Le chef de l'Organisation mondiale de la santé a déclaré lundi qu'il lancerait une enquête "indépendante" sur la réponse à la pandémie de l'agence onusienne et de ses Etats membres "le plus tôt possible au moment approprié".
"Je lancerai une évaluation indépendante le plus tôt possible au moment approprié pour examiner les expériences et leçons apprises et formuler des recommandations en vue d'améliorer l'état de préparation et la réponse aux pandémies à l'échelle nationale et mondiale", a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus devant les 194 pays membres de l'OMS réunis virtuellement lundi à l'occasion de son assemblée annuelle.
L'OMS, dont une des principales missions est de coordonner les situations d'urgence sanitaire, est accusée par les Etats-Unis d'avoir négligé une alerte précoce venue de Taïwan sur la gravité du coronavirus apparu fin décembre en Chine - ce que dément l'agence onusienne.
Washington, qui accuse Pékin d'avoir dissimulé l'ampleur de l'épidémie, estime que l'OMS s'est "plantée" dans la gestion de la pandémie en s'alignant sur la position chinoise. Il a dans la foulée suspendu la contribution américaine à l'OMS.
"Depuis le premier jour, l'OMS a soutenu les pays en ces heures sombres. L'OMS a rapidement sonné l'alarme et nous l'avons sonné souvent", a répliqué M. Tedros lundi, en rejetant sur les tensions diplomatiques préexistantes la controverse autour de la réponse à la pandémie.
Celle-ci a "crûment mis en lumière les divisions géopolitiques", a-t-il ainsi affirmé, sans davantage de précisions.
L'Assemblée mondiale de la santé devrait approuver par consensus une résolution portée par l'Union européenne et demandant de lancer "au plus tôt (...) un processus d'évaluation" pour examiner la riposte sanitaire internationale et les mesures prises par l'OMS.
Le patron de l'OMS s'est dit favorable à cette initiative à condition qu'elle "comprenne la totalité de la réponse par tous les acteurs, de bonne foi".
Et il a souligné que si des enseignements pouvaient être tirés de cette pandémie, la communauté internationale devait préserver l'OMS qui a prouvé son efficacité par le passé dans l'éradication des maladies infectieuses.
"Le monde n'a pas besoin d'un autre plan, d'un autre système, d'un autre mécanisme, d'un autre comité ni d'une autre organisation. Il a besoin de renforcer, mettre en oeuvre et financer les systèmes et les organisations dont il dispose - y compris l'OMS", a-t-il prévenu.
Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement intervenant par visioconférence ont apporté leur soutien à l'OMS. Et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a même fustigé les pays "qui ont ignoré" ses recommandations de tester systématiquement, avant d'isoler et de traiter, pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus.
Le monde paye aujourd'hui au "prix fort" les stratégies divergentes des Etats pour répondre à la crise, selon M. Guterres.