En zone euro, les conditions d'octroi des crédits immobiliers commencent (enfin) à s'assouplir, une première depuis 2021

Les conditions d'octroi des prêts immobiliers se sont légèrement assouplies au premier trimestre. Une bonne nouvelle, d'autant que l'inflation est en recul et qu'une baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne est attendue prochainement.
Selon une étude, les banques de la zone euro ont assoupli leurs conditions d'octroi de prêts immobiliers au premier trimestre de cette année.
Selon une étude, les banques de la zone euro ont assoupli leurs conditions d'octroi de prêts immobiliers au premier trimestre de cette année. (Crédits : Ralph Orlowski)

C'est une première depuis 2021. Les banques de la zone euro ont assoupli leurs conditions d'octroi de prêts immobiliers au premier trimestre. De quoi faire souffler un peu le marché du crédit immobilier et laisser espérer une prochaine baisse des taux par la BCE. Les derniers chiffres de l'inflation sont aussi en recul.

« Pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2021, les banques ont rapporté un assouplissement modéré de leurs critères d'octroi de crédits pour l'achat d'un logement », a indiqué la BCE dans un rapport publié ce mardi.

Dans le détail, le pourcentage net des banques ayant desserré leurs critères s'élève à 6%, contre 2% qui les avaient resserrés au dernier trimestre 2023, selon cette étude basée sur un questionnaire adressé à 157 établissements. Une meilleure « tolérance au risque des banques a contribué à cet assouplissement » dans l'immobilier, estime la BCE.

Néanmoins, pour les prêts aux entreprises, les conditions d'octroi du crédit ont connu un nouveau durcissement. Ce dernier est toutefois « léger » et beaucoup moins important que ce qui était anticipé par les banques lors du dernier rapport, selon la BCE. Qui plus est, pour le deuxième trimestre, les banques s'attendent à un « resserrement net modéré des conditions de prêts aux entreprises » et à des conditions d'octroi « inchangées pour les prêts aux ménages », aussi bien dans le domaine de l'immobilier que de la consommation.

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Légère baisse en France

En France aussi, le taux moyen des crédits immobiliers, hors frais et assurances, a baissé en février pour la première fois en deux ans, à 4,11%, selon des données publiées la veille par la Banque de France. Pour la première fois depuis début 2022, le taux d'intérêt moyen, hors frais et assurances, des nouveaux crédits à l'habitat (hors renégociations) est en repli de 6 points de base (4,11% après 4,17%).

Côté gouvernement, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu veut relancer un marché de l'immobilier en chute libre : les ventes ont en effet baissé de 22% en 2023, selon la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Ce but est partagé par la Banque de France, mais ils divergent sur les moyens d'y parvenir.

Le ministre souhaite ainsi relancer les prêts remboursables à l'échéance, qui dissocient le paiement des intérêts et le remboursement du capital, et sont très peu commercialisés aujourd'hui par les établissements bancaires en France. La Banque de France table plutôt sur la stabilisation voire la baisse des prix.

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Vers une baisse des taux en juin ?

En plus de ces signaux et de l'inflation en recul, qui se rapproche même en mars des 2,4%, non loin de l'objectif de la BCE fixé à 2%, les marchés espèrent un allègement de la politique monétaire dans les prochains mois. Il faut dire que les hausses des taux opérées depuis juillet 2022 par l'institution pour juguler l'inflation en zone euro ont considérablement renforcé ces dernières années les conditions du crédit. Le taux sur les dépôts, qui fait référence, campe depuis octobre 2023 à son niveau record de 4%.

Cette politique a notamment mis en difficulté les ménages qui souhaitaient emprunter pour acquérir un logement, mettant sous tension le marché dans de nombreuses villes européennes, et freine l'activité économique des entreprises.

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Le conseil des gouverneurs de la BCE devrait baliser le terrain jeudi lors de sa réunion de politique monétaire, mais ne devrait pas encore toucher aux taux. En effet, l'institution monétaire veut s'assurer que l'inflation est en bonne voie pour revenir à l'objectif de 2% avant de commencer à desserrer l'étau monétaire. Une perspective qu'elle laisse planer pour juin, selon les déclarations concordantes de plusieurs ténors de la banque.

Le président de la Banque fédérale d'Allemagne a ainsi estimé courant mars qu'une première baisse des taux en zone euro est probable en juin, mais sans automatisme pour la suite, faisant écho aux propos de la présidente de la BCE Christine Lagarde. Cette dernière avait déclaré le mois dernier que les gardiens de l'euro n'étaient « pas suffisamment confiants » pour envisager de lâcher du lest.

(Avec AFP)

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