budget de la Défense face aux Etats-Unis accusés d'alimenter les tensions géopolitiques internationales. Outre le conflit en Ukraine dans lequel la Chine a apporté un soutien mesuré à Moscou, c'est la question de Taïwan qui agite Pékin. La visite de Nancy Pelosi sur l'île a été vécue comme une provocation. Elle a donné lieu à une démonstration de force exceptionnelle de tous les corps de l'armée chinoise. Autre sujet de crispation, la dénonciation internationale en Occident de la répression à grande échelle des Ouïghours, qui vise à unifier le pays dans un nationalisme qui gomme les spécificités des minorités ethniques.

Lire aussiLes Etats-Unis interviendront si Pékin envahit Taïwan, assure Joe Biden

La croissance s'essouffle

Aussi, contrairement aux congrès précédents où elle était centrale, l'économie devrait être reléguée au deuxième plan. « Sur le plan économique, M. Xi reconnaît que la croissance chinoise s'essouffle. (...) La population chinoise vieillit et sa main-d'œuvre diminue. La décision de M. Xi de rééquilibrer la relation entre le secteur privé et l'État a été un frein à la croissance. Sa politique zéro-Covid continue de fermer les grandes villes. Et un environnement géopolitique instable perturbe les chaînes d'approvisionnement mondiales et le commerce au sens large », résume Kevin Rudd, l'ancien Premier ministre australien dans une opinion publiée dans le Wall Street Journal.

Dans ses projections publiées cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une baisse marquée des investissements dans l'immobilier en Chine, un secteur lourdement endetté, qui avait été une des locomotives de la dynamique chinoise dans le passé. L'économie du géant asiatique devrait progresser de 3,2% cette année et rebondir à 4,4% en 2023. Une croissance qui reste faible par rapport au rythme à deux chiffres qu'a connu l'économie durant les deux dernières décennies. Or une Chine au ralenti, c'est une demande en baisse pour beaucoup de pays exportateurs, notamment de matières premières.

Xi Jinping peut toutefois se targuer qu'un des objectifs des précédents plans quinquennaux a été atteint, celui de passer d'une croissance fondée sur les exportations à celle d'une économie mature basée sur le marché intérieur. La part des exportations qui représentait 65% du PIB en 2005 est tombée à 35% en 2019, avant la pandémie, selon les données de la Banque mondiale.

Priorité à l'autonomie

L'autonomie devrait être l'un des concepts avancés par le nouveau « grand timonier ». La Chine n'a plus autant besoin de l'Occident qu'avant. « Après les multiples réformes règlementaires qui ont bouleversé des pans entiers de l'économie chinoise, les investisseurs internationaux sont nombreux à se demander si investir en Chine est encore possible. Ce congrès devrait leur prouver, une fois de plus, à quel point le marché chinois reste sous l'influence du gouvernement », explique Jasmine Kang, gérante du fonds Comgest Growth China.

Il sera donc instructif de voir si un objectif de croissance annuelle sera fixé lors de ce 20ème Congrès, et si la Chine renoue avec une nouvelle forme de mercantilisme qu'avait adopté l'Empire du milieu.

Lire aussiQuand la Chine organise un nouvel espace de vassalité

Robert Jules
Commentaire 1
à écrit le 16/10/2022 à 10:15
Signaler
Les Chinois ne valent pas mieux que les Russes. D'autant plus dangereux qu'ils sont 1milliard 400 millions, que nous leur avons fourni des moyens technologiques qu'ils utilisent désormais contre nous et à la différence des Russes produisent et export...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.