Face au protectionnisme américain, l'Allemagne prône le « dialogue » plutôt que des mesures de rétorsion

Berlin insiste sur la nécessité de maintenir le dialogue avec les Etats-Unis et d'éviter une « logique de guerre commerciale » alors que Joe Biden a débloqué 400 milliards de subventions et d'investissements industriels en faveur du « made in America ». En pleine visite d'Emmanuel Macron à Washington, l'Allemagne se démarque de Paris qui pousse pour des mesures de rétorsion et un « protectionnisme intelligent » au niveau européen.
Les ministres allemand et français de l'Economie, Robert Habeck et Bruno Le Maire.
Les ministres allemand et français de l'Economie, Robert Habeck et Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Le plan anti-inflation IRA de Joe Biden - et ses 400 milliards de subventions à l'industrie américaine - creuse le fossé entre Allemands et Français. L'Allemagne prône une « solution de dialogue » avec les États-Unis, rappelle une source diplomatique à Berlin.

« Tout d'abord, il nous faut explorer la possibilité d'une solution de dialogue avec les États-Unis », selon cette source diplomatique. « Nous n'avons aucun intérêt à entrer dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Car cela aurait des conséquences extrêmement négatives pour l'Union européenne comme pour les États-Unis, particulièrement en ces temps de crise », insiste-t-elle.

Berlin craint les tensions commerciales

Comme avec la Chine où elle est exportatrice nette, l'Allemagne veut à tout prix éviter de vives tensions entre l'UE et les Etats-Unis et la mise en place de barrières commerciales à l'entrée du marché américain pour ses exportations.

Berlin, première économie et premier exportateur de l'UE, se démarque de la France, qui s'alarme ouvertement des centaines de milliards d'euros de subventions débloquées par l'IRA pour relocaliser des industries d'avenir sur le sol américain notamment dans l'automobile électrique, les énergies renouvelables et les batteries. Elisabeth Borne et Bruno Le Maire ont publiquement dénoncé dans les médias les conséquences néfastes de ce plan qui contrevient au principe de non-discrimination des produits étrangers imposé par l'OMC.

10 milliards d'euros d'investissements et 10.000 emplois concernés en France

Leurs craintes portent sur l'avenir immédiat de l'industrie européenne confrontée à un risque de distorsion de la concurrence, et à un exode potentiel des capitaux industriels vers les Etats-Unis en raison de ces aides massives en plus d'un coût de l'énergie bien plus abordable.

L'Elysée et Matignon, qui y voient une perte potentielle directe de 10 milliards d'euros d'investissements et de 10.000 emplois industriels pour la France, veulent une réaction rapide au niveau européen. Acquis à l'idée d'opposer une réponse concrète à Washington, les dirigeants français veulent « en finir avec la naïveté européenne ».

Fin octobre, Emmanuel Macron s'est dit favorable à un « Buy European Act », en référence au « Buy American Act » en vigueur aux Etats-Unis depuis 1933. Déjà évoqué sous Nicolas Sarkozy, ce projet de loi voudrait graver dans le droit la préférence accordée aux entreprises et aux produits européens dans les marchés publics, voire un soutien aux industries installées dans le marché commun. Mais une telle loi aurait peu de chances d'être adoptée, tant elle contrevient aux règles commerciales de l'UE calquée sur celles de l'OMC.

Paris veut un « protectionnisme intelligent »

Les responsables tricolores poussent donc l'idée d'un « protectionnisme intelligent ». Cela comprendrait la création de subventions pour les industriels européens et des barrières non-tarifaires avec des normes écologiques plus exigeantes pour fermer le marché européen à certains produits. Une manière de s'opposer à l'IRA et d'arracher des concessions à Washington.

En visite d'Etat à Washington ce mercredi, Emmanuel Macron compte obtenir des exemptions de la part de Joe Biden sur certaines mesures de l'IRA qui défavorisent des pans industriels de l'Europe.

Mais la Maison Blanche ne semble pas disposée à accorder de dérogations à la France. S'il brandit la menace de mesures de rétorsion dans ses négociations avec Joe Biden, le Président français ne pourra en tout cas pas se prévaloir du soutien de Berlin.

(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/12/2022 à 6:42
Signaler
Le ministre des affaires étrangères allemand a pour ambassadeur les directeurs commerciaux de Volkswagen et Mercedes. Il serait possible de faire payer le prix fort à l’Allemagne pour ces actions. On prend la liste des 27, qui est importateur net de ...

à écrit le 01/12/2022 à 2:25
Signaler
Tout à fait normal que EDF payé 600.000 euros d amendettement pour faute sur données perondelles. La data est celle des clientsites dedans. déjà c'est la bannière pour savours quel consommatin reél on a en France et combien cela coûte réellement. ma...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.