Emmanuel Macron veut relancer le chantier périlleux de l'union des marchés de capitaux

Lors de la conférence annuelle d'Euronext, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé le souhait de la France de relancer le projet européen d'union des capitaux, un vieux serpent de mer, et a annoncé plusieurs initiatives pour améliorer le financement de marché des ETI (entreprises de taille intermédiaires) et des PME (petites et moyennes entreprises).
L'Europe n'arrive pas à trouver un consensus pour avancer sur le projet de marché unique des capitaux.
L'Europe n'arrive pas à trouver un consensus pour avancer sur le projet de marché unique des capitaux. (Crédits : Reuters)

La France persiste et signe : elle souhaite relancer le projet de l'union des marchés de capitaux (UMC), le vieux serpent de mer oublié lors de la construction de l'euro et de l'union bancaire. Le président français Emmanuel Macron a ainsi remis l'ouvrage sur le métier lors d'un message vidéo diffusé ce mardi lors de la conférence annuelle de l'opérateur boursier paneuropéen Euronext.

« Il est urgent de réaliser des avancées concrètes vers une union des marchés de capitaux au niveau européen », a lancé le président, qui estime que ce sujet « devrait être une priorité pour la prochaine mandature » de la Commission européenne. La France, a-t-il dit, souhaite « discuter avec nos partenaires de produits d'épargne harmonisés au niveau européen pour financer nos entreprises en fonds propres » et « progresser vers une supervision unique » des infrastructures de marché. Autant de sujets qui sont loin d'être consensuels au sein des États Membres.

Nombreux obstacles

La diversité des régimes fiscaux de l'épargne, la volonté politique (et des acteurs) de conserver des autorités et des réglementations nationales, mais aussi l'absence d'investisseurs pan-européens de long terme (en clair des fonds de pension européens), sont autant d'obstacles à la création d'un marché unique des capitaux. Du coup, les meilleures volontés des uns s'épuisent sur l'inertie des autres. Ce qui n'empêche pas l'idée de resurgir à la veille d'élections européennes. Déjà en 2019 la France avait tenté de relancer une meilleure harmonisation des réglementations financières européennes. Sans grand résultat.

Les immenses besoins en capitaux des entreprises pour financer la transition énergétique pourraient cependant changer la donne. L'équation est simple : les besoins additionnels d'investissement public et privé en France sont estimés à 66 milliards d'euros par an d'ici 2030 en France, selon le rapport Pisani/Ferry/Mahfouz et la Commission européenne a estimé à 620 milliards d'euros par an (soit 4% du PIB) les investissements nécessaires au niveau de l'Europe.

Lire aussi« Mettre en place l'indispensable transition énergétique coûte très cher » (Jean-Laurent Bonnafé, BNP Paribas)

Des montants astronomiques que ni la puissance publique, ni les banques ne peuvent financer à elles-seules. Rappelons qu'en Europe, 80% des besoins de financement des entreprises sont assurés par des crédits bancaires (qui restent en très grande majorité au bilan des banques) et 20% par les marchés. Aux Etats-Unis, c'est exactement l'inverse.

Mobiliser la Caisse des dépôts

D'où la nécessité de relancer un grand marché financier unique capable d'attirer l'épargne européenne et d'absorber cet immense besoin de financement des entreprises.

C'est dans cet esprit que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a lancé en début d'année une mission de réflexion sur ce projet européen, confiée à Christian Noyer, gouverneur honoraire de la Banque de France. Parallèlement, une proposition de loi présentée par le député Renaissance, Alexandre Holrovd, sur l'attractivité de la place financière de Paris, commence à déblayer également un peu le terrain.

Fléchage de l'épargne

En attendant, le président a présenté de nouvelles initiatives pour « faciliter le financement de marché » des entreprises françaises, en particulier les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaires). Emmanuel Macron envisage de mobiliser la Caisse des dépôts (CDC) via un programme d'investissement de 500 millions d'euros, avec des fonds d'investissement présents dans le non coté.

Lire aussiEntreprises : les dépenses énergétiques des PME et TPE ont bondi de 73% en trois ans

Le président a également évoqué une « simplification » des critères d'éligibilité aux plans d'épargne en actions de PME ou une meilleure allocation des ressources des plans d'épargne retraite (PER) vers les PME ou les ETI. La loi industrie verte prévoyait déjà « une mesure d'orientation » de cette épargne vers les entreprises, mais « une partie de ce fléchage sera consacrée aux entreprises cotées », a indiqué Emmanuel Macron.

D'autres mesures de simplification administrative, notamment pour faciliter les entrées en Bourse, s'ajouteront à ce dispositif et la proposition de loi sur l'attractivité de la place de Paris prévoit de favoriser le développement des actions à droits de vote multiples, «une avancée très attendue, en particulier, par nos start-up», selon le président.

(avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 20/03/2024 à 10:56
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@ ludwig Votre opinion contredit les faits. La politique française soutient les entreprises françaises bien plus que la politique allemande ne soutient les entreprises allemandes. Je me souviens de l'affaire Aventis. La société est née en 1999 de l...

à écrit le 20/03/2024 à 9:47
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Bonjour, bon ils faut dire que Mr Macron n'a rien fait au niveau de l'Europe.. alors s'ils pouvaient faire passer un accord pour ses amis capitalisme, ils auraient sa récompense... Après tous ils a déjà voler deux année de retraite au français qui t...

à écrit le 20/03/2024 à 8:57
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Il veut s'attaquer a ce qu'il est pas possible de faire pour simplement accuser les autres et trouver une excuse face à ses spectateurs ! Du coup, on ne peut pas dire qu'il est fait grand chose que l'on puisse être fier ! ;-)

à écrit le 20/03/2024 à 8:56
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Vous trouvez pas qu'il parle beaucoup surtout notre président en ce moment ? Et personne ne l'écoute mais heureusement que vous êtes là pour reprendre ses propos incohérents, il se parle à lui même et ils font ce qu'ils veulent là haut au final, s'il...

à écrit le 19/03/2024 à 20:38
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Comme toujours sous le régime MacRon, le pognon est la langue commune aux européistes...

à écrit le 19/03/2024 à 17:22
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Sûr que des Pays comme les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et l' Allemagne vont céder à ce " détournement d' argent " pro-français !

à écrit le 19/03/2024 à 13:03
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Emmanuel Macron veut tellement de chose . Vendu comme le meilleur des meilleurs comme l'élite de notre temps il n'est qu'un pauvre valet des puissants et un incompétent sans envergure et sans idée. Il est le présidant qui aura trahis son peuple, sa...

le 19/03/2024 à 15:01
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Ce n'est pas un problème d'incompétence. C'est juste l'application méthodique et progressive d'un programme qui lui est dicté par ses maitres. Il est en mission commandée et nous avons été manipulés en 2017 pour l'installer à ce poste un gamin de 38 ...

à écrit le 19/03/2024 à 12:53
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une cata comparons la france et l'allemagne pays ou les politique protege les entreprises ou les grosses entreprises sont solidaire des petites en france nos dirigeants deteste les entreprises eux ne percoivent que les fonctionnaires en plus de t...

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