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L'avion vert existe déjà, pas la peine de l'inventer. Il s'agit simplement de changer le mode de combustion des avions existants. C'est possible en utilisant des carburants d'aviation durable, produits à partir de déchets d'huiles et de graisses. En Anglais, on appelle cela les SAF, pour « Sustainable Aviation Fuel ».
Concrètement, un Boeing 787 de la compagnie Virgin Atlantic reliera l'an prochain Heathrow à New York avec uniquement du carburant d'origine non fossile. L'objectif, après de premiers essais avec 50% de carburants verts, est de démontrer que voler avec 100% de SAF est sans danger avec des avions modernes.
Ce serait une réponse majeure à la génération Greta Thunberg et son slogan « honte de prendre de l'avion » qui a assombri la réputation du secteur. Le vol test annoncé par le gouvernement britannique sera donc regardé avec beaucoup, beaucoup d'attention par tous les acteurs de l'aérien.
Et ce sera vraiment neutre en carbone ?
Pas tout à fait. Les SAF permettent de réduire les émissions de carbone de 70%, car ils émettent encore du CO2 lors de leur combustion. Les organisateurs du test de Virgin promettent un vol zéro émission car ils achèteront en compensation des crédits carbone. En gros, ils planteront des arbres. A titre d'exemple, un Aller/Retour Paris-New York représente une tonne de CO2 par personne, soit l'équivalent de 40 arbres à planter.
Combien de temps faudra-t-il pour que tous les avions deviennent verts ?
Longtemps. C'est un équilibre à trouver entre la réglementation et l'industrialisation de ces carburants verts. La réglementation française impose déjà un mélange à 1%, mais l'objectif d'Air France est de monter progressivement pour atteindre 10% d'incorporation en 2030 ; 20% en 2035 et jusqu'à 63% en 2050. Aller plus vite nécessitera de produire suffisamment de carburants durables. Il faudra pour cela que les compagnies soient prêtes à payer jusque 5 fois plus cher que le kérosène. Et qu'une filière de production se développe.
TotalEnergies s'est déjà positionné en transformant deux raffineries en France pour fournir 800.000 tonnes de carburants durables à Air France dans les 10 ans.
Mais arriver à la neutralité carbone au niveau mondial sera hors de prix. Selon une étude du cabinet américain Bain, l'ensemble de la filière aéronautique devra consacrer 1.300 milliards de dollars pour arriver à 20% de carburants durables en 2050 et pousser jusqu'à 10.000 milliards de dollars pour approcher du zéro émission.
Y aura-t-il encore des voyageurs assez riches pour prendre l'avion, telle sera alors la question. L'avion sera plus vert, mais aussi plus cher.
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