Grâce à la crise, l'UE accélère son intégration (géo) politique

LA CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. Dans son discours sur l'état de l'Union, Ursula von der Leyen propose une meilleure coordination entre Etats-membres en matière de défense, de sécurité, de santé, de politique d'immigration, de politique industrielle... Le but est non seulement d'avoir une stratégie économique mais aussi et surtout une stratégie géopolitique pour affirmer la souveraineté européenne face à la Chine et aux Etats-Unis.
Robert Jules
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les députés européens.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les députés européens. (Crédits : Reuters)

Le discours sur l'état de l'Union prononcé mercredi 15 septembre à Strasbourg par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les députés européens n'a pas fait grand bruit en France. Pourtant, il donne des indications claires sur les futures orientations de l'UE.

Comme ce fut déjà le cas pour la crise financière de 2008 et la crise de la dette européenne de 2010, la crise sanitaire de 2020 pousse l'institution européenne à se doter de nouveaux moyens pour coordonner les politiques de ses Etats-membres et favoriser une meilleure intégration. Mais, cette fois-ci, elle prend une dimension qui n'est pas seulement financière et économique mais surtout géopolitique.

Affirmer sa souveraineté

Longtemps critiquée pour son approche uniquement libérale, l'Union européenne a réalisé que si elle voulait jouer un rôle sur la scène internationale face aux Etats-Unis et à la Chine, elle devait se doter d'une vision stratégique pour affirmer sa souveraineté.

Aussi, la présidente de la Commission a proposé à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne en 2022, un sommet de la Défense co-organisé avec Paris dans le but d'accélérer une défense commune européenne. L'ancienne ministre de la Défense allemande a suggéré que tout achat d'armements européens bénéficient de la suppression de la TVA si ceux-ci sont achetés dans l'Union.

Cette proposition prend une dimension d'autant plus importante après le volte-face de l'Australie qui, sous la pression des Etats-Unis, a mis fin au partenariat stratégique avec la France dont l'un des volets était l'achat de sous-marins produits par Naval Group. Ce "coup dans le dos", selon le mot du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, est aussi une façon d'écarter la présence européenne via la France  dans cette partie du Pacifique, où Washington rassemble plusieurs pays de la région sous sa direction pour contenir les avancées chinoises.

Et la mise en place d'un défense européenne n'est pas une question de moyens mais de "volonté politique", a rappelé Ursula von der Leyen, qui plaide pour un renforcement des liens avec l'Otan, une lutte commune contre les attaques hybrides et les cyberattaques, ce qui ne peut se faire que par l'échange d'informations entre pays membres, qui reste à ce jour insuffisant. C'est la raison pour laquelle elle préconise la création d'un "centre commun de connaissance" pour coordonner le renseignement.

Un "nouveau pacte sur la migration et l'asile"

Il en est de même pour l'immigration, un sujet qui alimente notamment les discours des leaders populistes, et reste traité largement à l'échelle nationale, pouvant devenir des pommes de discorde entre pays membres. Là aussi, Ursula von der Leyen préconise une démarche commune en proposant un "nouveau pacte sur la migration et l'asile", qui repose sur une gestion européenne des migrations de nature à renforcer la confiance mutuelle entre les membres.

Autre exemple d'une commune volonté d'indépendance industrielle, celui de la constitution d'une filière européenne de semi-conducteurs. Une loi sur ces puces est annoncée. Elle vise à coordonner les investissements des pays membres dans la filière pour maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur. "Il ne s'agit pas seulement de notre compétitivité. L'enjeu est aussi notre souveraineté technologique", a souligné Ursula von der Leyen. L'enjeu n'est plus uniquement commercial mais politique, et forme les prémisses d'une politique industrielle européenne plus structurée. Et aux sceptiques, la présidente rappelle le projet Galileo, qui, malgré les critiques émises à l'époque, est devenu en 20 ans l'un des acteurs majeurs mondiaux dans le lancement de satellites, qui "font fonctionner 2 milliards de smartphones".

Par ailleurs, s'il y a bien un point faible que la crise du Covid-19 a mis à jour, c'est la santé. Tirant les leçons dès les premières réactions en ordre dispersé des pays de l'Union au début de la propagation du virus, Ursula von der Leyen défend la création d'une nouvelle Autorité européenne de préparation et d'intervention en cas d'urgence sanitaire (HERA), institution qui préfigure une Europe de la santé, qui sera dotée de 50 milliards d'euros. Un bon investissement si elle permet d'éviter les conséquences économiques d'une pandémie mondiale que nous avons pu vivre en direct et d'une dépendance à d'autres pays, dont la Chine au premier rang.

70% des adultes vaccinés dans l'UE

A  l'exemple de la coordination de la politique de vaccination qui, après des débuts poussifs, a finalement contribué à accélérer la reprise économique. Aujourd'hui, 70% des adultes sont vaccinés dans l'UE qui a, comme l'a rappelé la présidente, consacré la moitié de ses achats de vaccins - 700 millions de doses - à plus de 130 pays hors de l'Europe parmi les plus fragiles de la planète, notamment en Afrique.

Aussi, l'UE affiche une hausse de 13,8% de son PIB au deuxième trimestre, comparé à la même période de 2020, contre 7,9% pour la Chine et 6,6% pour les Etats-Unis.

L'ensemble de ces initiatives s'inscrivent dans le sillage de l'accord historique l'année dernière sur le plan de relance de 750 milliards d'euros, "NextGenerationEU", qui va permettre d'aider les pays à investir dans des secteurs d'avenir comme le numérique et la transition écologique.

La crise sanitaire est donc bien en train de provoquer au sein de l'UE des mouvements inimaginables encore en 2019, comme l'illustre symboliquement la remise en cause des règles budgétaires fixées dans le Pacte de stabilité - limite du déficit public pour les Etats-membres à 3% du PIB et à 60% pour la dette publique - qui vont faire l'objet d'une réforme d'ici 2023.

 "La Commission va relancer la discussion sur un réexamen de la gouvernance économique dans les prochaines semaines. L'objectif est de bâtir un consensus sur la manière d'avancer bien avant 2023", a averti  Ursula von der Leyen.

Finalement, la crise aura même eu raison de certains dogmes européens.

Robert Jules
Commentaires 11
à écrit le 18/09/2021 à 18:26
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A quoi sert l'UE ? Depuis le temps quelle existe qu'a t-elle produit ?

à écrit le 18/09/2021 à 9:36
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C'est vrai, quand tout le monde est au même niveau de désordre et de "chienlit" c'est qu'il y a intégration!

à écrit le 18/09/2021 à 9:36
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" Dans son discours sur l'état de l'Union, Ursula von der Leyen propose une meilleure coordination entre Etats-membres en matière de défense, de sécurité, de santé, de politique d'immigration, de politique industrielle... " A mourir de rire tandis qu...

le 18/09/2021 à 11:00
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Libre de quoi ? Quand on est pzuvre on n est pas libre .. il n y a qu un riche pour penser cela … pour quel pouvoir économique roulez vous ?….

le 18/09/2021 à 16:17
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"Maintenant encore les grandes âmes trouveront devant eux l’existence libre. Il reste bien des endroits pour ceux qui sont solitaires ou à deux, des endroits où souffle l’odeur des mers silencieuses. Une vie libre reste ouverte aux grandes âmes. E...

à écrit le 18/09/2021 à 8:40
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La grande majorité des États européens s’accommodent très bien d'être le paillasson des États-Unis. Consommateurs de GAFAM et destination touristique, c'est leur seule ambition.

à écrit le 18/09/2021 à 8:22
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L'europe, c'est bla, bla, bla et rien. Sauf des diktacts imposes aux peuples de cet etrange patchwork. En attendant, bon courage a tous. La recession arrive a grands pas. Serrez les ceintures, l'inflation va galoper.

le 18/09/2021 à 11:02
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Vous êtes un expert en économie récession = inflation ? Lol c est exactement e contraire quand il y a récession il y a déflation quand la machine tourne voir trop il y a inflation ( la demande augmentant les prix..) matin calme 0 en économie

le 18/09/2021 à 11:02
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Vous êtes un expert en économie récession = inflation ? Lol c est exactement e contraire quand il y a récession il y a déflation quand la machine tourne voir trop il y a inflation ( la demande augmentant les prix..) matin calme 0 en économie et créd...

à écrit le 18/09/2021 à 7:43
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Toujours plus de milliards pour des compétences nationales, après cela sera du papier toilette qu'ils imprimerons, et encore cela aura encore plus de valeur. Il est intéressant de voir que politiquement il y a des choses à faire quand le moment sera ...

à écrit le 17/09/2021 à 18:54
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avant, ya avait giscard d'estaing, kohl, delors.........maintenant y a ca........... tout est dit sur la trajectoire que ca prend..........quittez la france avant que ca saute, car y a des pays ou ca va faire plus mal que d'autres

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