Tensions en mer méridionale : la Chine montre les muscles et affirme qu’elle « défendra » ses droits dans la zone

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Li, a prévenu ce jeudi que son pays « défendra » ses droits en mer de Chine méridionale. La zone est le théâtre de tensions depuis de nombreuses années entre la Chine et ses riverains, notamment les Philippines, avec lesquelles les relations se sont tendues cette semaine suite à un incident maritime.
Des navires chinois tirant au canon à eau sur des bateaux philippins au mois de décembre.
Des navires chinois tirant au canon à eau sur des bateaux philippins au mois de décembre. (Crédits : Reuters)

C'est une déclaration qui rajoute de l'huile sur le feu dans les relations déjà tendues entre la Chine et les Philippines. Les deux pays ont en effet une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale, par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises. Pékin revendique la quasi-totalité des îles de ces eaux, quand d'autres pays riverains - comme les Philippines mais aussi le Vietnam, la Malaisie et Brunei - ont des prétentions concurrentes, qui se chevauchent parfois.

Les tensions se sont intensifiées cette semaine, amenant le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, à montrer la fermeté de son pays.

« Nous défendrons nos droits légitimes conformément à la loi », a-t-il averti ce jeudi, lors de sa traditionnelle conférence de presse annuelle.

Une déclaration qui intervient deux jours après un incident près du récif disputé de Second Thomas, théâtre régulier de confrontations. Mardi, les garde-côtes philippins ont accusé leurs homologues chinois d'avoir provoqué des collisions avec deux de leurs bateaux et d'avoir blessé quatre de leurs personnels avec des canons à eau. Les Philippines ont indiqué avoir convoqué le représentant chinois à Manille et lui avoir signifié qu'elles jugeaient « inacceptables » ces « actions agressives ». De son côté, Pékin a accusé les forces philippines, régulièrement soutenues par Washington, d'avoir « volontairement » percuté un navire chinois pour provoquer un incident après leur « intrusion » dans la zone.

Lire aussiDangereuse escalade en mer de Chine méridionale : Pékin accuse les Etats-Unis de « manipuler » les Philippines

Les États-Unis en sous-marin

Cet incident n'est pas un cas isolé. Encore en décembre, des navires chinois ont tiré au canon à eau sur des bateaux philippins. Alors que l'agressivité croissante de Pékin inquiète, le ministre chinois des Affaires étrangères a néanmoins affirmé ce jeudi que : « sur les différends maritimes, la Chine a toujours fait preuve d'une grande retenue ».

« Mais bien sûr, nous ne permettons pas que l'on abuse de notre bonne volonté et nous n'acceptons pas la distorsion ou la violation délibérée des lois de la mer », a cependant ajouté Wang Li.

Le chef de la diplomatie chinoise n'a pas cité nommément les États-Unis dans son discours, mais a exhorté « certains pays extérieurs à la région à ne pas provoquer de troubles ou à ne pas prendre parti, et à ne pas devenir des perturbateurs ou des fauteurs de troubles en mer de Chine méridionale ».

Mais, la veille, le porte-parole de son ministère, Mao Ning, s'était fait plus explicite en appelant les Philippines à ne pas « se laisser manipuler par les États-Unis », accusant ces derniers de l'utiliser « comme un pion afin de générer des troubles en mer de Chine méridionale ».

Pékin voit, en effet, avec inquiétude le renforcement des liens militaires entre les États-Unis et les Philippines. Il perçoit ces liens comme une manière de contrecarrer ses revendications territoriales dans la région. Les relations entre la Chine et les Philippines se sont d'ailleurs largement détériorées depuis l'élection en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, qui a décidé de renforcer les relations avec les États-Unis et de s'opposer aux actions de Pékin en mer de Chine méridionale. Une approche qui a contrasté avec celle de l'ancien président Rodrigo Duterte, qui avait mis de côté les différends maritimes avec Pékin en échange de promesses d'investissements.

Lire aussiMort de deux ressortissants chinois en mer : Pékin accuse Taïwan de vouloir « dissimuler la vérité »

Une situation qui divise les pays de la région

Les États-Unis ne sont pas les seuls à se préoccuper du comportement de la Chine dans la mer méridionale. Les dix pays de l'Asean, l'association des nations de l'Asie du Sud-Est, et l'Australie, réunis cette semaine en sommet, ont publié mercredi une déclaration finale visant implicitement Pékin.

« Nous encourageons tous les pays à éviter toute action unilatérale qui menacerait la paix, la sécurité et la stabilité dans la région. Nous reconnaissons les avantages de la mer de Chine méridionale en tant que mer de paix, de stabilité et de prospérité », ont-ils écrit.

Pendant longtemps, l'Asean a joué la carte de l'apaisement dans cette inextricable querelle territoriale. Mais en raison de l'atmosphère de plus en plus tendue dans la région, des pays, notamment les Philippines, font pression pour que l'organisation adopte une position plus ferme. L'Australie, proche alliée des États-Unis, se montre de plus en plus disposée à se dresser contre la Chine. « Nous avons tous la responsabilité de façonner la région que nous voulons partager : pacifique, stable et prospère. Cette responsabilité est plus importante que jamais, car la nature de la région est remise en question », a déclaré en début de semaine la ministre australienne des affaires étrangères, Penny Wong.

Mais d'autres membres de l'Asean ont averti que la Chine jouait un rôle dans la croissance économique de la région, et qu'ils n'entendaient pas se faire aspirer dans un conflit entre Pékin et Washington.

(Avec AFP)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.