Tournant dans le soutien occidental à Kiev : les Etats-Unis autorisent les pays tiers à livrer des F-16 à l'Ukraine

Joe Biden est désormais prêt à autoriser d'autres pays à fournir à l'Ukraine les avions de combat qu'elle réclame ardemment, des F-16 de fabrication américaine. C'est un tournant d'importance dans le soutien occidental à Kiev. La décision est qualifiée d' « historique » par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L'Armée de l'air polonaise compte une cinquantaine de F-16
L'Armée de l'air polonaise compte une cinquantaine de F-16 (Crédits : Reuters)

La mise en œuvre de la décision américaine d'autoriser d'autres pays à fournir à l'Ukraine des F-16 de Lockheed Martin sera au cœur de la réunion prévue ce dimanche à Hiroshima au Japon entre Joe Biden et Volodymyr Zelensky, en marge du G7. Prise vendredi par le président américain, cette décision constitue un tournant dans la guerre en Ukraine à l'heure où les forces ukrainiennes préparent une contre-offensive. Alors que la livraison de ces avions de combat par des pays tiers est soumise à l'approbation préalable de Washington dans un souci de protection de la technologie militaire américaine, les Etats-Unis s'étaient jusqu'ici opposés à donner leur feu vert, invoquant les risques d'escalade du conflit, et affirmant qu'il ne s'agissait pas d'une priorité. Ceci alors même que certains pays européens comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Pologne... étaient prêts à répondre favorablement aux demandes ukrainiennes.

Depuis des mois, l'Ukraine multiplie les demandes en ce sens pour frapper en profondeur les troupes russes et Volodymyr Zelensky ne cache pas sa satisfaction d'avoir obtenu gain de cause. Cette décision « historique va considérablement aider notre armée de l'air », a-t-il dit. L'annonce a également été rapidement saluée par le Premier ministre britannique Rishi Sunak, ainsi que par le Premier ministre belge Alexander De Croo et la ministre de la Défense néerlandaise, Kajsa Ollongren.

Formation des pilotes en Europe

« Le Royaume-Uni travaillera avec les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark pour apporter à l'Ukraine la capacité aérienne de combat dont elle a besoin », a affirmé le Premier ministre britannique, alors que le Royaume-Uni avait plaidé mardi pour une « coalition internationale pour les avions », tout en s'engageant-Uni à livrer prochainement des missiles anti-aériens et des drones d'attaque. Il s'ajouteront aux missiles de croisière de longue portée Storm Shadow que Londres a annoncé la semaine dernière avoir livrés à Kiev, devenant le premier pays à lui fournir ce type d'armement.

Selon un responsable américain, Joe Biden a assuré de son « soutien à une initiative commune visant à entraîner des pilotes ukrainiens sur des avions de combat de quatrième génération, y compris des F-16 », « Pendant que l'entraînement se déroulera ces prochains mois, notre coalition de pays participant à cet effort décidera quand fournir des avions, combien, et qui les fournira », a-t-il poursuivi. « L'entraînement aura lieu hors d'Ukraine sur des sites situés en Europe et durera des mois ». il pourrait commencer dans les prochaines semaines.

Des livraisons d'armes par l'Occident toujours plus lourdes

L'annonce américaine sur les avions de combat intervient après les récentes livraisons à Kiev de chars occidentaux et de roquettes longue-portée. Celles-ci illustrent la manière dont les Occidentaux s'adaptent aux besoins de l'Ukraine et aux évolutions du champ de bataille depuis l'invasion russe en février 2022.

- Armes légères contre l'invasion russe

Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine lance l'invasion de l'Ukraine. Les troupes russes réalisent une progression éclair dans l'est et tentent d'encercler Kiev.

Rapidement, les Ukrainiens bénéficient de premières livraisons d'armes par l'Occident. Entre février et mars, ils reçoivent plus de 40.000 armes légères, 17.000 manpads - systèmes portatifs de défense sol-air - ainsi que de l'équipement (25.000 casques, 30.000 gilets pare-balles), selon les données du Kiel Institute qui recense depuis le début de la guerre les armes promises et livrées à l'Ukraine.

Dans l'urgence, ces armes et équipements légers sont faciles à livrer, à prendre en main et à déplacer sur le champ de bataille.

- Obusiers et lance-roquettes pour se recentrer sur le Donbass

Face à une farouche résistance à Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, l'armée russe se retire fin mars pour concentrer ses efforts sur les territoires du Donbass et du sud.

Commencent alors en avril les livraisons d'artillerie (obusiers, lance-roquettes...), capables de frapper derrière les lignes ennemies pour atteindre les stocks de munitions et bloquer les chaînes logistiques russes.

Sont livrés jusqu'à l'automne 321 obusiers, dont 18 canons Caesar français, 120 véhicules d'infanterie, 49 lance-roquettes multiples, 24 hélicoptères de combat, plus de 1.000 drones américains, ainsi que 280 chars de fabrication soviétique, envoyés principalement par la Pologne, que l'armée ukrainienne a l'habitude d'utiliser.

- Défense sol-air contre les frappes

Malgré son repli, la Russie lance des vagues de frappes aériennes (missiles et drones kamikazes) sur les infrastructures énergétiques, les centres urbains, bien au-delà du front.

Pour aider les Ukrainiens à y faire face, les pays occidentaux livrent des systèmes de défense anti-missiles, Etats-Unis, Royaume-Uni et Espagne en tête.

Washington finit par accepter de livrer son très réputé système de missiles sol-air moyenne-portée Patriot.

- Chars et roquettes longue-portée pour sortir des tranchées

A partir de fin 2022, une guerre de tranchées s'installe dans l'est et l'Ukraine craint une offensive majeure russe avec l'arrivée des mobilisés. Dans ce contexte, Kiev obtient des chars lourds et modernes occidentaux, longtemps réclamés pour prendre l'initiative et sortir de la guerre d'usure.

Plusieurs pays occidentaux promettent fin janvier d'en livrer : Washington annonce des chars Abrams (toutefois pas disponibles avant l'automne 2023), Londres des Challenger 2, Berlin des Leopard 2, réputés parmi les meilleurs du monde. Le feu vert allemand permet par ailleurs à d'autres pays de promettre des Leopard 2.

Jusqu'à présent, Kiev ne disposait que de chars de fabrication soviétique, moins performants technologiquement, et en avait perdu beaucoup.

« Les Ukrainiens disposent des capacités dont ils ont besoin pour reprendre davantage de territoires », estimait fin avril le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, selon qui 230 chars occidentaux ont déjà été livrés.

Des roquettes de longue-portée GLSDB (150 km) ont également été fournies par les Etats-Unis, selon des affirmations russes non démenties par Kiev. Le Royaume-Uni annonce le 11 mai des missiles Storm Shadow, qui peuvent frapper à 250 kilomètres. L'Ukraine juge ces munitions cruciales pour mener sa contre-offensive et menacer des positions russes loin derrière les lignes de front.

(AFP)

La Pologne reçoit ses premiers lance-roquettes HIMARS à déployer près de la frontière russe

La Pologne a reçu le premier lot de lance-roquettes HIMARS de fabrication américaine qu'elle compte déployer dans la région frontalière avec la Russie, a annoncé lundi le ministre polonais de la Défense. « Cette arme sera déployée dans la partie nord-est de notre pays (...), sa tâche sera de dissuader l'agresseur », a déclaré Mariusz Blaszczak aux journalistes. En mars, le ministère avait précisé que ces systèmes de longue portée allaient équiper une unité militaire basée à Olsztyn, à environ 80 kilomètres de la frontière avec l'enclave russe de Kaliningrad. Selon Mariusz Blaszczak, les HIMARS « renforceront l'armée polonaise sur le flanc est du pays et de l'Alliance atlantique ». La Pologne, un pays frontalier de l'Ukraine qu'elle soutient fermement, a acheté 20 HIMARS en 2019 et a maintenant reçu la première livraison de ces systèmes. Varsovie dit négocier avec les États-Unis l'acquisition d'un nombre bien plus élevé de ces armes.

« Le Congrès américain a approuvé la vente de près de 500 lance-roquettes à la Pologne. Ils seront amenés en Pologne dès que possible », a déclaré lundi Mariusz Blaszczak.

« Nous voulons nous assurer que dans le cadre de ce nouveau contrat en cours de négociation, la coproduction des HIMARS puisse avoir lieu en Pologne. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé », a-t-il ajouté.

La Pologne a annoncé une importante augmentation des dépenses de défense, à 4% du produit intérieur brut, le Premier ministre expliquant que son pays devait s'armer « plus rapidement », dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.

(AFP)

  

Commentaires 10
à écrit le 20/05/2023 à 18:39
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De la même manière que les néocons us -l' état dans l' état- ont autorisé le larbin Scholz à envoyer ses léopards, l' analyse d' hier sur les médias russes révèle que les usa se gardent bien d ' envoyer leurs chars abrahams...

le 21/05/2023 à 8:44
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Bonjour, tous cela est une victoire russe a la Pyrrhus ( ? ). Les chose sont coupé définitivement entre ukrainienne et russe . L'otan se renforce, et les européens prennent conscience de leur faiblesse...

à écrit le 20/05/2023 à 16:46
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On en déduit qu'avant les acheteurs européens de F16 ne pouvaient pas faire tout ce qu'ils voulaient avec ces équipements US. Intéressant, du point de vue de la souveraineté. Comme est intéressant la nouvelle politique anglaise qui jette manifesteme...

le 21/05/2023 à 8:44
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la vision anglaise est de tout faire pour detruire l'europe et surtout l'allemagne qui a profité.e plus que tout autre de la bienveillance des usa jusqu'a detruire l'industrie auto britannique et oui le brexit a toute son origine dans l'intransigea...

à écrit le 20/05/2023 à 16:00
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Un jour peut être les historiens expliqueront comment nous en sommes arrivés là. En 41 aussi l’Allemagne cavalait vers l'Est dans les plaines de l'Ukraine et l’hiver tout c'est figé avec le froid et la boue puis se fut la débâcle avec l'appui certes ...

à écrit le 20/05/2023 à 14:23
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Bonjour, Avant toute chose la livraison d'avion de chasse ou d'attaque, nous impliquerait encore plus dans la guerre... Trois remarques : si certains pays souhaitent équipée L'UKRAINE d'avion de combats cela les regarde, mais ils devront assumer ...

à écrit le 20/05/2023 à 12:22
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C'est très intéressant cette façon des USA de s'abriter autant derrière leurs alliés européens (des boucliers humains ?) qu'ils envoient au front pour eux... Mais après tout, puisque les dirigeants européens aiment tellement se laisser manipuler ains...

à écrit le 20/05/2023 à 10:55
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"les États-Unis s'étaient jusqu'ici opposés à donner leur feu vert, invoquant les risques d'escalade du conflit" Donc, ils souhaitent l’escalade du conflit maintenant.

le 20/05/2023 à 13:23
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bien trop lache pour s'exposer aux represailles de moscou il envoie l'europe aux sacrifice supreme eux qui ont toujours la creation de l'europe en travers et qui font tout pour detruire sa realision alors quoi de mieux que de faire detruire l'eur...

à écrit le 20/05/2023 à 10:26
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On s'en doutait les us veulent une guerre en Europe avec les européens en première ligne et leur complexe militaro industriel va se faire des milliards de profit , et l'ont voit le bal des vassaux dans la lutte du plus va t en guerre pour s'attirer l...

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