Anne Hidalgo, le risque de la campagne de trop

La maire de Paris organise le flou pour la suite. Elle travaille avec soin sa stature à l’international pour préparer l’après 2026.
Caroline Vigoureux
Anne Hidalgo à son bureau à l'hôtel de ville de Paris.
Anne Hidalgo à son bureau à l'hôtel de ville de Paris. (Crédits : © LTD / Corentin Fohlen/ Divergence)

Le texto est resté sans réponse. Après sa nomination au ministère de la Culture en janvier dernier, Rachida Dati a envoyé ce message à la maire de Paris : « Est-ce qu'on peut essayer de trouver une relation normale ? » Que sa principale adversaire
ait été nommée ministre de la Culture d'Emmanuel Macron pour mieux être candidate à Paris en 2026 ne lui a inspiré que du mépris. Et puis, comment peut-elle l'injurier en public et tenir un autre discours en privé ? Anne Hidalgo n'a pas répondu.

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Pistes cyclables et zones piétonnes

Le 5 avril, cela fera dix ans qu'elle s'est installée dans ce vaste bureau de l'Hôtel de Ville. La successeure de Bertrand Delanoë avait 54 ans quand elle a pris sa place. Depuis, elle a transformé la ville en la balisant de pistes cyclables et de zones piétonnes, ce qui lui a valu des avalanches de critiques, parfois même une haine coriace de ses adversaires, et surtout un bilan très mitigé, avec seulement 33 % de satisfaits, selon notre sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche. Cette transformation, la maire de Paris a déjà commencé à la vanter : un communiqué de presse sur les 10 ans de mandat a été publié ce week-end et elle prendra la parole la semaine prochaine. Cet été, elle va pouvoir montrer sa ville aux yeux du monde entier lors des Jeux olympiques, avec une exposition consacrée aux 10 ans qui se tiendra à l'Hôtel de Ville.

Peaufiner son image à l'étranger

Que fera-t-elle de son bilan ? Ses proches en sont certains, elle ne sera pas candidate à un troisième mandat. « Elle est davantage en train de se forger la statue du commandeur que de préparer 2026 », certifie l'un d'eux. Anne Hidalgo se verrait bien prendre la tête d'une grande institution internationale. Ou pourquoi pas en créer une, dans la transition écologique ? Ce qui est sûr, c'est que la maire de Paris, qui maîtrise moyennement l'anglais et dont l'espagnol est la langue maternelle, prend un soin particulier à peaufiner son image à l'étranger.

La semaine dernière, les équipes de Barack Obama ont appelé celles de l'Hôtel de Ville. L'ancien président américain voulait rencontrer la maire de Paris. Les voilà tous les deux en train de poser sur la terrasse du Peninsula, avec la tour Eiffel en arrière-plan. La photo a évidemment été postée sur les réseaux sociaux. Fin janvier, pendant la fashion week, Anna Wintour est venue voir Anne Hidalgo à l'Hôtel de Ville. Le cliché des deux femmes a également été publié, mais ce que ne dit pas l'image, c'est que la maire de Paris a été interviewée par la papesse de la mode mais a aussi posé pour le Vogue américain devant l'objectif de la photographe star américaine Annie Leibovitz. La parution est prévue pour le printemps. Quoi de mieux pour rayonner outre-Atlantique ?

Ses proches en sont certains, elle ne sera pas candidate à un troisième mandat

La déroute à la présidentielle ne l'a pas marquée

Mais tout de même. Renoncer à un nouveau mandat semble si rare en politique. Et la mise en orbite inattendue de sa rivale la plus incontrôlable pourrait-elle lui donner envie d'en découdre une nouvelle fois avec elle ? Parfois Anne Hidalgo glisse qu'elle « fer[a] tout pour que Rachida Dati ne soit pas la maire de Paris ». C'est aussi sa détermination aveugle qui alimente l'idée d'une troisième campagne. Certains au Conseil de Paris ont été fascinés de voir à quel point sa déroute humiliante à l'élection présidentielle ne l'avait marquée ni physiquement ni moralement. Le lendemain matin du premier tour, elle a débarqué à 8h40, avec à peine quelques minutes de retard sur l'heure habituelle, comme si de rien n'était. Les attaques et les échecs semblent glisser sur elle. « Tous les matins en me regardant dans la glace, je me dis que les gens m'aiment », avait-elle confié à un élu parisien. « Anne Hidalgo a une psychologie de guerrière, remarque cet édile. C'est une faiblesse parce qu'elle manque de lucidité, mais une force parce qu'elle est déterminée. »

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Depuis plusieurs mois, elle laisse volontairement planer un doute insistant sur la suite. À un élu du Conseil de Paris qui la sonde, elle répond : « J'ai toute l'énergie pour continuer. » Même en privé, la maire de Paris ne laisse rien transparaître de ses intentions, si ce n'est qu'elle dira seulement après les Jeux olympiques si elle est ou non candidate.

L'enjeu des JO

Derrière ce flou qu'elle organise, il y a un homme qui patiente, Emmanuel Grégoire. Avec son premier adjoint, quelque chose s'est brisé à la lecture de cette phrase qu'il a eue le 4 février dernier dans Le Monde : « Nous devons créer une nouvelle histoire, nous devons changer radicalement de récit. » Anne Hidalgo l'a très mal pris mais ils n'en ont jamais discuté frontalement. Peut-être cette absence de discussion a-t-elle permis d'éviter toute dispute, pensent ses proches. « Le moment est venu de se concentrer sur l'enjeu qui est celui des Jeux olympiques et paralympiques », recadre-t-elle sobrement sur TF1 le 29 février. Voilà l'homme de 46 ans qui rêve de lui succéder prié de patienter pour une durée indéterminée.

Mais comme le montre notre sondage, le premier adjoint de la maire de Paris ferait un meilleur score que le sien au premier tour s'il était candidat (16 % des voix pour lui contre 14 % pour elle). Et si elle était candidate, Anne Hidalgo oscille dans tous les cas de figure entre 11 % et 15 % des voix au premier tour, loin derrière les 33 % à 38 % de Rachida Dati. Et bien loin aussi des résultats qu'elle avait obtenus au premier tour en 2014 (34,40 %) puis en 2020 (29,33 %), comme si l'élection de 2026 risquait d'être celle de trop.

Caroline Vigoureux
Commentaires 8
à écrit le 25/03/2024 à 7:07
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C´est comme Macron : ne pouvant pas rester, on essaie de se trouver un autre poste pour l´après, mais en plus pas gêné, on essaye de monter d´un cran. Mais c´est comme Macron : à force de ne s´intéresser à rien sur le fond, de prendre des décisions à...

à écrit le 24/03/2024 à 22:53
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Comme Mbappé elle attend la fin de la compétition pour annoncer son départ.

à écrit le 24/03/2024 à 13:42
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Bonjour, trouver un parisien heureux de la gestion de Mme Hidalgo... Dette catastrophique, aménagement urbain discutable, saleté de la ville , problème récurent dans les transports en commun... Personnellement, je crois que l'ons peux faire mieux......

le 24/03/2024 à 22:56
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Hidalgo n'est pas dirigeante de la RATP... Par ailleurs la dette n'a pas augmenté en pourcentage des recettes. Par contre oui c'est un peu sale

à écrit le 24/03/2024 à 12:13
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"Une stature à l'international" ? Vous rigolez ou quoi ? Après la déconfiture de Paris sur tous les plans ...

le 24/03/2024 à 17:25
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C'est tout ce qu'on a trouvé pour s'en débarrasser, l'exporter !! Qui en voudra vu le bilan ?

le 24/03/2024 à 22:59
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Sur quel plan ? Paris est devenue sous Hidalgo la première ville Européenne pour les investissements (en 2017) et 10e mondiale.

à écrit le 24/03/2024 à 10:32
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C'est comme Hylari Clinton, perdre face à Trump a mis fin à sa carrière, se faire écraser par une Dati mérite en effet de mettre un terme définitif à sa carrière mais regardez justement... Dati.

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