Visite de Nancy Pelosi à Taïwan : la Chine va répondre avec des « actions militaires ciblées »

Alors qu'elle effectue une tournée asiatique, la présidente de la Chambre des représentants américaine a atterri à Taïwan, ce mardi. Une visite qui fait monter d'un cran les tensions entre Washington et Pekin qui considère l'île comme une partie de son territoire à réunifier. En réponse, la Chine a annoncé des « actions militaires ciblées ».
La Chine s'est dite déterminée à défendre résolument la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d''indépendance de Taïwan.
La Chine s'est dite déterminée à "défendre résolument la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d''indépendance de Taïwan." (Crédits : Bobby Yip)

« Qui joue avec le feu y succombera », a prévenu le ministère des Affaires étrangères chinois. Alors que sa visite était pressentie depuis plusieurs heures, Nancy Pelosi a finalement atterri à Taïwan ce mardi 2 août, malgré les avertissements de la Chine qui a, d'ores et déjà, déclaré qu'elle considérait cette visite comme une grave provocation risquant d'enflammer des relations sino-américaines déjà tendues.

Des images diffusées en direct de la télévision taïwanaise ont montré la présidente de la Chambre des représentants américaine accueillie à son arrivée par Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères  et la principale représentante américaine sur l'île, Sandra Oudkirk. Celle qui est désormais la plus haute responsable américaine à visiter l'île depuis son prédécesseur Newt Gingrich en 1997,  est arrivée à l'aéroport de Songshan à bord d'un avion militaire américain. Selon le média américain, Bloomberg, elle devrait rencontrer la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, mercredi matin avant de donner une conférence de presse commune. Des sources ont indiqué qu'elle devrait aussi s'entretenir avec un groupe de militants ouvertement critiques des actions de la Chine en matière de droits de l'homme.

Peu après son arrivée, Nancy Pelosi a affirmé dans un communiqué que sa visite « honore l'engagement inébranlable de l'Amérique à soutenir la vibrante démocratie taïwanaise ». « La solidarité de l'Amérique avec les 23 millions d'habitants de Taïwan est plus importante que jamais, alors que le monde doit choisir entre autocratie et démocratie », a-t-elle ajouté, assurant ajoutant que ce déplacement ne contredisait « en rien » la politique d'« une seule Chine » appliquée par Washington. Si Washington n'a pas de liens diplomatiques officiels avec Taïwan, le pays est légalement tenu de lui fournir les moyens de se défendre. Dans un entretien téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, son homologue américain, Joe Biden lui avait précisé que la politique américaine à l'égard de Taïwan n'avait pas changé et que Washington s'opposait fermement aux efforts unilatéraux visant à modifier le statu quo ou à compromettre la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.

La Chine dénonce « une atteinte à la paix et à la stabilité régionales »

Mais les propos de la représentante américaine n'ont pas apaisé la colère de la Chine. Dès l'arrivée de Nancy Pelosi à Taïwan, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé « une grave violation » des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui « porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité » régionales. Il a dénoncé les multiples actions « extrêmement dangereuses » ces dernières années des responsables politiques américains, qui « utilisent Taïwan pour contenir la Chine », notamment avec cette visite. « Qui joue avec le feu y succombera », a ajouté le ministère dans un communiqué diffusé dans la foulée de l'arrivée de Nancy Pelosi à l'aéroport de Taipei.

Comme en amont de l'arrivée de la représentante américaine, Pékin a envoyé des avions de chasse dans le détroit de Taiwan, a rapporté la presse officielle chinoise. L'armée chinoise va organiser des manoeuvres près de Taiwan du 4 au 7 août, a-t-elle ajouté. L'opération de l'armée vise à « défendre résolument la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d'''indépendance de Taïwan'' », a déclaré Wu Qian, un porte-parole du ministère chinois de la Défense qui a promis des « actions militaires ciblées » de la part de l'armée.

D'autant que dans une tribune publiée par le Washington Post dans la foulée de son atterrissage à Taipei, la présidente de la Chambre américaine des représentants a mis en exergue les raisons de sa visite sur l'île, saluant l'engagement démocratique de Taïwan tout en critiquant la Chine pour avoir alimenté les tensions dans la région ces dernières années. « Nous ne pouvons rester immobiles pendant que le PCC (Parti communiste chinois) continue de menacer Taïwan - et la démocratie elle-même », a-t-elle écrit, évoquant par ailleurs la « répression brutale » menée par Pékin contre ses opposants politiques à Hong Kong et le traitement des communautés musulmanes du Xinjiang, région dans laquelle la Chine mène un génocide selon les Etats-Unis.

Après l'arrivée de Nancy Pelosi, Taïwan a annoncé l'incursion de plus de 20 avions militaires chinois dans sa zone de défense aérienne. « 21 avions de l'armée chinoise (...) sont entrés dans l'ADIZ (Zone d'identification de défense aérienne, plus large que l'espace aérien) du sud-ouest de Taïwan le 2 août 2022 », a indiqué dans un communiqué sur Twitter le ministère taïwanais de la Défense.

Des navires américains dans la région de Taïwan

A Washington, le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison blanche a déclaré que les Etats-Unis n'allaient « pas être intimidés » par les menaces ou la rhétorique belliqueuse de la Chine. Plusieurs navires américains se trouvaient ce mardi dans la région de Taïwan au moment Nancy Pelosi arrivait dans l'île, selon des sources militaires américaines. La 7e flotte américaine a fait savoir sur Twitter que le porte-avions USS Ronald Reagan, qui croise dans la région depuis début juillet, se trouvait dans la mer des Philippines, au sud de Taïwan. L'US Navy a publié des images du Ronald Reagan effectuant des manoeuvres avec le navire ravitailleur USS Carl Brashear dimanche. Le porte-avions et son groupe aéroporté « effectuent une mission de routine dans l'ouest du Pacifique », a souligné une responsable américaine ayant requis l'anonymat. Par ailleurs, un navire amphibie du corps des Marines, le USS Tripoli (un porteur d'avions de combat de dernière génération F-35 comme le Ronald Reagan), naviguait au même moment à l'est de Taïwan, selon l'Institut naval des Etats-Unis (USNI), un organisme indépendant mais proche de l'US Navy.

Le Pentagone a, toutefois, assuré que la présence de ces deux navires dans la région n'était pas liée à la visite de Nancy Pelosi. « Nous prenons évidemment toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des élus du Congrès, quel que soit l'endroit où ils choisissent d'aller et la date » de leur voyage, a indiqué ce mardi un porte-parole du ministère américain de la Défense.

Les Bourses mondiales en baisse

Les Bourses mondiales n'ont pas manqué de réagir à cette visite. Elles perdaient du terrain après l'annonce de son arrivée, sans pour autant chuter trop lourdement. Les places européennes ont, ainsi, terminé en baisse, Paris a perdu 0,42%, Francfort 0,23% et Milan 0,35%. Seul Londres est restée à l'équilibre, à -0,06%. Aux Etats-Unis, Wall Street était plus mitigé. Après une ouverture dans le rouge, le Dow Jones perdait 0,46% mais le Nasdaq gagnait 0,27% vers 18 heures. De son côté, le S&P500 évoluait à l'équilibre, à +0,02%. Le mouvement de baisse a été initié dans la matinée par les Bourses asiatiques, qui ont chuté franchement, alors que les rumeurs naissaient sur la visite de la représentante américaine.

La visite saluée par Taïwan

Cette visite montre le soutien « inébranlable » de Washington, a estimé, pour sa part, le ministère taïwanais des Affaires étrangères, peu après l'arrivée de la dirigeante américaine. « Nous pensons que la visite de la présidente Pelosi (...) va renforcer les relations étroites et amicales entre Taïwan et les Etats-Unis, et encore approfondir la coopération en général entre les deux parties dans tous les domaines », a déclaré le ministère.

Avant cet événement, le ministère taïwanais de la Défense avait fait savoir qu'il avait « la détermination, la capacité et la confiance » pour assurer la sécurité de l'île, en ajoutant, sans autres détails, qu'il avait d'ores et déjà prévu une série de plans d'urgence. Le ministère avait précisé dans un communiqué qu'il répartirait de façon appropriée les capacités militaires dont il dispose dans la région pour faire face aux « menaces ennemies »Taipei a « renforcé » son niveau d'alerte militaire mardi matin, et ce jusqu'à jeudi midi, a fait savoir l'agence de presse officielle taïwanaise, citant des sources non identifiées.

De son côté, le Kuomintang (KMT), le parti d'opposition à Taïwan, a également salué cette venue « et les visites de tous les amis internationaux qui renforceront la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, promouvront les valeurs démocratiques libérales et le libre-échange, et un Indo-Pacifique libre et ouvert », sur Twitter.

 (Avec agences)

Commentaires 8
à écrit le 03/08/2022 à 20:49
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Bonjour, Personnellement, je profiterai de l'incursion des avion chinois pour vendre des missiles air sol moderne et des avion de chasse au gouvernement de Formose .. Histoire de calmer les élans chinois dans la région... Après tous si les habitan...

à écrit le 03/08/2022 à 17:52
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Taîwan a toujours revendiqué son indépendance de la Chine de Mao. Cela déjà se comprend mieux que l'indépendance de la Catalogne... qui n'est pas victime de répression anti démocratique. On a vu ce qu'à fait la Chine de Hong Kong. Les USA ne sont p...

à écrit le 02/08/2022 à 19:16
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Bonjour, Comme action ciblée, pourquoi pas une attaque d'un porte avion... Histoire que la guerre maître fin au prétentions chinoise dans la région... Pour le reste , les usa ons le droit de visiter qui leur semblent... Après tous les chinois de F...

le 03/08/2022 à 0:20
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Taïwan est une île indépendantiste comme les régions de Louhansk et Donetsk. Si les US étaient cohérents avec leur politique de soutien à l'Ukraine, ils donneraient des armes à la Chine pour mater les rebelles. L'autonomie des peuples, c'est quand ça...

à écrit le 02/08/2022 à 18:37
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Quels hypocrites, ces américains. Ils vont finir par le payer

le 02/08/2022 à 20:23
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Pourquoi donc ? Vous préférez la dictature chinoise ?

le 02/08/2022 à 20:55
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@marc469 : Oui

à écrit le 02/08/2022 à 18:28
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Des actions militaires ciblées! Ça ne veut rien dire. On fait la guerre pour de vrai...ou rien! Pas quoi intimider les US. La Chine se decrediblise et montre un état de fébrilité, de faiblesse. Pas bon pour engager un conflit.

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