Air France-KLM va acheter 800.000 tonnes de carburants durables à TotalEnergies pour accélérer la décarbonation de ses vols

Le groupe aérien franco-néerlandais a signé un protocole d'accord avec TotalEnergies. Ce dernier fournira 800.000 tonnes de carburant d'aviation durable à ses compagnies dès 2023 et pour 10 ans. Air France-KLM compte sur ce type de combustible pour décarboner ses vols et ainsi réduire ses émissions de gaz à effet de serre liées au kérosène de l'ordre de 30% par passager-kilomètre au cours de la décennie.
Déjà fin octobre, Air France-KLM avait annoncé avoir conclu des contrats en carburant durable pour un total de 1,6 million de tonnes.
Déjà fin octobre, Air France-KLM avait annoncé avoir conclu des contrats en carburant durable pour un total de 1,6 million de tonnes. (Crédits : Reuters)

Air France-KLM avance dans son objectif de décarbonation de ses vols. Le groupe mise pour cela sur le carburant d'aviation durable (« sustainable aviation fuel », plus connu sous l'abréviation SAF). Incorporé à hauteur de 1% aujourd'hui - conformément à la réglementation française -, l'objectif est d'atteindre 10% en 2030, 20% en 2035 et jusqu'à 63% en 2050. Une augmentation qui passera par un approvisionnement en partie assuré par TotalEnergies. Les deux groupes ont en effet signé ce lundi 5 décembre un protocole d'accord pour la fourniture de 800.000 tonnes de SAF sur une période de 10 ans, à partir de 2023.

« Ce carburant d'aviation durable sera produit par TotalEnergies dans ses bioraffineries et sera mis à la disposition des compagnies du Groupe Air France-KLM, principalement pour les vols au départ de la France (conformément à la législation française) et des Pays-Bas », font savoir les deux groupes dans un communiqué.

Les SAF développés par TotalEnergies sont des biocarburants produits à partir de déchets et de résidus issus de l'économie circulaire (graisses animales, huiles de cuisson usagées, etc.) et des « e-jets », carburants de synthèse pour l'aviation. Le groupe a pour ambition d'en produire 1,5 million de tonnes à horizon 2030. Ils permettent « en moyenne une réduction d'au moins 80% des émissions de CO2 sur l'ensemble du cycle de vie, en comparaison à leur équivalent fossile », peut-on lire dans le communiqué.

Dans sa politique d'approvisionnement, Air France-KLM s'engage justement à n'acheter que des SAF qui n'entrent pas en concurrence avec l'alimentation humaine ou animale, qui sont certifiés (RSB ou ISCC) pour leur durabilité et qui ne sont pas produits à partir d'huile de palme.

Lire aussiCarburants durables : la carte maîtresse d'Air France pour décarboner ses vols

Un contrat de plus

Déjà fin octobre, Air France-KLM a annoncé avoir conclu des contrats en carburant durable pour un total de 1,6 million de tonnes. Soit environ le tiers de ses besoins à l'horizon 2030. Dans le détail, un million de tonnes est commandé à la société finlandaise Neste, couvrant la période de 2023 à 2030, et 600.000 tonnes à l'entreprise américaine DG Fuels, pour 2027-2036. Le groupe précisait alors que des discussions « [étaient] en cours » avec d'autres fournisseurs.

Les SAF font partie intégrante de la stratégie d'Air France-KLM de baisser de 30% ses émissions de CO2 par passager-kilomètre, unité de référence du secteur, en 2030 par rapport à 2019. Selon le groupe, cela représente une baisse de 12% de ses émissions en valeur absolue, la différence étant due à la croissance prévue du trafic. Air France-KLM vise une baisse de 30% de ses émissions de CO2 par passager-kilomètre, unité de référence du secteur, en 2030 par rapport à 2019. La compagnie Air France avait précisé en avril dernier que cela représentait une baisse de 12% de ses émissions en valeur absolue, la différence étant due à la croissance prévue du trafic. Les membres de l'Iata, ainsi que les Etats au niveau de l'ONU, se sont engagés à « zéro émission nette » de CO2 pour le transport aérien en 2050, en majorité grâce aux SAF, dont la production est actuellement embryonnaire : l'Iata veut parvenir à 30 milliards de litres disponibles en 2030 contre 125 millions en 2021. Les moteurs d'avions sont aujourd'hui certifiés pour fonctionner avec des mélanges contenant jusqu'à 50% de SAF, mais celui-ci est pour l'instant trois à quatre fois plus cher que le kérosène d'origine fossile. La clé pour faire baisser les prix est surtout de créer des filières de production à grande échelle.

Lire aussiAir France-KLM sécurise le tiers de ses besoins en carburants durables à l'horizon 2030.

Sortir du kérosène, LE défi de l'aviation

Le secteur du transport aérien est aujourd'hui responsable d'environ 2,5% des émissions de CO2 à l'échelle mondiale. Il doit donc radicalement se transformer car, si rien n'est fait, il pèsera pour 9% des émissions de CO2 à l'horizon 2050. Les progrès technologiques seront alors incapables d'absorber la forte croissance du trafic. Et pour décarboner massivement ce secteur, les efforts devront se concentrer en grande partie sur les carburants. « La décarbonation de l'aviation viendra aux deux tiers du carburant », a estimé en juin dernier Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies.

Aujourd'hui, les volumes de production de SAF demeurent encore très embryonnaires. En France, TotalEnergies prévoit 300.000 tonnes par an de SAF disponibles à horizon 2024-2025. Selon l'Association du transport aérien international (Iata), le porte-voix des compagnies, 125 millions de litres de SAF ont été disponibles en 2021. Ce volume reste infime par rapport à la consommation annuelle mondiale de carburants pour l'aviation. Estimée actuellement à 300 millions de tonnes, elle devrait atteindre 500 millions à l'horizon 2050.

En raison de cette faible production, les SAF sont actuellement trois à quatre fois plus chers que le kérosène d'origine fossile. La clé réduire cette différence est de créer des filières de production à grande échelle. Et signer des « contrats de long terme » comme le fait Air France-KLM avec ses différents fournisseurs de SAF « aide » à établir une demande, selon le groupe aérien, ce qui permettra à terme de faire baisser les prix.

Lire aussiSortir du kérosène : le défi colossal mais impératif de l'aviation

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Commentaire 1
à écrit le 06/12/2022 à 12:00
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Pour produire la totalité du kérosène nécessaire pour l'aviation civile, il faudrait convertire LA TOTALITÉ de la production mondiale des 4 pricipales cultures alimentaires (blé riz soja et maïs) en bio carburant. C'est donc complètement impossible. ...

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