Débat primaire de droite : Nathalie, Alain, Bruno, Nicolas et les autres...

La Tribune publie son "journal de campagne" quotidien, reprenant les principaux faits et déclarations des candidats (et de leurs soutiens) à la présidentielle de 2017. Aujourd'hui, le premier débat TV entre les candidats à la primaire de droite, Alain, Nathalie, Bruno et les autres...
Jean-Christophe Chanut
"Bruno", "Alain", "Nathalie", "Nicolas" et les autres ont évité le pugilat général lors du premier débat TV opposant les candidats à la primaire de la droite.

C'est un « ouf » de soulagement qu'ont dû pousser les sept candidats à la primaire de la droite à l'issue du premier débat jeudi 13 octobre sur TF1. L'émission n'a pas versé dans le pugilat, les coups ont été globalement retenus. On s'est même appelé par ses prénoms "Bruno", "Alain", etc.... C'est dire si on était en famille. Et dans une famille, c'est bien connu, tout le monde s'aime...

Tout le monde était donc content. Les deux leaders dans les sondages ont bien veillé à ne pas s'exposer et les challengers ont eu l'occasion de tenter de se démarquer malgré un « format » très contraignant - des réponses qui ne devaient pas excéder une minute.

Juppé dans le rôle du grand sage et Sarkozy tout en contrôle

Le favori des sondages, Alain Juppé, a une nouvelle fois joué son rôle du « grand sage ». L'important, pour lui, était de parer les coups et d'apparaître comme au-dessus de la mêlée, à l'instar de ce qu'avait fait François Hollande, lui aussi favori à l'époque, en 2011 face aux autres candidats à la primaire de la gauche.

L'exercice a été plus difficile pour Nicolas Sarkozy, placé au centre du plateau. L'ancien chef de l'Etat, n'a pas arrêté de se mordre les lèvres. Manifestement il déployait des efforts surhumains pour garder son calme, mais on le sentait bouillir de devoir composer avec des concurrents qui étaient nombreux à avoir été "ses" ministres. Nicolas Sarkozy a gardé son sang froid, malgré les piques envoyées par les uns et les autres, notamment Jean-François Copé, qui d'entrée de jeu, lui a reproché de ne pas avoir fait  la « rupture » promise en 2007. Nicolas Sarkozy a dû aussi se contrôler quand le même Copé l'a de nouveau attaqué - sans le nommer - sur le fait qu'il était difficile d'être mis en examen et de postuler à la présidence de la République.

Fillon et "l'affaire Jouyet"

François Fillon, lui, impeccablement sanglé dans son costume, a parfaitement joué son rôle de professeur d'économie sérieux, tentant dans un laps de temps aussi réduit, d'exposer son programme. En revanche, l'ancien Premier ministre a vécu un grand moment de solitude lors qu'il a été interrogé sur ce fameux déjeuner en 2014 avec Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l'Elysée et ancien ministre de... Nicolas Sarkozy, où il aurait demandé à la majorité actuelle de pousser les feux pour que la justice accélère ses procédures afin que Nicolas Sarkozy ne puisse pas revenir en politique. Un fait de nouveau relaté dans le livre d'entretiens avec François Hollande écrit par les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme*. Malgré un faisceau d'indices concordants, François Fillon nie, traitant Jouyet de « menteur », Hollande de manipulateur et accusant les deux journalistes d'absence de déontologie... Un ange est passé.

Bruno Le Maire, sans cravate, car "moderne"

Bruno Le Maire est apparu sur le plateau sans cravate pour faire « jeune et moderne ». D'ailleurs, il a surjoué son credo du « renouveau », taclant tous ses concurrents : « si vous voulez que tout continue comme avant, vous avez tout ce qu'il faut sur le plateau ».... Pan!  Mais le député de l'Eure s'est un peu emmêlé les pinceaux sur les contrats aidés, les assimilant tous à des emplois publics. Nathalie Kosciusko-Morizet, sans doute bien conseillée était astucieusement vêtue d'un ensemble rouge qui tranchait avec la grisaille des costumes de ces messieurs. Elle aussi a voulu faire entendre sa différence, évoquant à plusieurs reprises l'essor irréversible du travail indépendant.

Enfin, Jean-Frédéric Poisson, président du parti chrétien démocrate, quasi inconnu au bataillon, était celui qui avait tout à gagner de ce débat, un peu comme Jean-Michel Baylet, le président du parti radical, lors de la primaire de la gauche de 2011. Le député des Yvelines aura connu son quart d'heure de gloire - concept cher à l'artiste américain Andy Wharol - se révélant au grand public qui ne le connaissait pas. Ce très conservateur héritier de Christine Boutin, a su prendre un air débonnaire pour exposer ses thèses.

5,6 millions de téléspectateurs... pas si mal

Au final, pourtant, on peut penser que ce débat très corseté n'aura pas changé grand-chose sur le fond. Sur les dossiers économiques, on avait davantage l'impression d'avoir affaire à des comptables se battant sur le niveau des recettes, qu'à des hommes et femmes politiques traçant un cap. Quant aux questions régaliennes, cela tenait du concours Lépine de la mesure la plus sécuritaire.

En tout état de cause à TF1 on se frotte les mains : 5,6 millions de téléspectateurs ont suivi le débat, soit 26,3 % d'audience.

Selon un sondage Opinionway pour Le Point, réalisé auprès d'un échantillon extrêmement restreint de 381 personnes ayant regardé TF1 et ayant l'intention de voter à la primaire de droite des 20 et 27 novembre: Alain Juppé emporte la conviction avec 33 % des suffrages parmi les téléspectateurs;  Il devance Nicolas Sarkozy (25 %), Bruno Le Maire (15 %), François Fillon (14 %), Jean-François Copé (5 %), Nathalie Kosciusko-Morizet (2 %) et Jean-Frédéric Poisson (1 %). Enfin, 5 % des téléspectateurs n'ont été séduit par aucun des participants. Reste que ce sondage est vraiment à prendre avec des pincettes ...  Deux autres débats similaires seront organisés les 3 et 17 novembre.

*Graphique réalisé par Statista

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 4
à écrit le 15/10/2016 à 6:57
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Les organisateurs de cette émission vont ils aborder les questions relatives à la relation entre le cout du travail et le prix de l'énergie? C'est pourtant essentiel pour l'économie.

le 15/10/2016 à 10:11
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Cela permettrait de réduire le cout du travail en basculant les charges sociales sur la consommation d'énergie. Cela augmenterait le prix de l'énergie mais permettrait une baisse du chomage. Cela correspond à basculer la fiscalité du travail sur la f...

à écrit le 14/10/2016 à 15:47
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5.6 millions de personnes c'est le nombre d'électeurs pour les élections de 2017... sur une population de 66 millions. En effet TF1 a fait le plein. Démocratie ?

à écrit le 14/10/2016 à 15:37
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Vos préférés dans l'ordre après le débat ? Perso je dirais Juppé (bonne connaissance des dossiers, réaliste, bonnes idées en général sauf rares exceptions, a fait ses preuves y compris à Bordeaux etc) et derrière ex-aequo NKM et Lemaire (quelques bon...

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