À deux mois de l'échéance que se sont fixés Londres et Bruxelles pour organiser une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'Union européenne, Theresa May ne parvient toujours pas à convaincre ses compatriotes, ni même à son propre parti, du bien-fondé de son projet visant à limiter l'impact du Brexit sur le commerce transfrontalier.
Dans les colonnes du Daily Telegraph, Boris Johnson, fervent "Brexiter" qui a démissionné en juillet pour protester contre le "plan de Chequers", le livre blanc présenté par le gouvernement en vue d'un divorce "allégé" avec l'UE, a lancé ce 3 septembre une nouvelle charge contre Theresa May :
"En adoptant les propositions de Chequers, nous sommes partis à la bataille avec un drapeau blanc hissé sur notre char de tête. Si nous continuons dans cette voie, nous nous priverons de la plupart des avantages du Brexit", a écrit l'ancien ministre. "Les gens peuvent voir que Chequers est synonyme de désastre."
Ni plus ni moins, Boris Johnson voit l'UE sortir "victorieuse" des négociations avec l'Union européenne. Ses propos font écho à ceux de David Davis qui a estimé dimanche que le "plan de Chequers" était "presque pire que de rester dans l'UE".
Theresa May reste inflexible sur le Brexit
Le Brexit préconisé par Theresa May empêcherait le Royaume-Uni de devenir plus compétitif et de conclure des accords de libre-échange ambitieux avec d'autres pays, poursuit Boris Johnson.
"Nous allons rester dans le taxi de l'UE ; mais cette fois enfermés dans le coffre sans avoir notre mot à dire sur sa destination", prévient-il.
Dans une tribune publiée dans le Sunday Telegraph daté du 2 septembre, Theresa May a pourtant tenté d'apaiser les conservateurs eurosceptiques en assurant qu'elle ne ferait aucune concession lors des négociations avec Bruxelles qui aille à l'encontre des intérêts du Royaume-Uni.
De son côté, Michel Barnier, le négociateur en chef du Brexit, s'est dit prêt à prolonger les négociations jusqu'à "mi-novembre" et a appelé Londres à détailler en urgence sa proposition sur l'Irlande.
Vingt députés conservateurs prennent publiquement position contre le plan
Pour autant, d'après le Times, la Première ministre ne dispose pas d'une majorité pour faire voter par le Parlement - qui aura le dernier mot - un accord sur la base du "plan de Chequers". En effet, 20 élus conservateurs (dont les anciens ministres Priti Patel et Iain Duncan Smith) auraient d'ores et déjà rallié le mouvement militant "StandUp4Brexit" qui s'y oppose.
Theresa May ne disposant que d'une courte majorité de 13 sièges au Parlement, l'hypothèse d'un rejet de l'accord négocié avec Bruxelles, synonyme de Brexit dur et probablement d'élections législatives anticipées, apparaît grandement renforcée.
(avec Reuters et AFP)