TotalEnergies investit dans le stockage de CO2 au Danemark

L’énergéticien français a obtenu le feu vert des autorités danoises pour développer des structures de captage de CO2 à côté de champs gaziers. TotalEnergies souhaite emprisonner 5 millions de tonnes par an à l'horizon 2030 avec ce projet.
TotalEnergies souhaite emprisonner 5 millions de tonnes par an à l'horizon 2030 avec ce projet danois.
TotalEnergies souhaite emprisonner 5 millions de tonnes par an à l'horizon 2030 avec ce projet danois. (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

Le pétrolier français veut devenir vert. Dans un communiqué publié lundi, TotalEnergies affirme avoir remporté deux permis pour explorer le potentiel de stockage de CO2 de deux sites danois en mer du Nord. Avec ce nouveau projet, l'énergéticien français a pour objectif d'y emprisonner 5 millions de tonnes (Mt) par an à l'horizon 2030.

Ces permis portent sur une surface de plus de 2.000 km2, à environ 250 km de la côte occidentale danoise et permettront à TotalEnergies de capter du C02 autour des champs gaziers de Harald, opérés par TotalEnergies. Cette zone comporte aussi un aquifère salin susceptible d'accueillir les volumes stockés, explique le groupe français.

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Premier forage dans l'aquifère à 2.000 m de profondeur en 2025

Les projets de captage et stockage de carbone (ou « CCS », pour Carbon Capture and Storage), visent à capter puis emprisonner le CO2, source de réchauffement planétaire et émis en particulier par l'exploitation des énergies fossiles et l'industrie lourde. Une fois capté à la source, par exemple sur des sites industriels, ce gaz à effet de serre doit être transporté (par bateaux ou d'anciens gazoducs) pour être stocké dans des réservoirs souvent situés en profondeur du sol (cavités géologiques, gisements pétro-gaziers épuisés...).

Au Danemark, TotalEnergies détiendra 80% de ce projet baptisé Bifrost (avec l'entreprise publique Nordsøfonden, à 20%), et en sera le futur opérateur. Aucun chiffre sur le coût ou le financement n'a été communiqué.

Concrètement, TotalEnergies devra d'abord mener des évaluations détaillées « pour développer un projet susceptible, à terme, d'assurer le transport et le stockage permanent de plus de 5 Mt CO2/an ». Il devra notamment déterminer si le gazoduc existant peut être reconverti. L'objectif est de réaliser en 2025 un premier forage dans l'aquifère, à plus de 2 km sous les fonds marins, explique Martin Rune Pedersen, dirigeant de TotalEnergies au Danemark.

Moins d'un millième du CO2 rejeté est actuellement capté

Mais si l'intention est louable, l'efficacité de ces dispositifs de captage très coûteux laisse encore à désirer. Alors que les émissions brutes de CO2 liées à la combustion fossiles et à l'industrie dans le monde se sont élevées à 37 milliards de tonnes en 2019, les 21 sites de CCS existants à cette date n'en ont « attrapé » que 35 millions de tonnes.

Autrement dit, moins d'un millième du CO2 rejeté par les cimenteries, raffineries, usines chimiques et autres champs d'hydrocarbure se voient réellement capturés.

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Face à l'ampleur du réchauffement, le GIEC soutient maintenant le CCS

Toujours est-t-il que le captage a le vent en poupe. D'autres projets sont en cours, Copenhague, qui vise la neutralité carbone dès 2045, mène un autre projet de captage, appelé « Greensand ». La Norvège travaille aussi sur le projet « Northern Lights » qui doit démarrer en 2024. Pour cela, de premiers accords commerciaux ont été signés avec des fabricants d'engrais, une industrie très polluante. TotalEnergies pour sa part participe à quatre projets de ce type, tous en mer du Nord.

Face à l'ampleur du réchauffement climatique, les experts climat de l'ONU (Giec), dans leur dernier rapport de référence, estiment pour la première fois que le monde devra recourir au captage et stockage du CO2, quel que soit le rythme auquel il parvient à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Des chercheurs proposent d'obliger les pétroliers à gérer leurs déchets

Début janvier, des chercheurs ont même proposé de rendre responsables les producteurs d'énergies fossiles de la gestion des déchets issus de leurs produits et de les obliger à capturer et stocker tout le CO2 en résultant.

Leur proposition a été publiée dans un article du journal Environmental Research Letters. Il s'agirait selon Myles Allen, co-auteur de l'étude et professeur à l'université d'Oxford, « une réponse à la crise climatique actuelle et à ce qu'elle nous apprend sur les défis climatiques ». Il explique :

« Nous allons devoir empêcher les carburants fossiles de causer le réchauffement climatique avant que le monde ne cesse de les utiliser. La seule manière d'y arriver, c'est de mettre sous terre une tonne de CO2 pour chaque tonne générée par l'utilisation continue des énergies fossiles. »

Il reviendrait ainsi aux producteurs de fossiles de s'assurer de l'élimination du CO2 émis lors de l'utilisation de leurs produits, avec la mise en place progressive d'une « obligation de reprise du carbone », avancent les auteurs.

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Une chose est sûre : aussi bien pour le GIEC que pour l'Agence internationale de l'énergie (AIE), parvenir à généraliser le CCS sera décisif, sinon nécessaire pour maintenir des températures en-deçà de +2°C d'ici à 2100. Sans cette solution « il serait pratiquement impossible d'atteindre les objectifs mondiaux pour le climat », avait fait valoir Fatih Birol, le directeur exécutif de l'AIE.

(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/02/2023 à 14:37
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C'est hallucinant cette course en avant !!! Au lieu de limiter les émissions de CO2, eh ben non, on va envoyer ces CO2 en trop dans les nappes de la terre... Mais est ce que au moins on sait quels seront les impacts à moyen ou long terme ??? Je par...

à écrit le 06/02/2023 à 15:44
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C'est dommage de gaspiller une ressource qui pourrait être utile. Tout ce CO2 acheminé à proximité des éoliennes danoises pourrait être utilisé pour produire du e-méthane ou du e-méthanol lorsque les éoliennes produisent de façon excédentaire. Et rem...

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